Sortir dans la rue, revendiquer sur Twitter, Facebook… et négliger d’aller voter

J’ai été sidérée en voyant, ce matin, quel a été le taux de participation à l’élection complémentaire qui s’est tenue hier, dans deux circonscriptions : 42,36% dans Argenteuil, ce n’est déjà pas brillant; mais 25,56% dans Lafontaine, c’est sidérant.  Et par ailleurs, on a des gens qui bloquent des rues  et s’épanchent sur les médias sociaux en se réclamant de Ghandi et de Martin Luther King.

DGE - Publicité

Publicité du Directeur général des élections en 2009: "Ne faites pas une croix sur votre opinion": c'est pourtant exactement ce que prônent bien des "leaders d'opinion"...

J’avais déjà parlé de cette propension, qui est pratiquement devenue « mainstream » dans bien des pays d’Occident, chez bien des gens qui se réclament d’une idéologie progressiste et « de gauche », à lever le nez sur tout ce qui ressemble à une institution. Le discours, à la base : il n’y a rien de bon; il n’y a aucun parti qui offre une solution satisfaisante; il faut autre chose pour mener à de vrais changements; etc. Le Québec est loin d’être le seul endroit dans ce genre. En France, le faible taux de participation aux législatives de cette semaine est aussi un sujet de préoccupation. Et, avant les présidentielles, ce message anti-abstention circulait en France.

Le discours abstentionniste court aussi au Québec parmi une certaine intelligentsia.  Et non seulement on présente l’abstention comme une option à défendre parmi d’autres, mais en plus, cela devient l’attitude « cool » à avoir. Et dénoncer cela, inciter les gens à aller voter, c’est, par contre, se montrer un peu boy-scout. Rappeler qu’il y a encore des endroits dans le monde où des gens meurent en revendiquant la démocratie, c’est s’exposer à se faire regarder un peu comme nos mères qui nous incitaient à vider nos assiettes en pensant aux petits Éthiopiens (ou Haïtiens, ou Biafrais, ou Chinois, etc.) qui n’avaient rien à manger. Je n’invente pas : j’ai réellement lu des propos semblables dans des journaux, et entendu la même chose à la radio, de la part de chroniqueurs/euses qui se positionnent comme « de gauche »  et progressistes. Et ajoutons à cela les membres d’une certaine mouvance « 2.0 », selon lesquels une sorte de « démocratie directe » sur le web devrait venir remplacer le reste.

Je termine en citant le statut d’une connaissance (pourtant assez « 2.0 » elle-même) sur Facebook ce matin : « Non, non, chéri. Le faible taux de participation, c’est pas de la faute de Jean Charest. Ni d’Amir. Ni même de Toni Tomassi. C’est de TA faute si tu sors pas ton gros derrière lymphatique de ton divan pour aller voter. Uniquement la tienne. Eh oui. Plate de même. »

  1. Je n’ai pas voté aux deux dernières élections provinciales et féderales. Je passe par-dessus le municipal et les commissions scolaires…

    Et je n’irai pas voter aux prochaines élections non plus. Pourquoi ?

    Parce les élus font ce qu’ils veulent une fois au pouvoir. Parce que « toute la machine démocratique » est fausse.

    La première fois que j’ai voté, le Canada et le Québec, avaient zéro dette. Nous ne devions rien à personne et venions de sortir de la révolution tranquille et découvrions notre liberté, sexuelle entre autres…

    43 ans plus tard, tous partis politiques confondus, le Canada doit 550 milliards, le Québec 250 milliards, un total de plus de 800 milliards de $.

    Oui 800 000 millions de dollars de dettes… sans compter celles de nos sociétés d’état et de nos institutions dont on ne connaît pas la taille de leur dette combinée.

    Et je n’ai rien de plus. Il neige comme avant et j’attends mon tour partout: hôpital, pont Champlain, impôts, etc…

    Et vous voulez que je mette ma confiance dans les mains de politiciens qui ne contrôlent ni l’état, ni la mafia ?

    J’aime mieux aller prendre une marche au bord de la mer en Gaspésie les jours de vote.

    Et je m’abstiens de commenter et de juger nos élus modernes. Je laisse ça aux autres. De mon côté, mon opinion est faite.

    Je vous souhaite de trouver une certaine satisfaction dans l’acte de voter.

    Pierre

  2. L’article est tellement représentatif avec mon sentiment . Je me suis levé ce matin en me disant que les gens aiment juste gueuler et que finalement se faire avoir à répétition ne les dérangeait plus.
    Ranger les casseroles et grouiller vous bande de con, ça passe par le vote.
    @Pierre Longpre, vous avez décroché, très bien, c’est votre droit. Votre liberté de choix, vous la devez à ceux qui préservent la démocratie et qui vont voter. Le party des années soixante est bel et bien terminé, aux votes citoyens!

  3. Véronique Vallée

    Merci Mme Ducas pour votre billet. J’ai le sentiment que ceux et celles qui font le choix de ne pas voter, qui s’opposent aux institutions et qui revendiquent LE changement n’ont peut-être pas une très bonne connaissance des systèmes de gouvernance dans le monde et ce que le nôtre peut représenter.

    Certes, notre système parlementaire britannique n’est pas parfait mais je crois qu’il nous offre les mécanismes pour créer le changement de manière respectueuse. Selon moi, frapper sur des casseroles et se plaindre dans les médias sociaux se n’est pas exercer son pouvoir politique mais uniquement celui de la libre expression.

    À quand des cours de politique au secondaire ?

  4. Je suis heureux quand j’entend ce petit mot,la democratie mais est ce qu’on peut aller au de la pour mesurer le progres social dont qui est la clef et la seule moyen d’aider un peuple sur la route du changement?a dire vrais ,le maxisme.

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