Cannes : David Ogilvy est partout

C'est la photo de David Ogilvy qui figure en grand au-dessus des célèbres marches du Palais des Festivals, à Cannes

À ces Lions de Cannes où il est devenu évident que la communication ne sera plus jamais la même, que l’explosion des réseaux sociaux et de la mobilité sont en train de tout bouleverser à un point qu’on n’imaginait même pas encore l’an dernier, l’influenceur qui a été le plus cité aujourd’hui est né il y a 100 ans. Depuis ce matin, c’est une immense photo de David Ogilvy, fondateur de l’agence Ogilvy & Mather, qui domine les célèbres marches du Palais des Festival. Le tapis rouge des marches est d’ailleurs joint par un autre tapis rouge de 1,2 km de long, qui longe la promenade de bord de mer, partant de l’hôtel Martinez jusqu’au Palais. Une inscription sur le tapis fait d’ailleurs référence à l’initiative virale lancée par l’agence, qui invite les gens à changer leur avatar pour le rouge, et à « twitter » ce que David Ogilvy leur a inspiré. Et ce soir, la Croisette sera illuminée en rouge, qui était la couleur emblématique – et favorite – de David Ogilvy.

Encore en fin d’après-midi, Miles Nadal, président de MDC & Partners, compagnie-mère de l’agence  Crispin Porter & Bogusky, a ouvert l’avant-dernier panel de la journée en saluant celui qui demeure « une des figures emblématiques de la publicité d’aujourd’hui », soulevant sans problème une salve d’applaudissements. Il faut dire que son agence, Ogilvy & Mather, qui demeure un des réseau dominants sur la scène mondiale aujourd’hui, a fait les choses en grand pour que le centenaire ne passe pas inaperçu. En plus de l’immense affiche et du tapis rouge, de pleines pages de publicité s’étalent au début et à la fin  Lions Daily, le journal officiel du Festival, qui contient par ailleurs un reportage de plusieurs pages sur l’histoire de David Ogilvy, son héritage et des témoignages de ceux qui l’ont connu. Et le séminaire du milieu d’après-midi, commandité par Ogilvy & Mather, lui était évidemment dédié. Donné par Sir Ken Robinson, auteur, conférencier, et penseur consulté en hauts lieux sur des questions liées à l’éduction et à la créativité, c’était d’ailleurs, de l’avis de tous, un des séminaires les plus inspirants de tout le festival.

Un tapis rouge de 1,2 km longe la Méditérannée, de l'hôtel Martinez jusqu'au Palais des Festivals

À la lueur des changements incroyables que l’on vit aujourd’hui, on voit donc ceux qui résistent vraiment au test du temps. Et David Ogilvy était un précurseur, qui demeure toujours une référence et une inspiration aujourd’hui. Gestionnaire instinctif, il n’en a pas moins été un des rares à édicter une mission claire pour son entreprise, à laquelle tout le monde dans l’agence est encore exposé aujourd’hui. Sorte de dandy des temps modernes, qui soignait son apparence et, encore plus son discours, il avait clairement compris l’importance de ce qu’on allait appeler beaucoup plus tard le « personal branding ». À ses débuts, avec des clients disposant de peu de moyens, il a compris comment maximiser l’impact des publicités en tirant parti du bouche-à-oreille, faisant du marketing viral avant la lettre : dans la fameuse campagne « The man in the Hathaway shirt », il s’est rendu compte que le fait de faire porter  au comédien une « patch » sur l’oeil avait généré une sorte de «buzz » (Qui est-il? Comment a-t-il perdu un œil? L’histoire ne le dit pas: tout le monde peut supposer ce qu’il veut.)

Et puis, en dépit de son élégance très British héritée de ses origines écossaises et de son éducation dans les collèges anglais, il a connu un début de carrière hautement improbable, surtout pour l’époque : quand il a finalement co-fondé son agence, à 38 ans, il était un  « drop-out » avant la lettre, qui avait entre autres été apprenti-cuisinier au Majestic à Paris, vendeur de porte-à-porte pour les poêles Aga, et fermier chez les Amish. « Personne ne m’aurait engagé pour quoi que ce soit en lisant mon curriculum vitae », a-t-il déjà dit.

Ce qui donne tout son sens à une des phrases de Sir Ken Robinson aujourd’hui, qui figure parmi les plus re-twittées de la journée : « Luck is about what you make of what happens to you. It’s about attitude. »

Pour en savoir un peu plus sur David Ogilvy, vous pouvez aussi aller lire cet article paru aujourd’hui sur Le Boulevardier, et aussi ce florilège de citations que j’avais publié auparavant.

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