Bon week-end, et abusez pas de la night, ça serait pas nice

Pour clore sur une note un peu plus légère cette semaine où le monde de la pub a été quelque peu mis en émoi, je me permets de revenir sur cette récente chronique de Marie-France Bazzo, au 98,5 fm, lors de l’émission du matin… pardon, pendant « le morning ». 

Ce ne sera pas la première fois qu’on se sera moqué de la propension des Français à abuser des anglicismes, mais, apparemment, c’est loin de s’améliorer, et ça semble atteindre des proportions franchement ridicules. En fait, c’est sans doute un mal qui atteint particulièrement Paris plutôt que l’ensemble de la France… avec une tendance marquée pour les milieux branchés… pardon, hype, que sont les médias et la publicité.

Quelques exemples: on fréquente « la night », et on va à un « birthday party » (à prononcer, à la parisienne, « birzzzé partie »). La vie nocturne et les fêtes d’anniversaire, ça fait probablement trop old fashioned..

Enfin, tout cela pour rappeler que même si, ici, nous sommes loin d’être à l’abri des anglicismes et notamment des calques, nous avons moins que jamais, de complexes à avoir de ce côté. En fait, on voit, mieux que jamais, émerger un aspect très intéressant à notre rôle de francophones d’Amérique du Nord. Alors que, se sentant forts de leur histoire et de leur héritage, les Français se soûlent d’anglicismes à la première occasion, nous, aguerris par des siècles de résistance sans doute, avons pris l’habitude de livrer une lutte farouche à l’invasion de l’anglais; ce n’est qu’en dernière extrémité que nous baissons les bras, pour nous résoudre, parfois, à emprunter à l’anglais. Cette fougue a parfois, par le passé, donné lieu à quelques excès de zèle, dont on s’est depuis abondamment moqué… Mais  je ne pense pas que personne songe, désormais, à ramener la mode des « gaminets »…

Mais pour les reste, pensez-y lors de vos prochains voyages en France (quand vous ne craindrez plus la récession). Ou, peut-être, quand vous irez à Cannes (surtout que vous y serez sans doute moins nombreux cette année) : les remarques pseudo-cutes sur notre accent et nos expressions « si typiques », commencent à moins avoir leur place. Et nous aurons peut-être de quoi conseiller nos amis français, le jour où ils se rendront compte que la mondialisation les rattrape, côté langue comme ailleurs.

Et en tout cas, pour ma part, je continue, et continuerai, à répondre par des « courriels » à tous les « méles » (tel qu’on traduit le terme « mails » là-bas) que je reçois.

Et bon week-end de la fête de Dollard/de la Reine/des Patriotes à tout le monde.

  1. Bonjour,
    un billet qui me fait réagir parce que je suis française et que j’habite à Montréal.
    Je trouve ça vraiment drôle, car ici on critique souvent l’accent des français qui parlent anglais.
    Je me demande si les Québécois, quand ils parlent une langue étrangère comme l’espagnol par exemple, le parlent avec un accent.
    Et bien oui !!
    Pour les français, parler anglais et introduire des mots anglais (pour faire « In », c’est vrai) ça reste, comme introduire des mots espagnols ou italiens, et la prononciation se fera comme ils lisent le mot, donc « à la française », la plupart du temps.
    Pour des Québécois, même si l’anglais n’est pas leur langue maternelle, ce n’est pas une langue aussi étrangère que l’espagnol ou le russe. C’est également parce que l’anglais est très présent ici, à Montréal en tout cas, que la prononciation des mots anglais est correcte.
    En France, l’anglais tout comme le portugais, le chinois ou le japonais, etc. sont des langues étrangères. Ici, ne parle-t-on pas de langue seconde ?

    Une autre chose, si l’on dit à un français qu’il utilise bêtement un mot anglais alors que le français lui offre d’autres possibilités lexicales tout aussi riches, il comprendra.
    Mettre le doigt sur un calque qu’un québécois utilise (sans le savoir), c’est un affront… Le calque est, je pense, d’autant plus dangereux car il est inconscient. Dire « la night » ou « le birthday », c’est crétin, je l’accorde, mais c’est au moins détectable comme un mot anglais.
    J’espère que ce commentaire ne va pas être lu comme la réaction d’une française arrogante qui croit mieux parler qu’un autre, c’est juste mon sentiment et ce que j’observe.

  2. Il serait d’ailleurs intéressant de travailler sur un dictionnaire à l’usage d’un voyageur en transit à Paris. Un dictionnaire où l’on retrouverait des expressions comme « c’est trop undergraouund pour toi » ou « j’aime tes shoes, elles sont trop fresh » (à prononcer frèèèches), « ton smart (cellulaire intelligent) est vraiment trop killer »…

  3. J’écoute très souvent la radio venant de France et je n’entends pas souvent des termes anglais dans les conversations. Ah oui, j’écoute France Culture.

  4. Ce phénomène est relativement nouveau (quelques années seulement) et tient plus selon moi de la mode que d’une modification durable au vocabulaire de nos gentils cousins. Bien que ce soit risible, je n’y vois pas de danger pour le français de la mère patrie. Par contre, j’abonde dans le sens de Mme Alaume (voir commentaire ci-dessus): l’usage de calques de l’anglais que nous commettons ici est beaucoup plus pernicieux (et moins « cute ») que l’usage conscient de termes anglais (et étrangers). Là où je ne suis pas d’accord avec elle, c’est dans sa généralisation de la réaction des québécois lorsqu’on les reprend. Pour ma part (et celle de bien de mes connaissances) je remercie la personne en question de son apport à l’amélioration de mon français (tout en vérifiant après si elle a raison, je suis fait comme ça :-) ).
    Pour ce qui est des accents, il y a longtemps que j’ai fait la trêve avec mes copains, qu’ils soient latinos, anglophones ou français : personne n’a d’accent. Comme le disait Sylvain Lelièvre : « On est toujours un peu l’Iroquois de quelqu’un, que l’on soit Québécois, Breton, Nègre ou Cajun… »
    Bon patriotisme à tous, peut importe votre patrie !

  5. @ JF Beaulieu: …le mot affront était un peu fort, vous avez tout à fait raison.
    Reste qu’avec certaines personnes, le sujet demeure sensible; c’est la raison pour laquelle je ne « corrige » personne (alors qu’en France je ne me gêne pas, généralement, sur les accords avec le participe passé… allez savoir pourquoi !).
    Tout à fait d’accord avec vous pour les « accents »: que celui qui n’en a pas jette la première pierre… :-)

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