Bixi et cie: le grand perdant… c'est la pub !

Ouf ! C’est un euphémisme de dire que la blogoshère s’est enflammée, suite à la chronique de Patrick Lagacé dans La Presse, sur le faux blogue lancé autour du vélo Bixi.

Parmi les premiers à réagir, il y a eu Michelle Blanc , et Normand Miron, Pizza4all; le débat – très intéressant et passionné – se poursuit probablement sur leurs blogues au moment où j’écris ces lignes. Et, oui, il y en a sûrement d’autres qui sont  dignes d’attention, n’hésitez pas à me les signaler. Un avis très intéressant sur le sujet, relayé sur Facebook par Mitch Joel (merci!), est un billet du journaliste et blogueur montréalais Fagstein, (le titre vous donne une idée): Why do marketing companies hate themselves? 

Par ailleurs, Michelle Blanc s’est retrouvée en entrevue avec Isabelle Maréchal sur les ondes du 98,5 FM à ce sujet. Et faudra voir les nouvelles de début et de fin de soirée, alors qu’on lançait justement aujourd’hui le Bixi

Et donc, quand la poussière retombera, et qu’on aura abondamment fait l’analyse de divers facteurs comme le SEO (search engine optimization) ou les résultats sur Twitscoop, que restera-t-il, dans l’esprit de la plupart des gens ? Le fait qu’on ait employé des moyens discutables pour faire de la publicité. Parce qu’au bout du compte, c’est de cela qu’il s’agit: côté éthique, c’est l’équivalent d’un publireportage « retenu et payé » par un annonceur, que l’on aurait déguisé en reportage objectif ou en témoignage spontané.

C’est une tache de plus à l’image de la publicité, déjà vue par bien des gens, au mieux comme un mal nécessaire, et, au pire, comme une industrie où on ne recule devant rien pour manipuler le public. (Oui, je sais, si vous travaillez dans le domaine, ça vous hérisse, mais c’est quand même ça. J’ajouterai que c’est justement le genre de perception qui risque en particuler d’avoir cours chez un public qui se décrit lui-même comme « écolo », « intello », « de gauche », etc. Justement le public-cible d’un truc comme Bixi…).

Ce que la plupart des gens retiendront, c’est « maintenant qu’elle ne peut plus manipuler les médias conventionnels de façon évidente, la pub s’en va vers des endroits où elle espère le faire en toute impunité. »

Mais, justement, et cela devient évident, une fois de plus, on ne peut PAS faire de telles choses en toute impunité… Contentons-nous seulement de rappeler qu’il y a déjà près de 3 ans que diverses initiatives notoires, dont celle  l’initiative du faux blogue de Walmart mis sur pied par la firme Edelman, s’étaient retournées contre leurs initiateurs.

Donc, pour résumer: une autre tache (OK, on s’entend, rien de mortel ni d’irréparable, mais une tache quand même ) à l’image des publicitaires. Alors que, et beaucoup d’autres l’ont fort bien souligné et expliqué avant moi, il aurait été tellement simple de générer du « vrai » contenu avec un produit qui bénéficiait, au départ, d’un tel capital de sympathie ? Quant à Bixi… les dégâts seront probablement limités. Il reste quand même que c’est dommage de voir un produit associé au départ à des concepts comme « durable », « écolo », « progressiste », etc., se retrouver ainsi associé à des façons de faire qui vont justement à l’encontre de cet esprit.

  1. Comme quoi c’est pas parce qu’on est écolo qu’on n’est pas bio dégradable ;-)

  2. Une autre tache effectivement sur l’image déjà bien affectée des publicitaires, mais pas seulement…

    Aussi un obstacle de plus qui se dresse devant pour les professionnels marcom et les agences sérieuses qui tentent à force d’éducation de convaincre leurs clients du bien-fondé d’adapter leurs communications au 2.0 et aux médias sociaux.

    Dommage et frustrant.

    Peut-être également un effet pervers de la mode 2.0
    Ce que j’appelle la « dictature des médias sociaux » dans mon dernier billet:
    http://www.dimocratie.com/2009/05/bixi-ou-la-dictature-des-medias-sociaux.html

  3. Ho les moteurs!

    Non, mais ça commence à faire les montées de lait !
    Vous vous insurgez parce que les personnages du blogue d’André Morrow n’existent pas ? Mais c’est de la pub monsieur le chroniqueur ! Et le rôle de la publicité c’est de changer les comportements ou de créer une sympathie envers un produit. Quand la SAAQ nous présente à la télé un policier qui nous donne des statistiques sur les excès de vitesse, ce monsieur policier est peut-être un acteur. Tout le monde le sait, mais quand c’est bien fait, on croit que c’est un policier. Et quand, dans la même page où vous écrivez, Desjardins nous présente une mère avec sa fille, il y a toutes les chances que ce soit deux comédiennes qui ne se connaissent même pas qui ont posé pour le photographe. Et on y croit.

    Si les gens ont cru à de vrais personnages dans le cas du blogue et de l’engouement qui a suivi, c’est que c’était bien fait. Les publicitaires ont créé un bruit autour d’un produit et l’affaire est lancée. Le Bixi est un bon produit et on en parle. Aurait-il fallu une mise en garde affirmant que ces personnages étaient une vue de l’esprit ? Dans les infopubs quand on voit des spectateurs étonnés devant les prouesses de Tony le chef et ses couteaux magiques, on embarque dans le jeu… et on achète les couteaux sans se demander si ce sont là des figurants payés pour s’exclamer. Dans le cas de Morrow on n’a quand même pas incité à la pédophilie ni à la révolution armée à ce que je sache!

    C’est là le rôle des publicitaires : bien faire paraître les produits annoncés avec des histoires et des idées. Et rassurez-vous sur l’intelligence des consommateurs qui ne sont pas cons : Une pub maladroite pourra faire vendre un bon produit mais une bonne pub ne vendra jamais un mauvais produit. Bien évidemment certains se font prendre en achetant de la pacotille, mais la nouvelle court vite et ces mauvais produits ne tiennent pas le coup longtemps.

    Y a des blogueurs qui sont frustrés dans cette affaire parce qu’ils ont conversé avec du vent, avec des personnes qui n’existent pas? La belle affaire! Mais on fait ça tous les jours parler avec des voix artificielles au bout du fil! Et avec Internet on n’en est qu’au début de la fine ligne entre le vrai et le faux.

    Non, il n’y a pas de dommages causés cette fausse histoire de Bixi et chapeau aux publicitaires qui ont rendu l’affaire intéressante. Et laissez nous faire notre métier de faire rire, d’étonner ou de faire pleurer les gens tout en les renseignant. Avec des histoires inventées ou pas.

    Roger Tremblay,
    Publicitaire pigiste

  4. Blogueurs fictifs – rien de nouveau ici puisque plusieurs enterprises ont des blogueurs professionnels à leur service qui répandent la bonne nouvelle sans divulguer leur subjectivité rémunérée.

    Quand à la polémique entourant la présence des faux blogueurs sur Facebook, acceptons Facebook et les autres médias sociaux pour ce qu’ils sont malheureusement devenus; des outils de marketing où plusieurs se prêtent volontiers au jeu en devenant ambassadeurs de marques tout en partageant les aspects souvent les plus personnels de leur vie comme s’ils s’adressaient à de vrais amis.

    Suivez donc le même conseil que plusieurs parents donnent à leurs enfants; ne faites pas confiance aux étrangers qui disent être vos amis.

  5. Une perspective intéressante d’un blogueur de longue date qui change de celles qu’on a lues sur la blogosphère et sur les réseaux sociaux:

    http://i.never.nu/quelques-questions-dmeme-en-passant/

  6. Je suis un utilisateur des réseaux sociaux et assez présents dans ce que vous appelez la blogosphère. Ces phénomènes malgré qu’ils soient sur ordinateur sont une reproduction virtuelle des véritables réseaux sociaux des individus. Si vous croyez que le web social est un canal supplémentaire et identique à la télé ou la presse, vous vous mettez un doigt dans l’oeil.

    Imaginez si Morrow avait mis au monde une personnalité publique à laquelle le public aurait vu (télé), aurait cru, se serait attaché et y aurait accordé de la crédibilité. Après un an, si on découvrait que cette personne était fictive. C’était un acteur qui l’aurait incarné. Ça serait un très grand scandale et une fausse représentation.

  7. @Roger Tremblay
    Blog = Contraction de Web Log = Journal personnel en ligne

    Je n’ai rien contre les blogues,encore moins ceux pour affaires, mais ils doivent être clairement identifiés comme tel. Dans vos publicités que vous mentionnés M. Tremblay, c’est carrément évident que pour le tout le monde qu’ils font affaire avec une pub. Et votre policier, son nom et son corps policier sont-ils clairement indiqué ? Non.

    Si vous approuvez alors pourquoi pas me déguiser justement en policier, allez chez vous, discuté une bonne heure sur vos défaillances de sécurité de votre maison et ensuite HOP j’enlève mon costume et vous propose un beau système d’alarme ! Vous trouveriez ça normal ?

  8. Marie-Claude Ducas

    Les points de vue amenés par Nicolas Roberge et Éric Baillargeon ont été plus que validés, depuis, par les réactions dans le public et les médias. Citons seulement en exemple la chronique de Foglia hier dans La Presse ((…) »vous n’êtes pas tannés de laisser le marketing vous manipuler, vous abuser, vous tropmer avec un absence de retenu et de règles, avec un cynisme qui confine au viol »(…) http://tinyurl.com/oqrnue ), et les propos tenus lors de la revue de la semaine à l’émission de Christiane Charette ce matin… Sans compter d’autres, un peu partout, que j’ai probablement manqués: tromper sciemment les gens, ce n’est ni éthique, ni excusable, et, au bout du compte cela nuit à la fois au produit annoncé, à ceux qui élaborent cette stratégie, et à tout ce qui touche la pub et le marketing… sans compter celle des nouveaux médias et des réseaux sociaux, qui, du coup, deviennent suspects et moins crédibles.

    C’est vrai que, pour les annonceurs, les médias sociaux représentent toute une nouvelle réalité à appréhender. Une réalité qu’ils doivent apprendre à utiliser. Mais justement: pourquoi ce qui est inacceptable de faire en médias conventionnels, le serait-il tout à coup parce que « on est à l’ère du 2.0 » ?

    Alors que c’est tout le contraire: c’est encore moins acceptable qu’avant. L’ère du 2.0, cela veut dire que les consommateurs et le public qui s’attendent de plus en plus à prendre part au discours, au lieu de se le faire imposer, tant par les médias que par les entreprises. Et qui ne veulent surtout pas se faire prendre pour des valises. Encore une fois, hormis tout ce que la tromperie a de choquant, le plus dommage dans cette histoire, c’est qu’on aurait pu très bien utiliser les médias 2.0 pour impliquer, justement, les citoyens autour de la venue du Bixi. Dommage de manquer de telles occasions. Et dommage, pour les publicitaires et les gens de marketing, de refaire les conneries du passé, au lieu d’avancer. Le tout, en donnant un oeil au beurre noir à l’image de leur propre métier.

  9. Marie-Claude Ducas

    Par hasard, je retombe sur ce billet de Seth Godin, intitulé « Poisoning the well » : http://sethgodin.typepad.com/seths_blog/2009/04/poisoning-the-well.html.
    Une des phrases qu’on peut y lire: « Selfish short-sighted marketers ruined it for all of us. »
    Enough said, comme ils disent…

  10. Bixi, blogues et bullshit (0 – 1 = 1) « Sylvie Bédard - pingback on 31 mai 2009 at 19 h 16 min
  11. Un peu décalée ce commentaire, mais finalement, il prouve en tous points que tu avais raison….2 semaines plus tard, l’hypocrisie est toujours d’actualité.

    le temps prouvera que le métier de marcom n’est pas obligé de rimer avec « make believe »…enfin je l’espère!

    voir mon blogue : Bixi, blogues et bullshit (0 – 1 = 1)sur http://www.sylviebedard.net

  12. Retour sur Bixi et son fameux blogue… « Le blog branché[!] - pingback on 17 juin 2009 at 14 h 48 min
  13. Bixi, faux blogues et nouveaux marketers « Etienne Chabot’s Blog - pingback on 14 septembre 2009 at 16 h 41 min
  14. In truth, immediately i didn’t understand the essence. But after re-reading all at once became clear.

  15. I added your blog to bookmarks. And i’ll read your articles more often!

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