École privée, école publique: la suite

Mon précédent billet, où il était question du choix école privée vs école publique pour le secondaire, a suscité bien des réactions intéressantes. Je promettais de poursuivre sur le sujet, alors voici.

Palmarès, enfants, tests et stress. Le documentaire “Les enfants du palmarès”, de la réalisatrice Marie-Josée Cardinal,  avait beaucoup fait parler lors de sa diffusion à Canal D, en 2009.

Test d'admission

Les tests d’admission: jusqu’où doit aller la « préparation »?

C’est étrange que le sujet qu’on y abordait ait si peu fait surface lors de la discussion ces jours-ci autour de l’école privée. J’ai manqué la discussion du film à l’époque, mais je me souviens à quel point il en avait été question un peu partout. Dans les médias, on peut encore retracer, entre autres, cette discussion à L’après-midi porte conseil à Radio-Canada, cette autre discussion à Bazzo.tv à Télé-Québec, cette chronique de Nathalie Petrowski dans La Presse, cette entrevue avec la réalisatrice dans le journal Métro, sans compter beaucoup de billets et d’opinions sur divers blogues.

Et effectivement, c’est quand même d’abord des enfants dont il est question: la qualité de l’éducation qu’ils reçoivent et, lié à cela, leur bien-être et leur équilibre. Quel impact finit par avoir l’escalade qui s’est produite autour de l’école privée (surtout dans des centres comme Montréal et Québec, il faut bien le dire) ces dernières années? Quel est le réel bénéfice, pour les enfants, de les préparer pendant des semaines – et parfois plus- expressément à passer les tests? Puis de leur faire passer, dans l’espace de deux week-ends (parce que tout ça se déroule dans la même période), jusqu’à 7-8 de ces tests, dans des institutions différentes? Cela se fait, croyez-moi (le téléphone arabe fonctionne très bien dans la cour de recreation des écoles primaires…). Et même pour ceux qui ne vont pas jusque-là, la pression reste considérable.

J’avais promis la suite de mon histoire. Maintenant, je trouve que j’ai peut-être mis, un peu à la légère, le doigt dans cet engrenage. Après tout, il n’y a pas seulement moi qui est en cause. Mais allons-y, sans trop aller dans les details. Mon garcon a passé seulement deux tests, dans deux écoles privées, assez près de chez nous. Toutes les deux bien réputées, et fortement en demande sur le territoire montréalais. Il y en a une troisième, aussi bien réputée, qui aurait été assez proche (et où plein de monde que je connais envoie leurs enfants), à laquelle nous avons choisi de ne pas appliquer. Nous avons aussi laissé faire l’école internationale qui nous avait si peu enthousiasmés. Comme préparation, je me suis fiée aux conseils prodigués chaque fois (parfois par écrit) lors des “portes ouvertes” de ces écoles: réviser comme il faut la matière vue en cinquième année, et s’assurer de bien la maîtriser.  Et s’assurer d’arriver à l’examen bien repose, et bien détendu. (J’ajoute que j’ai un garçon qui est constamment premier de sa classe depuis le début du primaire. Dans une école publique bien reconnue, et bien tenue. Et qui passe sa vie le nez dans les livres, avec prédilection, dans l’ordre, pour la géographie, l’histoire, l’astronomie, puis diverses autres sciences.) Les réponses sont arrivées quelque 15 jours plus tard: refusé aux deux endroits.

Commentaire de la mère d’un camarade que je connaissais assez bien pour oser lui confier ça: “Ah bien, tu ne lui as pas fait faire les cahiers?” “Les cahiers” pour ceux et celles qui ne le savent pas, ce sont des exercices préparatoires dans le genre de ceux-ci. Eh bien non. Et honnêtement, a posteriori, je ne sais toujours pas trop quoi en penser. Bien sûr, je savais que ça existait. Mais je n’avais pas poussé l’investigation plus loin. Est-ce parce que, comme je l’ai écrit dans mon premier billet, j’avais au départ des réticences avec l’idée d’envoyer mon enfant à l’école privée?  Surtout après avoir trouvé que l’école publique dans notre quartier était très bien? Ai-je péché par excès de confiance, et de naïveté? Sans doute tout cela à la fois. Et donc maintenant, mon garçon est à notre fameuse école publique, dans une classe enrichie, au bac international (une nouveauté de cette année); il apprend un instrument de musique, et a amplement, lors de ses cours et de ses activités hors-cours, de quoi le stimuler et le “challenger”. Jusqu’à présent, pour ce que j’en ai vu, j’aime l’école, l’atmosphère qui y règne et l’esprit qui l’anime. Sans compter que mon garcon y a retrouvé plusieurs camarades qu’il côtoie depuis le début du primaire  – dont plusieurs autres qui, “réussissent bien” en classe. Et donc, en ce qui me concerne, je ne suis pas sûre que les 5000$ de frais à l’école privée en auraient vraiment valu la peine. N’empêche. Malgré cela, parfois, j’ai encore des doutes. Ai-je été trop laxiste, pas assez exigeante, avec mon enfant? Bien sûr, les tests mesurent les choses de façon restreinte, voire injuste… mais cela, justement, ne fait-il pas partie de la vie? Ne devrais-je pas déjà avoir mieux preparé mon enfant, justement, à faire face à de telles réalités, à passer de tels tests? Devrais-je le pousser advantage à la compétition?  Etc. … Je pense que tous les parents qui me lisent sauront de quoi je parle.

Voilà donc pour la suite de l’histoire, tel que je l’avais promis. Et maintenant, revenons à des considerations plus générales.

Écoles, quartiers, voisinages et communautés. Un autre aspect dont on parle peu, en lien avec cette ruée vers le privé et cette course à l’élitisme à tout prix, c’est l’effilochement d’un esprit lié à la vie de quartier, et le sentiment d’appartenance à une communauté. Et cela commence par les écoles de quartier elles-mêmes. Si les gens les plus instruits et les plus aisés désertent les écoles de quartier au profit des écoles privées, ce sont autant de gens qui ne s’investissent pas dans les comités, les activités de l’école, le bénévolat, les fondations) car il y en en dans les écoles publiques aussi)… C’est la poule et l’oeuf: on parle beaucoup du laisser-aller et du manque de qualité, dans certaines écoles publiques. Il en est encore question dans cette chronique de Patrick Lagacé dans La Presse. Mais qu’arriverait-il si les écoles publiques de quartier étaient fréquentées par plus d’élèves aux parents plus instruits, plus exigeants, et plus impliqués?

Malgré tout… vive le privé. Eh bien oui. Parce que c’est sans doute en bonne partie à cause de la presence du privé qu’on a vu le système public se réveiller récemment, avec davantage d’écoles qui offrent des progammes de “douance”, des programmes qui mettent l’accent sur les arts, les sports etc, et le fameux “bac international”… Même le fameux “palmarès des écoles” malgré toutes ses limites, ses travers et ses effets pervers, y est sans doute pour quelque chose. La présence du système privé tire tout le monde vers le haut. Et puis, dans le système éducatif en général, les écoles privées sont le sable dans l’engrenage, et  le révélateur. On a une idée, par comparaison, de ce à quoi peut arriver dans un système assujetti à moins de contraintes bureaucratiques, syndicales…  C’est un élément qui force la remise en question dans les organisations (les commissions scolaires, les syndicats), qui empêche tout le monde de trop ronronner, et de s’encarcaner dans ses habitudes et ses idées reçues..

Oui aux tests. Mais… Difficile de penser à éliminer des critères de sélection, et à tout le moins de classement. Mais je fais ici une prédiction, qui n’a rien à voir avec la déclaration quelque peu intempestive de la ministre Malavoy à cet égard, et tout ce qui s’ensuit depuis. Il reste que, avec toute cette escalade dans la préparation, on est entraîné dans une dynamique similaire à celle d’une course aux armements. Parce que, “les cahiers” dont je parlais, c’est soft; on n’a pas parlé de ceux qui engagent des tuteurs ou enrôlent leurs enfants dans des sessions préparatoires) Et donc à terme, dans les écoles les plus en demande, les résultats des tests vont finir par ne plus signifier grand-chose: on va se retrouver avec une forte proportion d’élèves qui seront surtout… bien préparés à passer les tests. Dans les établissements en question, on va finir par s’en rendre compte. Et on va réviser les critères, de façon à évaluer le potentiel et les capacités des élèves de façon plus globale, à considérer davantage leurs qualités humaines et sociales… Cela prendra peut-être deux ans, ou cinq. Ou peut-être beaucoup moins. Mais, comme on dit en Anglais: “you read it here first.”

  1. Les programmes spéciaux relèvent plus des commissions scolaires et de leurs directions que de la concurrence du privé. La CSDM, jusqu’à tout récemment, était contre les programmes spéciaux, même au primaire. D’autres commissions scolaires, comme la commission scolaire de la Pointe-de-l’île, offrent des programmes axés sur la musique ou l’éducation physique dès le primaire depuis des années, où la concurrence du privé est quand même très faible.

    Comme je le dis toujours, je ne suis pas contre les écoles privées, mais contre les écoles privées subventionnées. Si les gens devaient payer le vrai prix du privé, ils seraient bien moins nombreux à y envoyer leurs enfants. Et si tout cet argent était versé au réseau public, les écoles publiques auraient les moyens d’offrir les plus offerts par certaines écoles privées et de rénover leurs installations pour les rendre plus attrayantes.

    Enfin, tous ces tests d’admission jouent aussi gros sur les élèves qui sont refusés. J’ai vu l’effet que ça peut faire chez deux amies de ma fille l’an dernier. Rien de très bon pour l’ego.

    Et oui, certains parents de la classe moyenne envoient leurs enfants au privé pour se donner l’impression de faire partie de l’élite ! Et pour éviter d’être taxés de snob, ils se déculpabilisent en disant que ça permet à leurs enfants de se faire des contacts. Mais combien de gens ont encore des amis qui datent du secondaire !!

  2. Mon fils a fréquenté l’école privé pendant deux ans..il est maintenant à l’école publique..non pas qu’il n’a pas réussi mais durant ces deux années il a perdu sa motivation, implication,estime de soi, ne comprend pas trop la compétition, enfin bref il est heureux dans sa nouvelle école (publique). Il est épanoui. il travaille bien, il y met son coeur, il est fier, il a repris confiance en lui. Il est heureux.Quant à moi Vive l’École Publique.L’École privée vend un mirage qui coûte cher . Les classes sont bondées , impersonnelles et loin de nous (parents). On ne compte pas vraiment dans la balance.

  3. Ah, le fameux panneau de l’examen d’admission… Nous avons été plus de 2 ans sur la liste d’admission à un collège offrant l’enseignement de la maternelle au secondaire. Rencontre de parents 6 mois avant le test: rien à préparer, on veut seulement juger de leurs habiletés générales. Alors, on a fait un survol relax des chiffres, des lettres, des couleurs et des formes.

    Le jour de l’examen, je confie mon fils (que je ne veux pas stresser à l’avance) à l’enseignante qui lui fera passer son test en disant : « Va avec la professeure, elle va te demander de lui faire des beaux dessins ». Aujourd’hui j’en ris, mais je me rappelle son air heurté quand elle m’a avisé, d’un ton pincé, que : « Ce sont plus que des dessins, madame ». L’héritier a coulé son 1er examen, à 4 ans…

    Quand nous avons appris à des amis que fiston avait été recalé, plusieurs se sont étonnés : « Quoi tu l’avais pas préparé ? Le fameux « Aucune préparation spéciale », c’est de la frime, du politically correct. Vous êtes tombés dans le panneau, ma parole ». Euh, oui, d’aplomb.

    Aujourd’hui, fiston est dans notre super école de quartier, que j’aimais beaucoup et qui me faisait d’ailleurs hésiter à l’envoyer au privé à l’époque. Je ne pouvais pas blairer sa prof de maternelle qui donnait du « exiprès » ici et là… et me donnait de l’urticaire. Mais sa prof de 1re année représente tout ce qu’une enseignante devrait être à mes yeux.

    Bien sûr, on se reparlera dans 5 ans, à l’orée du secondaire, puisque la polyvalente locale affiche un taux de réussite avoisinant les 65%, les descentes de police contre les petits pushers pullulent, etc. Rien qu’à y penser et à écouter Mme Malavoy, je stresse par anticipation. (Et l’idée d’un examen d’entrée unique à toutes les écoles privées, on est rendus où avec ça ?)

  4. Bonjour Mme, Marie-Claude Ducas,Céline Marcotte et Linus ,

    Pouvez vous me référer une école public (secondaire) ou juste votre quartier? , moi je suis a Verdun, École secondaire Monseigneur-Richard n`a pas une bonne réputation, maintenant mon enfant est maternelle, j`ai déjà pensé sa future, bien sure nous allons déménager, peut-être autour de la 5 e année primaire.
    Merci!

  5. Oops a la suite, L` école primaire Notre dame da la paix est une bonne école dans le quartier ou j`habite je dirais, jusqu’`a maintenant, le pro d`école est bien, mon petit n`ai pas eu de problème encore avec les autres enfants je vais le voire… pourriez vous me référer une école publique (primaire) d`un autre quartier (pas loin du métro, nous n`avons pas de voiture)? Si jamais nous allons déménager prochainement. Nous ne voulons pas que notre garçon se trouve dans un quartier défavorisé, nous voulons trouver une bonne école pour lui, tout comme votre quartier.

    Merci!

  6. Moi aussi j’aimerais bien savoir. Je suis a Lasalle (pres de Verdun) et l’ecole de quartier (Cavelier de Lasalle) est vraiment mal coté, beaucoup de decrochage scolaire, mauvaise réputation etc… J’ai aussi regarder les ecoles secondaires avoisinante et ce n’est pas mieux (Verdun et Lachine).

  7. Marie-Claude Ducas, je vous remercie d’avoir partagé vos expériences par rapport à votre fils et les écoles privées. Je pense mettre mon fils dans une école privée mais je dois vraiment réfléchir avant de faire une décision. C’est intéressant que l’école privée n’ait pas peut-être pour tout le monde. Je pense ça depend vraiment sur l’enfant.

  8. Merci pour ces informations concernant les écoles privées et les écoles publiques. C’était bien de pouvoir lire à propos des expériences de vous et de votre fils. Je suis sur le point de choisir une école pour ma fille et je veux un endroit qui va l’aider à trouver son potentiel. Merci de m’avoir informé de votre avis.

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