Paul à Québec : découvrez les livres aussi …

La transposition au grand écran de Paul à Québec, sorti en salles depuis le 18 septembre, fait découvrir à un public plus large encore La série des « Paul » que dessine Michel Rabagliati depuis plus de 15 ans déjà. Tant mieux : ces livres sont des petits trésors, qui nous présentent, mine de rien, un concentré de ce que sont les Québécois, et le Québec.

PaulàQuébecUn peu après la parution du livre Paul à Québec, il y a déjà six ans, j’avais écrit un billet où je rendais hommage à l’œuvre de Michel Rabagliati (publiée aux Éditions de La Pastéque). J’en partage ici des extraits, remis au goût du jour.

Le héros des bandes dessinées « Paul » est l’alter-ego de Rabagliati, qui partage avec nous sa vie quotidienne.  Je l’ai pour ma part découvert avec Paul a un travail d’été (2002), où celui-ci, drop-out du secondaire et apprenti dans une imprimerie, relate l’expérience marquante qu’a été pour lui son travail comme moniteur dans un camp d’été pour jeunes en difficulté. A suivi Paul en appartement (2004), où, étudiant, puis jeune graphiste, il quitte papa-maman et se met en ménage avec Lucie, rencontrée au collège. Puis, dans Paul à la pêche (2006), ses vacances estivales servent de prétexte pour raconter, notamment, les essais de Paul et Lucie pour avoir un enfant.

Paul à Québec, paru au printemps 2009, est l’ouvrage qui aura apporté à Michel Rabagliati la consécration : c’est l’ouvrage qui lui aura apporté la plus importante couverture de presse, une place parmi les finalistes au Prix du livre de la Ville de Montréal, le Prix du Grand public du Salon du livre de Montréal cette année-là… Et, maintenant, c’est celui qui sert de base à un scénario de film. Pourtant, le livre tourne autour d’un sujet particulièrement ardu, à savoir la maladie, puis la mort, du père de Lucie. Rabagliati disait d’ailleurs, en entrevue, combien il lui avait été lourd de se replonger dans une période aussi tragique…  Car, tout comme pour ses autres livres, Paul à Québec est étroitement inspiré de la vie de Michel Rabagliati. Et, dans tous les livres, on utilise adroitement les procédés empruntés au cinéma: découpages, fondus, plans varié, « flashbacks » donnent son charme à la série depuis le début. Pas étonnant, donc, qu’on y ait vu matière à scénario de film…

Et les livres de la série des « Paul » sont bon, aussi, parce qu’ils font du bien. Alors que la littérature québécoise (comme sans doute la littérature en général, d’ailleurs) donne souvent l’impression d’être dominée par la dépression ou le cynisme, les « Paul » arrivent à faire mentir les clichés du genre « les gens heureux n’ont pas d’histoire » ou « on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments ». OK, c’est peut-être l’exception à la règle. Mais c’est une exception drôlement bienvenue.

D’autre part, on retrouve, dans ces livres, un concentré rare de ce qu’est le Québec. Mine de rien, les « Paul » sont presque un cours de « Québec 101′′, avec une foule de références sur les mentalités, la culture, les habitudes, les valeurs, un peu d’histoire… J’ai réalisé cela après m’être fait demander quelques fois, par des gens fraîchement débarqués, quoi lire pour bien comprendre Montréal et le Québec. Une des premières réponses qui me venait à l’esprit, c’était: Paul à la pêche. (Et y compris pour des anglophones : les traductions en anglaise publiées par l’éditeur montréalais Drawn & Quarterly, sont excellentes.)

Et, étant donné mon travail et mon « background », je goûte les diverses références au monde des communications qui traversent la série. Elles abondent, en particulier dans Paul en appartement, alors que Paul étudie au « Studio Séguin »… qui, dans la réalité, était le Studio Salette (devenu depuis le Collège Salette), et par lequel sont passés pas mal de gens des milieux du graphisme, du design et de la pub ici.  Dans ce livre, Paul et ses camarades se font initier au design, et aux notions et références culturelles qui l’entourent, grâce à « Jean-Louis », prof nettement plus allumé et dévoué que la moyenne.

On réalise aussi la vitesse fulgurante avec laquelle nos métiers ont évolué. Dans Paul en appartement, celui-ci, graphiste pigiste, compose un « journal d’entreprise » assis à sa table à plan incliné, et travaille ses maquettes, exacto à la main. (Et j’ai bel et bien vu, moi, des magazines se faire comme ça. Quoique pas pour longtemps…) Et, dans Paul à la pêche, il y a tout un passage, à la fois hilarant et désolant, sur la surenchère  technologique galopante qui nous envoie à intervalles réguliers, comme des zombies, dans les boutiques d’informatiques pour acheter (à prix d’or), le-dernier-modèle-beaucoup-plus-rapide-avec-un-écran-beaucoup-plus-grand-qui-va-nous-permettre-d’être-beaucoup-plus-efficace. Ça se poursuit dans Paul à Québec, avec l’arrivée d’internet (ah!, les modems…). D’ailleurs, c’est son agente de l’époque, Anna Goodson, (Brenda Steinbergdans le livre), qui l’incite à utiliser cette nouvelle technologie : « Fedex ? You’re kidding me ! Shippe-lui ça par Internet».

Je n’ai pas encore vu le film, mais j’irai très certainement le voir dès sa sortie.

Et vous ? Irez-vous voir le film ?

Connaissiez-vous les « Paul » ?

Lequel, dans la série, est votre préféré ?

(Ce billet a auparavant été publié sur Le Journal de Montréal.)

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