Que valent les commentaires ?

Après deux bonnes décennies de publication en ligne, l’enthousiasme d’abord manifesté dans les médias, quant à la possibilité de recueillir à chaud les commentaires des lecteurs, s’est refroidi, après des années à faire face à la réalité des trolls, du spam et des insultes.

Que valent les commentaires ?

D’autre part, plusieurs médias estiment que les médias sociaux, tels Twitter et Facebook, ont dé-sormais accaparé ce type d’interaction.

En plus de Reuters, des sites tels Popular Science et The Weekont cessé d’accepter les commentaires.

Ailleurs, par contre, on cultive un autre avis. C’est le cas au New York Times, où Margaret Sullivan, chroniqueuse responsable de la liaison avec le public, a récemment soumis à Bessey Etim, le directeur de la communauté (community editor), les diverses doléances des lecteurs, à commencer par les plaintes de censure, quand les commentaires ne sont pas publiés.

Etim a indiqué que la direction du NYT a l’intention de doubler le nombre de reportages ouverts aux commentaires, d’une vingtaine par jour pour l’instant (les textes d’opinion sont presque tous ouverts), puis a ajouté: «Nous avons la chance d’avoir des commentateurs de classe supérieure, et nous cherchons des façons de davantage les valoriser.»

The Guardian, au Royaume-Uni, défend un point de vue similaire. «On a vu plusieurs sites abandonner les commentaires, et s’éloigner de leur communauté. C’est une erreur monumentale. Les lecteurs méritent une voix, et devraient représenter une part cruciale du travail journalistique», déclarait Aron Pilhofer, directeur numérique du Guardian, lors de la conférence News:rewired à Londres, début février.

Relation changée

Mais pourquoi une telle réticence de la part des médias?

«La plupart des éditeurs ne considèrent pas, au départ, les commentaires comme faisant partie du contenu, observe Bruno Boutot, spécialiste des médias sur le web basé à Montréal. C’est une erreur. Si vous vous retrouvez avec un mur couvert de graffitis, vous ne pouvez pas juste décider que ça ne fait pas partie de votre maison, ou de votre édifice. Internet change complètement la relation avec les lecteurs. Il a annulé la distance entre les médias et leur public. Mais la plupart des médias font comme si cette distance existait toujours, ils sont encore dans l’équation commentaires versus contenu».

Le casse-tête de la modération des contenus, sur le plan des ressources et de la gestion, demeure le plus grand obstacle.

«La seule solution vraiment simple, c’est de considérer que chaque journaliste est responsable de son contenu; y compris les commentaires, puisqu’ils en font partie, dit Bruno Boutot. En fait, bien des journalistes interagissent déjà avec leurs lecteurs, via Facebook et Twitter. C’est quand même étonnant, quand on y pense, qu’on ne les incite pas à le faire davantage sur leur propre média!»

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