Nos voyages… et les journaux

Ce n’est même plus très original de constater que, depuis internet, on a moins l’impression de partir lorsqu’on est en voyage. J’avais même écrit à ce sujet il y a déjà plus de deux ans. Je notais déjà comment notre chez-nous nous accompagne désormais, où que l’on soit. Mais une chose qui m’a frappée en plus, lors de mes présentes vacances, c’est en ce qui ce qui a trait à ma consommation des médias.

Je rentre bientôt de 16 jours aux États-Unis. Et je réalise que, pas une seule fois, je n’ai acheté un journal américain. C’est la première fois que cela m’arrive.

Consulter le journal d’une ville, c’est déjà prendre de l’avance sur bien des visites guidées: on se retrouve tout de suite plongé, sans même sans rendre compte, dans la réalité des gens de la place. Qu’est-ce qui fait parler ces temps-ci en ville? Qu’est-ce qui fait les premières pages ? Quelles sont les scandales, les controverses ? Qu’est-ce qui alimente le courrier des lecteurs ? Quels sont les spectacles, les événements en ville, et quelles sont les critiques à leur sujet ? Même les publicités, que ce soient pour les commerces de meubles ou de vêtements, pour les spéciaux de la semaine des épiceries, et puis, bien sûr, dans la section des arts et spectacles, nous donnent tout de suite, de façon immédiate et intangible, un sens du « look and feel » d’un endroit… Sans compter que la fréquentation des journaux américains a le don de me transporter de joie. Qu’il s’agisse du New York Times, du Boston Globe, ou d’un petit journal régionale comme le Cape Cod Times, je suis toujours épatée par la quantité et la qualité des informations, la rigueur, les enquête, et le sens de la communauté dont les journaux américains savent faire montre. Les médias d’ici devraient plus souvent y chercher de quoi s’inspirer, me dis-je chaque fois…

imageMais comme bien d’autres choses, tout cela a changé, depuis internet. Avant, acheter un journal de la place était aussi, de toute façon, le seul moyen d’avoir les principales nouvelles, et un peu de lecture d’actualité. Plus maintenant. Pendant ce voyage, j’ai pu télécharger tous les jours (ou presque), les éditions de La Presse+ et du Journal de Montréal, via ma tablette. Je connais donc, pour l’essentiel, ce qu’il y a à savoir sur les dernières déclarations de Denis Coderre, les controverses autour du stationnement sur le Plateau, et les faits saillants du Festival Juste pour Rire, en plus d’avoir suivi l’actualité internationale. Et pour le reste, j’ai aussi consulté, à intervalles réguliers, les notifications de mes contacts via Facebook, dont plusieurs m’ont guidée vers des sujets qui m’intéressent… J’ai aussi pu prendre connaissances de mes courriels, et répondre à certains d’entre eux, tant sur des questions personnelles que professionnelles.

Donc, en rentrant, je me sentirai moins décalée, moins « larguée », et le rattrapage m’apparaîtra sans doute moins ardu…. Mais, en même temps j’aurai été moins dépaysée qu’autrefois, j(e ne me serai pas autant plongée que je l’aurais pu dans une nouvelle réalité.

D’une certaine façon, je n’aurai jamais tout à fait quitté Montréal.

C’est l’occasion de prendre conscience d’un autre aspect des journaux sur lequel j’avais déjà écrit : un journal, c’est une sorte de consensus sur ce qui fait l’évènement, à un certain endroit, à un certain moment. Un consensus que aucun site internet, aucun blogue, aucun « fil » de média social ne peut recréer. Et aujourd’hui, je réalise que, en plus, les journaux sont, de facto, un moyen de découverte quand on se retrouve dans un endroit donné. Un moyen de découverte dont on peut plus facilement se passer qu’avant… mais au prix de certaines pertes, qu’on commence à peine à réaliser.

Qu’en pensez-vous ? Quelles sont vos habitudes à vous, en voyage, en ce qui concerne les médias ?

(Ce billet a auparavant été publié via mon blogue au Journal de Montréal)

Laisser un commentaire