C2-MTL: Phyllis Lambert sur le pont Champlain, la rue Ste-Catherine et Montréal 2017

On fait rarement des entrevues dans le cadre de billets de blogue. Il faut une bonne raison. Et, quand on peut s’entretenir avec quelqu’un comme Phyllis Lambert, cela fait sans contredit partie de ces bonnes raisons. La fondatrice du Centre canadien d’architecture, membre de la famille Bronfman (elle est la fille de Samuel Bronfman) et grande championne, depuis des décennies, de la défense du patrimoine architectural, est une figure de premier plan à Montréal.

Phyllis Lambert sur la scène de C2-MTL, le jeudi 28 mai 2015

Crédit photo: © ALLEN MCEACHERN

© ALLEN MCEACHERN

Et, comme on dit, elle ne sort pas souvent en public.

Mais elle était une des conférencières, hier (jeudi 28 mai), de l’évènement C2-MTL. En brève rencontre par la suite, je lui ai donc posé (et en français, notons-le) des questions sur trois points: le futur pont Champlain, le réaménagement planifié de la rue Ste-Catherine, et les plans de Montréal pour 2017, année du 375e de la ville, et des 50 ans d’Expo 67 («Ce sera aussi l’année de mon 90e anniversaire!», a-t-elle noté en souriant).

Le pont Champlain 

Que pensez-vous du concept qui a été adopté ?

Le pont appartient au fédéral, alors on avait, à Montréal, très peu à dire là dessus. Mais j’ai été avec un groupe qui a essayé d’établir des balises quant à ce qui était important, du point de vue des villes, des riverains, et quant à la qualité; pour que ce soit quelque chose de très élégant. Et, je n’ai pas tout suivi, puis on a présenté un design, et puis voilà… Je trouve que le design aurait pu être plus intéressant. Ça va être bien, mais ce n’est pas quelque chose qui fait qu’on viendra à Montréal pour le voir.

Il aurait valu la peine de faire quelque chose de plus marquant, qui aurait eu plus d’impact?

Oui. Là, c’est… c’est gentil.

Que pensez-vous du réaménagement planifié pour la rue Ste-Catherine?

C’est très important de faire cela. C’est une rue commerciale d’importance. Élargir les trottoirs, c’est essentiel, essentiel, essentiel. Mais, pour ce qui est de chauffer les trottoirs… ça ne se fera pas. C’est trop cher. Ça coûterait trop cher à réaliser. Mais surtout, pourquoi le faire juste dans un secteur? Ça n’a pas de bon sens.

Que faut-il faire, avec une artère comme celle-ci, en 2017 ? Certains auraient voulu la rendre complètement piétonnière…

Les rues piétonnières ne marchent pas non plus. Ça devient des repaires de magasins cheap, bon marché… Non, c’est important de garder le trafic là-dessus. Mais rétrécir la chaussée, ce serait bien.

Que faire pour garder la vitalité au centre-ville? On voit les commerces fermer, on planifie un centre d’achats à l’angle des autoroutes 15 et 40…

Le 15/40, alors, là, je ne veux pas en parler… Et, pour la rue Ste-Catherine, je crois que c’est différent selon les secteurs. Le secteur Ouest, où il y a les grands parcs, est très différent du

centre-ville, où il y a les magasins… Et là, déjà, d’élargir les trottoirs, de mettre des arbres, ça va donner plus de place aux gens pour se rencontrer.  Et aussi pour les terrasses…. Ce n’est pas très bien, comment c’est fait maintenant. On laisse une partie très étroite pour circuler … Et puis ça va dans la rue, ça enlève du stationnement… En élargissant les trottoirs, on va avoir plus de confort. C’est très important de faire ce réaménagement. Et de le faire de façon différente dans chaque secteur. Parce que chaque secteur est différent.

Montréal en 2017

Comment voyez-vous ce qui se prépare à Montréal pour 2017? Ce sera le 375e anniversaire de la ville, mais aussi les 50 ans d’Expo 67…

Un évènement comme ça, c’est toujours une occasion formidable de faire quelque chose pour la ville. Là, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de petites choses, des parties… Mais je ne vois pas une chose marquante, dont on sent qu’on pourra se dire: voilà ce qu’on a fait pour 2017, à Montréal. Je voudrais tant qu’on puisse dire: à Montréal, voici trois choses qu’on veut faire. Et qu’ensuite on les fasse… Si on essaie de faire trop, on risque de ne faire rien.

Et, quand il y a eu Expo 67, ça a été formidable. Mais après cela, l’esprit n’a pas été gardé. On voyait ça comme une chose isolée. Il ne faut pas. On aurait dû voir ça comme le début d’un nouvel élan pour la ville.

Comment voyez-vous les 50 ans de l’Expo? Y aurait-il quelque chose à faire pour ranimer l’esprit de 1967?

Non, non, non, l’esprit appartient à chaque époque. 1967 c’était quelque chose de fantastique. C’était la Révolution tranquille, et Montréal a fait quelque chose d’aussi grandiose qu’Expo 67, et les gens étaient extasiés… Mais après, on n’a pas poursuivi. On n’a pas eu pour politique de continuer tout ça. Et c’est ce qu’il faudrait davantage.

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