Cafés et ordinateurs, travailleurs autonomes, innovateurs et artistes

Je poursuis ici mes réflexions, enclenchées il y a une couple de jours, au sujet des ordinateurs portables dans les cafés… Et, surtout, des gens qui y passent des heure à y travailler. Les cafés devraient- ils interdire cela, ou au moins le limiter?

En plus de ce que j’écrivais avant-hier, voici quelques autres aspects qui me sont venus à l’esprit. Tout d’abord, quand on y pense un peu, le fait d’avoir ainsi des gens qui passent des heures à travailler (traîner?) dans les cafés n’a rien de si nouveau. En tout cas, pas si on en croit la littérature et les films : la figure de l’écrivain – dramaturge, romancier ou poète – installé pour écrire à un resto, un bar ou un café dans le quartier bohème du moment, est presque un archétype.

Dans une ville comme Paris par exemple, il y a des endroits, comme, La Closerie des Lilas ou La Coupole qui doivent leur image mythique aux évocations qu’ont fait, dans leurs écrits, certains de leurs « clients » privilégiés. Et cette mystique liée à la présence non seulement d’écrivains, mais aussi de toute une colonie artistique incluant peintres et sculpteurs, a déteint dans la culture populaire: que l’on pense seulement  à la chanson « La Bohème », d’Aznavour, ou un film An American in Paris, de Vicente Minelli, sur la musique de Gershwin. Tout cela colle maintenant, et de façon durable, à l’image de quartiers entiers de Paris. Mais que serait-il arrivé si Hemingway, dans sa période de vaches maigres à Paris, s’était fait mettre à la porte de La Closerie des Lilas ou d’un autre des établissements qu’il fréquentait, pour cause de non-rentablitité? Si les cafés de Montmartre ou les bars de Montparnasse avaient décidé d’adopter des politiques pour restreindre ce genre de clientèle?

La terrasse de La Closerie des Lilas : F. Scott Fitzgerald y aurait fait lire à Hemingway son manuscrit de The Great Gatsby

La terrasse de La Closerie des Lilas : F. Scott Fitzgerald y aurait fait lire à Hemingway son manuscrit de The Great Gatsby

C’est une des raisons, je pense, pour lesquelles l’article qui avait engendré à l’origine cette réflexion, après avoir été partagé sur Facebook par Katerine-Lune Rollet, m’a tout de suite tracassé: le café dont on rapportait qu’il avait décidé d’interdire les portables se trouve à San Francisco. Ville « hip », ville bohème, et, depuis maintenant plusieurs décennies, ville-phare pour les innovateurs en technologies de toutes sortes. Dans l’article, on parle maintenant de « ongoing war between coffeeshops and laptop squatters » et aussi de « war against laptop hobos ». Se peut-il que leurs cafés se retrouvent bientôt expurgés du genre de faune qui fait la couleur de la ville ?

Et, encore une fois, à Montréal, où on aime maintenant mettre de l’avant notre côté à la fois « cool », métissé et innovateur, on pourrait peut-être chercher des façons plus « montréalaises » d’aborder la question, non ?

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