Le blogue de Marie-Claude Ducas

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Le mot-clic lié au débat télévisé « face à face » entre Jean Charest et Pauline Marois (#faceafaceTVA) s’est retrouvé, à un certain moment, le quatrième terme utilisé dans le monde sur Twitter. Et, ainsi que le souligne Dominic Arpin dans sa chronique au 98,5 FM, d’autres termes liés à ce débat étaient aussi dominants : citant Influence Communication, il souligne que  » Charest  » se serait retrouvé au huitième et  » Mme Marois  » au dixième. La veille, lors du débat à quatre, le mot-clic #débatqc s’était lui, toujours selon Influence Communications, retrouvé numéro un. Influence soulignait par ailleurs que c’était la première fois qu’un mot-clic québécois s’illustrait de la sorte.  Le terme s’est par ailleurs retrouvé 56^e dans le monde  au bilan de la semaine du 14 au 20 août.

Prélude au débat télévisé entre Jean Charest et Pauline Marois: le mot-clic #faceàfaceTVA s'est retrouvé quatrième au monde sur Twitter.

Par contre, ce n’est pas la première fois que le Québec  se distingue sur Twitter. J’avais déjà noté dans le passé l’ampleur soudaine (et éphémère) qu’avait pris le mot-clic #tweetdesannées80, et aussi le fait que le #jeudiconfession, maintenant adopté dans toute la twittosphère francophone, est d’origine québécoise. J’écrivais entre autres : « De la même façon que notre société « tricotée serré » a permis l’émergence d’un star-system, et de toute une industrie culturelle, c’est sans doute le même genre de proximité qui favorise l’émergence de phénomènes semblables sur Twitter au Québec: la communauté des « Twitteux » québécois est, elle aussi, relativement restreinte, et composée de beaucoup de gens qui ont des chances de se connaître au moins un peu. Les références culturelles contenues dans #tweetdesannées80 avaient des chances d’être facilement et rapidement reconnues par beaucoup de monde. »

Ce genre de phénomène se répète régulièrement. Je vais poser la question à Jean-François Dumas, le président de Influence, mais je ne serais pas surprise de découvrir que le Québec occupe, sur Twitter, une place et une influence disproportionnées par rapport à sa taillet et sa population. Et, après avoir écrit sur cette histoire de #tweetdesannées80 et de #jeudiconfession, je me suis adonnée à relire le classique Les 36 cordes sensibles des Québécois, de feu le publicitaire Jacques Bouchard. Et j’avais été frappée à ce moment par ce qu’il disait en lien avec sa « corde no 12 », Le commérage : « Le plus puissant médium de masse au Québec, c’est la corde à linge : il surclasse la télévision, la radio et le journal mis ensemble » , note Jacques Bouchard. « Il a été prouvé, dit le professeur Georges-Maurice Hénault, selon l’expérience de Bourne, que pour les biens de consommation courante, l’influence des contacts interpersonnels, donc de communication de bouche à oreille, est supérieure à celle des média de masse que sont la presse écrite et la radio. C’est la même chose en ce qui concerne le choix des films. »

C’est exactement ce que notent aujourd’hui quantité d’experts en médias sociaux : on fait davantage confiance aux recommandations adressées, via les réseaux sociaux, par du « vrai monde », qu’aux affirmations faites par les entreprises dans leur publicité. Et ici, avec les médias sociaux, on se retrouve avec une sorte de super « corde à linge », dont les propos peuvent se retrouver répercutés à l’échelle mondiale. Comment arrivera-t-on à tirer parti de ce formidable potentiel qui émane du Québec?

Par ailleurs, c’est vrai qu’il est un peu décourageant de voir que, en lien avec le débat, les termes qui ont dominé hier sur les médias sociaux comme Twitter sont « Costco » et « Démoclès ». Cela en dit autant sur le peu de profondeur du débat que sur les limites des médias sociaux à apporter quelque chose de valable sur des questions comme la politique. Mais cela, c’est un autre sujet. Et puis, qu’est-ce que cela donnera avec le débat entre Jean Charest et Francois Legault puis, le lendemain, entre Legault et Pauline Marois? Et pour la suite de la campagne?