Le blogue, nouveau « slow média » ?

Voici l’extrait d’un commentaire que j’ai publié sur ma page Facebook il n’y a pas très longtemps :

« C’est la dernière fois que je publie quoi que ce soit sur Facebook lié au mouvement étudiant et aux manifs. Ce n’est pas l’endroit pour les discussions qui demanderaient un minimum de subtilité, et autre chose que du collage d’étiquette. Et si je traite d’une façon ou d’une autre du sujet, ce sera sur mon blogue. Et en signalant que je ne prendrai acte et répondrai aux commentaires que sur mon blogue: où les gens ont plus de place pour étayer leurs raisonnements et, en général, prennent un peu plus de temps pour réfléchir avant d’écrire… »

La tendance du "slow média": qui aurait cru que les blogues finiraient par en faire partie?

Peu après, le samedi 26 mai, alors que j’étais invitée à l’émission La Sphère à Radio-Canada, nous avons eu, hors-d’onde, cette discussion, avec notamment l’animateur Matthieu Dugal, de même qu’avec Martin Lessard, qui y fait chaque semaine la revue des nouvelles technologies.  J’étais là pour la rubrique « Le compte est bon », où l’on demande à quelqu’un de partager son expérience et sa perception des médias sociaux, ce qu’on aime des médias sociaux, ce qu’on déteste, etc.  Dans « ce que je déteste sur les médias sociaux », j’avais  préparé comme notes : « la grande prédominance que peuvent prendre certains discours. Au point d’étouffer, et de décourager, des voix dissidentes et plus nuancées. Dans les réseaux sociaux, ce qui prend le dessus, c’est la formule-choc, les photos, vidéos ou clips qui font appel à l’émotion au premier degré. C’est en partie parce que tout le monde apprend à appréhender et maîtrises ces médias. Ce qui se passe, on le sait, c’est que tout le monde peut devenir un média. Et pour l’instant il y a sans doute certains types de personnalités, et de façons de communiquer, qui ont pris le dessus : du monde qui vont plus vite, Avec le temps, ça s’équilibrera, espérons-le. »

Il s’est mis à être question, il y a quelque temps, du retour de ce que l’on appelle le « slow média », des médias qui vont plus en profondeur, et auxquels on est prêt à consacrer plus de temps. En général, on parle de médias imprimés : des magazines genre Monocle, publié au Royaume-Uni, la revue Nouveau Projet lancée récemment au Québec, ou la revue française Feuilleton, dont le fondateur, Adrien Bosc, était récemment à Montréal . Et avant le début de La Sphère, en parlant de mes récentes réflexions par rapport aux blogues versus les médias sociaux, je posais la question : se pourrait-il que l’on commence à considérer les blogues comme un « Slow Média » ? Tout à fait, a opiné Martin Lessard, dont j’ai plutôt tendance à respecter l’opinion sur des sujets comme celui-là. Je reproduit le plus fidèlement ce dont je me souviens de ses propos » : « C’est vrai. On note d’ailleurs que les billets de blogue s’allongent : les blogues deviennent l’endroit pour partager des réflexions plus en profondeur. Et en même temps, le nombre de blogues diminue. Ce ne sont pas tout le monde qui peut maintenir un blogue et durer. Il y a de l’élimination. »

J’ajouterais que le raisonnement s’applique pour ceux qui viennent commenter sur les blogues : les réflexions sont plus longuement mûries que pour un commentaire sur Facebook (ou Twiitter).  Implicitement, c’est ce à quoi tout le monde s’attend : on n’attend pas de réponses ou de relances immédiates, comme sur les réseaux sociaux. Au contraire : on s’attend à plus de réflexion, plus de complexité et je dirais aussi, par le fait même, plus d’ouverture dans les débats.

Alors, bienvenue à tout le monde dans mon « slow média » ! Et au plaisir de vous lire.

  1. Frédérick sr.

    A chaque case… Sa raison!…. Bien vu Marie!

  2. On s’entend pour dire que le blog peut être tout ce qu’on veut, donc autant un slow-média qu’autre chose. Mais dans le monde du web, le « temps reél » est sur les médias sociaux (twitter et Facebook), la « conversation » s’y est transportée, laissant, à mon avis, la place à des billet plus longs, moins collés sur la nouveauté, donc avec plus de réflexion.

    Une relative longueur, accompagné de multiples liens, lui donne une valeur renouvelé et, relativement parlant, celle du slow média…

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