(En reprise) Bonne fête, (pas si) pauvre planète: billet optimiste pour le Jour de la Terre

J’avais écrit et publié ce billet il y a tout juste un an, exactement pour la même occasion. Je le re-publie ici, parce que je trouve que le propos en vaut l toujours a peine. Voici:

« Il y a déjà un bon moment que j’ai l’intention de parler du livre The Rational Optimist, par Matt Ridley. En fait,  je m’en veux presque de ne pas l’avoir fait plus tôt, tellement je trouve que son propos mérite d’atteindre le plus de gens, le plus tôt possible. Et cette veille du Jour de la Terre, qui est souvent l’occasion de ramener à l’avant-plan un cortège de propos déprimants, culpabilisants ou alarmistes (et souvent les trois à la fois), représente une bonne occasion.

The Rational Optimist: à lire, pour rééquilibrer un peu tout ce qu'on voit ailleurs

L’essentiel des propos de Matt Ridley, s’il fallait les résumer en quelques mots :  ce n’est pas vrai que tout va toujours plus mal.

Et voilà plusieurs liens pour en avoir un aperçu plus étoffé. D’abord, dans le Globe and Mail cette chronique de Margaret Wente, qui m’avait fait connaître le livre. Puis cette entrevue faite par Paul Journet dans La Presse, de même que cette chronique de Bernard Mooney dans Les Affaires.

Points-clés, parmi les plus frappants, dans son discours :

–  Globalement et à long terme,  les choses n’ont pas cessé de s’améliorer pour l’humanité. C’est vrai pour notre état de santé, notre confort,  l’état des démocraties, notre espérance de vie… et même en ce qui concerne l’environnement!

–   Malgré tout, et pour plein de raisons, le pessimisme et les scénarios-catastrophes prédominent. On le sait depuis longtemps : « Good news is no news. » Mais il y a plus. À travers une « histoire du pessimisme » qui remonte jusqu’au début du 19e siècle, Ridley retrace les diverses époques, où, chaque fois, on se croyait sur le bord de la catastrophe. Ça continue aujourd’hui. « The generation that has experienced more peace, freedom, leisure time, education, medecine, travel, movies, mobile phones and massages than any generation in history is lapping up gloom at every opportunity”, écrit-il. Vous voulez vous faire taxer et d’insensibilité et de naïveté? Mettez l’accent sur ce qui va bien. Vous voulez avoir un best-seller, gagner un Genius Award, un prix Pulitzer, un Oscar ? Annoncez la fin du monde. Et de préférence en blâmant tout ce qui est lié au commerce, au développement et au capitalisme.

Une des principales raisons pour lesquelles les choses s’améliorent : l’accélération et la multiplication des échanges d’idées. Le préambule du livre de Ridley s’intitule « When ideas have sex ».  Au fil des chapitres, il fait référence aux multiples bénéfices de la multiplication des échanges entre humains , au fil des millénaires et des siècles: échanges commerciaux d’abord, puis, de plus en plus, communicationnels. Un des chapitres s’intitule d’ailleurs « The collective brain ». Pour bien comprendre de quoi il parle, prenez un petit quart d’heure pour visionner le vidéo qui suis,  filmé dans le cadre d’une conférence TED. Et d’ailleurs, si vous voulez avoir accès à ses propos avec des sous-titres en français, cliquez ici et sélectionnez l’option pour les sous-titres.

Une citation parmi d’autres : « We’ve created the ability to do things that we don’t even understand (…)With technology, we can actually do things that are beyond our capabilities.» Difficile de ne pas penser à Internet, et au fameux concept du “crowdsourcing”.  Ce dont parle, entre autres, quelqu’un comme James Surowiecki , auteur de The Widsom of Crowds, qui avait d’ailleurs été conférencier à une journée Infopresse, il y a déjà deux ans.

Et donc, nous voilà,  à la veille du jour de la Terre. La campagne publicitaire 2011, créative et inventive, arrive au moins à renouveler les habituelles images de clichés-catastrophes, en utilisant les ballons, d’habitudes associés aux fêtes. Mais le discours de fond reste, avant tout, sombre, et décourageant.  Ce que l’on disait pour l’information s’applique aussi en pub et en communications : pour voir de l’impact, soyez sombre…  « Que pouvons-nous célébrer?  Il y a un an, la plateforme de pétrole de BP sombrait, puis il a fallu 120 jours avant de trouver une solution pour arrêter une fuite à deux kilomètres au fond de l’océan. Maintenant, au Japon, six réacteurs nucléaires sont en crise. Tout ça, en moins de deux jours! Bonne fête quand même, pauvre planète », soulignait Pierre Lussier, vice-président et directeur du Jour de la Terre Québec, relayés dans le communiqué émis au début d’avril.

Et ceci dit, nos communicateurs sont loin de détenir la palme dans l’art de culpabiliser, déprimer, voire même carrément terroriser le public, pour l’éveiller aux enjeux environnementaux. Regardons seulement cette récente publicité néo-zélandaise pour l’Heure de la Terre, cette pub britannique pour l’organisme britannique Plane Stupid ou, sommet du genre, cette autre pour l’organisme britannique 10 10, qui avait d’ailleurs fini par être retirée après avoir créé toute une controverse.

Excellent 22 avril. À tout le monde

Il n’est surtout pas question ici de minimiser la gravité et l’impact de ces catastrophes récentes, dont on n’a pas encore fini d’évaluer la gravité. Pas question non plus de nier l’importance d’enjeux comme le réchauffement de la planète, et de divers autres effets de la pollution, et de la mauvaise exploitation de nos ressources. Mais faisons aussi confiance à l’intelligence et aux ressources, justement, dont les humains disposent. Rappelons-nous des divers discours-catastrophes du passé, qui ne se sont pas concrétisés. Vous rappelez-vous du spectre des pluies acides? De celui de l’épuisement des ressources ? (Pénurie TOTALE de zinc, d’or, de cuivre, de pétrole et de gaz naturel en 1992, prédisait le Club de Rome en 1970… ) De celui de l’air irrespirable ? En 1985, plus question de sortir sans masque à gaz dans nos villes, annonçait Life magazine, toujours en 1970. Etc.

À la longue, tout ce pessimisme a un coût, tant humain qu’économique. «If you teach children that things can only get worse, they will do less to make it untrue, écrit James Ridley. I was a teenager in Britain in the 1970’s (…). I realised about the age of 21 that nobody had ever said anything optimistic to me about the future of the human race – not in a book, a film, or even a pub, Yet, in the decade that followed, employment increased, especially for women, health improved, otters and salmon returned to the local rivers, air quality improved, cheap flights to Italy began from the local airport (…) I feel angry that I was not taught and told that the world could get much better.”

Alors, oui, continuons de nous questionner, de changer, et de prendre soin de la Terre. Mais sans oublier tout ce qui finit par aller mieux. Et joyeux Jour de la Terre à tout le monde.

P.S.

Pour être juste : L’environnement ne donne pas seulement lieu à des campagnes de pub sombres. Parmi celles qui ont opté pour des approches plus réjouissantes,  citons cette campagne belge pour le WWF, cette campagne grecque pour Greenpeace, et cette campagne australienne, encore pour le WWF. »

Voilà.

Pour vous mettre à jour, vous pouvez allez voir ici les communications faites autour du 22 avril cette année.

Dans les billets un peu dans la même veine que j’ai publiés depuis, je peux atttirer votre attention sur celui-ci,au sujet du documentaire « Survivre au progrès », de même que celui-là qui recensait des progrès vraiment encourageants à d’autres égards. Enfin, j’attire l’attention sur ce billet écrit récemment par Lise Ravary, et qui fait aussi un bien immense à lire.

Et je salue tous ceux qui, partout sur la planète, ont fait avancer depuis des décennies la cause environnementale, et continuent de le faire. Et je trouve aussi que apprendre à faire contrepoids aux discours-catastrophes fait désormais partie de la façon de continuer d’avancer.

Et je souhaite un excellent Jour de la Terre à tout le monde.

 

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