Sur les indignés de Occupons Montréal : trois trucs qui sont bien

J’ai déjà questionné bien des aspects du mouvement Occupons Montréal. Et je me permettrai sans doute de le faire à nouveau. Mais d’ici là, ne nous privons pas non plus de souligner quelques côtés positifs.

Le Square Victoria hier: un campement...

-Calme et tolérance. Le maire Gérald Tremblay, dans une de ces maladresses impromptues dont il a le secret, a déclaré que Montréal était « la capitale de l’harmonie ». On reste encore perplexes quant à ce que cela veut dire au juste, et  surtout, dans ce cas-ci, sur jusqu’où cela pourrait nous mener… Mais en me promenant sur le site du Square Victoria hier, vers l’heure du midi, je dois dire que je ne pouvais pas faire autrement qu’être épatée par la capacité de tolérance qui existe dans cette ville. Deux responsables de la sécurité et des incendies parlementaient calmement avec deux « indignés », et leur expliquaient pourquoi, dans la disposition des tentes et de leurs autres installations, certaines choses pouvaient demeurer,

... des consignes...

et d’autres non. On leur expliquait notamment le danger de certains des matériaux utilisés dans les « cabanes » que certains avaient commencé à construire. Pendant ce temps, certains « campeurs » achevaient de démanteler certaines de ces installations (sans forcément avoir le sourire aux lèvres, il faut bien le dire), tandis que des responsables de Travaux publics chargeaient les rebuts dans un camion. Des policiers stationnaient dans deux voitures à proximité, sans intervenir.  Les travailleurs qui revenaient de leur pause de lunch passaient en jetant parfois un coup d’œil curieux au campement, sans s’émouvoir outre mesure.

 

... de la coordination, un horaire...

Au risque de sembler boy-scout sur les bords, il me semble que cela vaut la peine d’être souligné. Songeons un moment à  combien d’endroits dans le monde ce genre de scénario serait tout bonnement impensable. Mais ceci dit, comme en toute chose, il faudrait peut-être voir à ne pas trop étirer l’élastique.

– Rendez-vous des générations. Honnêtement, c’est devenu moins évident maintenant. Mais au début, peu après la première manifestation de la mi-octobre, on a vu des retraités, baby-boomers désireux de s’impliquer dans quelque chose –  et peut-être , de renouer avec leur passé contestataire – venir prêter main-forte aux jeunes « indignés », préparant des repas, apportant des couvertures…  Et à la même période, j’entendais à la radio Michel Venne, directeur général de l’ Institut du Nouveau monde, parler de son Rendez-vous national des générations, et de l’importance de créer des ponts pour qu’on n’aie plus seulement « les maisons de jeunes d’un côté et les clubs de l’âge d’or d’un autre ». Alors Michel, pour recruter, tu devrais peut-être aller faire un tour du côté du campement des indignés.

... et de la surveillance.

Ordre, démocratie et civilisation.  Une sorte de quartier général est établi, près duquel se trouve un écriteau sur lequel est spécifié « Sobriété, propreté, non-violence ».  On y retrouve une sorte de cantine, et, à côté, une plonge pour la vaisselle. Bac à déchets et recyclages sont à proximité, avec écriteaux incitant à recycler.  Il y a une sorte d’infirmerie et à côté, une bibliothèque garnie d’ouvrages variés en format de poche (bref aperçu après un coup d’œil rapide :  œuvres de Michael Crichton, de Michael Connelly, Les Misérables de Victor Hugo (en trois tomes), Airport de Arthur Hailey…).  C’est là aussi que semble se trouver une sorte de centre de coordination et d’information. Un panneau-horaire renseigne  sur les activités de la semaine, qui incluent des sessions de grand-ménage collectif, et d’éducation économique (avoir le temps, je serais curieuse d’y assister…). Les médias sociaux, à commencer par la page Facebook et le compte Twitter – assorti du hashtag #OccuponsMontreal – entrent évidemment dans l’équation. Et donc, on a ici une superbe démonstration de comment s’organise peu à peu, à partir de zéro, une micro-société, en se basant sur les principes mêmes dans lesquels nous baignons depuis toujours sous nos latitudes : démocratie, organisation, importance de trouver des consensus…  Tirons notre chapeau à ceux qui ont pris le leadership là-dessus.  En fait, le campement des indignés ne pourrait jamais fonctionner si ce n’était des principes de base de la société dont ils rêvent de jeter à terre les fondements et les institutions. Mais ceci est un autre sujet…

D’ici là, saluons cette expérience. Et, si je peux me permettre une modeste proposition, je suggérerais aux indignés de lever le camp maintenant, en sauvegardant l’honneur. Et avant de devoir se retirer piteusement lorsque le froid, la neige, la sloche (ou, sait-on jamais, un virage à 180 degrés de l’administration municipale) auront fait leur œuvre. Ou pire, qu’un incident malheureux finisse par se produire. Tout cela, sans trop m’illusionner sur la portée qu’aura en fin de compte ce genre de suggestion.

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