On ne dira jamais assez de bien de L’Itinéraire

Ce billet porte sur un sujet que je m’étais proposé de traiter depuis un moment déjà, et que la rencontre avec mon camelot préféré (en face du Renaud-Bray sur St-Denis) m’a remis à l’esprit récemment. À savoir: l’inestimable richesse que représente L’Itinéraire, ce « journal de rue », vendu à Montréal par des itinérants. Si, comme moi, il vous arrive assez régulièrement devant un endroit où un camelot a son « quartier général », vous l’achetez sans doute, au moins une fois de temps en temps.

Le plus récent numéro de L’Itinéraire: un achat qui fait toujours plaisir, non ?

Et je vous parie un gros 3$ que vous vous sentez 1000 fois mieux que quand vous passez sans rien donner, en hâtant le pas, devant quelqu’un qui tend la main, en vous débattant avec le dilemme habituel:  « Je ne peux quand même pas donner à tout le monde, de toute façon serait-ce une bonne chose, cela passerait peut-être en alcool ou en drogue de toute façon, etc. »  Et on se sent à peine mieux quand, vite, vite, on donne une « piasse » ou deux: « Qu’est-ce que cela donne vraiment au bout du compte, est-ce que je ne fais que contribuer à perpétuer la situation, etc. ».

Acheter L’Itinéraire, c’est  différent.

Pour commencer, on s’arrête  et on parle, ne serait-ce que pour s’informer du prix. Et on finit en se souhaitant mutuellement bonne journée. Entre temps, on a échangé quelques propos, sur le temps qu’il fait, sur le contenu du journal… L’un m’avait, une fois, fièrement signalé qu’il y avait un article de lui cette semaine-là. Chaque édition de L’Itinéraire comporte des « Mots de camelots » sur différents sujets, rédigés par des vendeurs du journal, et un « Zoom Camelot », où l’on présente un des camelots: son histoire, sa façon de voir la vie, ses difficultés, etc.

Le journal – qui, il y un peu plus d’un an, avait procédé à une refonte et lancé une campagne de pub, toutes deux orchestrées par l’agence Bos – est d’excellente qualité. Le « coaching » et la réinsertion sociale font évidemment partie de la mission du groupe. Je dois dire que, comme journaliste, cela me fait tout un velours de voir des débuts de réhabilitation passer par ce métier, et par tout ce qui a trait à la production d’un magazine.

Et donc hier, j’ai donné, en échange de sa dernière copie de l’Itinéraire, le 3 $ habituel à mon camelot du Renaud-Bray (à qui je me promets de demander son nom la prochaine fois); et dont je savais que 1,50$ lui revenait directement; et qui m’a confié qu’il n’attendait que ça pour aller prendre un café et se réchauffer.

Évidemment, c’est bien peu de chose, par rapport à l’immense problème des itinérants qu’on voit un peu partout (et de plus en plus me semble-t-il, hélas) à Montréal.  Mais c’est déjà ça.

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