La métamorphose d’Alex Bogusky: les paradoxes de la pub sont-ils viables sous le ciel du Colorado?

L’annonce de la démission d’Alex Bogusky, co-fondateur de la célèbre agence Crispin Porter + Bogusky (maintenant davantage connue sous le nom de groupe CP+B) tombée le 1er juillet dernier,  était passée sans trop faire de vagues dans le milieu de la publicité ici, alors qu’on était en congé, que bien des gens étaient déjà en vacances, ou s’apprêtaient à l’être. En ce qui me concerne, j’avais rapidement vu passer la nouvelle avec une certaine surprise … alors que j’étais moi-même en vacances. Et sans avoir trop le temps de m’y attarder, mais en me promettant bien d’y voir de plus près, plus tard.

Alex Bogusky, autrefois de Crispin Porter & Bogusky, maintenant à la tête de Common: arrivera-t-il à "réinventer le capitalisme"?

Et voila-t-il pas que je vais, demain, aller voir et entendre la bête en personne !  Alex Bogusky ouvrira MIXX Canada à Toronto, l’événement de l’Internet advertising bureau (IAB), où je serai. Entre temps, j’avais quand même approfondi le sujet alors que, au début de 2011, j’explorais la montée des divers mouvements « slow » (slow food, slow média, slow travel, etc.) et le désir qui semble émerger un peu partout de remettre en question notre façon de consommer, de travailler, d’appréhender la vie en général…

C’est là que je n’étais documentée avec grand intérêt sur  Alex Bogusky et son étonnant revirement… Qui, en fin de compte n’était peut-être pas si étonnant. Après tout, Bogusky était l’âme et le cerveau derrière l’élaboration de la fameuse campagne anti-tabac The Truth, qui s’adresse aux jeunes en soulignant à quel point ils se font manipuler par les compagnies de tabac…. et par leurs stratégies de marketing. Et, en 2009, il a publié le livre The 9 Inch Diet, dans lequel il dénonce divers facteurs qui contribuent à l’épidémie d’obésité aux États-Unis… Ce qui a soulevé quelques sourcils, d’autant plus qu’il avait  Burger King comme client !

On retrouve un très bon résumé de son parcours dans cet article paru dans Business Week au moment de sa démission. Mais la chronique la plus fascinante est sans contredit celle publiée un mois plus tard celle publiée un mois plus tard dans Fast Company.  On y retrace les origines et l’ascension de celui qui allait devenir une sorte de « rock star » de la pub, avec tout ce que cela implique de génie, de flamboyance, de charisme…. et aussi d’arrogance. Son bureau arborait un écriteau disant: « If you want someone to make you happy, see your therapist. If you want someone to make your ads better, see me. » Plusieurs ex-collègues l’ont décrit comme un manipulateur, et un narcissique fini. Et certains voient sa récente transformation et son nouveau credo comme l’ultime manifestation de ce narcissisme.

Peu après son départ, Bogusky s’était mis à partager ses idées sur son blogue Fearless Revolution, qui tire son nom de Fearless Cottage,l’endroit où il avait depuis un moment déménagé ses pénates, à Boulder au Colorado. Plus récemment, il a lancé le  projet Common, qui, – du moins d’après ce que j’en comprends – veut favoriser le développement et la promotion d’idées, et même de divers projets par des entrepreneurs. Dans cet article de AdFreak, il parle carrément de réinventer le capitalisme. Rien de moins. On a aussi un aperçu de ses idées dans cet article de psfk.com. Et dans cet article paru dans le Globe and Mail samedi dernier, il se décrit comme un « capitaliste progressif. »

Mettons un instant notre cynisme de côté, pour admettre que le capitalisme, en effet, gagnerait sûrement à être réinventé… ou en tout cas sérieusement révisé. Un Alex Bogusky pourra-t-il y contribuer pour quelque chose ? Ou sa présente croisade émergera-t-elle finalement comme un autre « ego trip », et le summum de la récupération ?

Je vous en reparle après l’avoir vu et entendu.

MAJ

J’avais oublié de préciser que Alex Bogusky avait répondu, point par point, à l’article de Fast Company dont je  fais mention. Voir ici (et c’est toujours aussi fascinant).

  1. Marie-Claude Ducas: Les idéaux d’Alex Bogusky | Pierre Duhamel - pingback on 11 mars 2011 at 23 h 06 min

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