Billet de rentrée: la Khan Academy, internet, les maths et l’école de demain

En cette période de rentrée scolaire, je reviens sur le travail d’une organisation, la Khan Academy, qui a déjà aidé des millions d’élèves à vaincre leurs difficultés en mathématiques, ce sujet « bête noire » d’innombrables jeunes : les difficultés scolaires – qui ultimement, peuvent mener au décrochage – commencent, très souvent, par des difficultés en mathématiques. Les maths sont aussi l’obstacle numéro un pour d’innombrables adultes, lorsque se pose la question  des formations , nécessaires lors de certains emplois.

Salman Khan, fondateur de la Khan Academy: un exemple impossible à négliger en éducation

Salman Khan, qui a fondé la Khan Academy aux États-Unis, et en élaboré les programmes éducatifs, n’a jamais étudié pour devenir professeur, et n’enseigne pas dans des salles de classe. Il a étudié au MIT (Massachussetts Institute of Technology), puis a fait un MBA. Avant de fonder la Khan Academy, il travaillait comme gestionnaire de « hedge funds ». C’est aussi un passionné des maths, doté d’un rare talent de vulgarisateur.  Il y a quelques années, il s’est mis à aider sa cousine de 13 ans avec ses travaux en mathématiques. Comme elle demeurait à l’autre bout du pays, il s’est mis à communiquer avec elle en ligne, puis à faire la même chose pour d’autres cousins, et leurs amis. De fil en aiguille, il a fait, avec ses sessions, de petits vidéos qui qu’il a mis sur YouTube, et qui ont vite gagné en popularité… jusqu’à attirer l’attention de Bill Gates lui-même, qui a commencé à les utiliser avec ses propres avant, puis a décidé de subventionner la Khan Academy.

J’avais déjà parlé de la Khan Academy en mars dernier, aiguillée là-dessus par un billet de Mitch Joel (les deux billets contiennent le vidéo de la conférence TED de Salman Khan, où Bill Gates intervient). Plus récemment, le magazine Wired leur a consacré un remarquable reportage dans son édition de août; la chroniqueuse Margaret Wente en fait une excellente synthèse dans le Globe and Mail de samedi dernier; et Mashable nous apprend que Kno, un éditeur de livres numériques, a décidé d’intégrer des milliers de vidéos de la Khan Academy à ses ouvrages. Ajoutons que ceux-ci sont traduits – rien de plus facile – en plusieurs langues.

Il est assez évident que cette histoire ouvre des perspectives passionnantes sur l’utilisation, en éducation, d’internet, des médias sociaux, et de diverses technologies.  Pour permettre aux élèves d’apprendre à leur propre rythme. Pour aider ceux qui ont des difficultés  à maîtriser les notions de base, et à prendre confiance dans leur capacité, plutôt que de « tomber entre les craques » le jour où il auront un blocage sur lequel personne ne pourra les aider, et accumuleront à partir de là un retard qui deviendra insurmontable. Pour permettre aux plus doués de pousser au maximum leurs capacités.

On s’en doute, ce genre de propos en dérange certains dans le milieu scolaire, un milieu où on n’a pas particulièrement l’habitude d’être pro-changement. Mais il devient de plus en plus évident qu’on ne pourra pas toujours faire la sourde oreille. On la l’a dit et répété, les médias sociaux font éclater les canaux traditionnels de communication. Que l’on soit dirigeant d’entreprise, gestionnaire de média, directeur de communications, publicitaire ou journaliste, on doit se faire à l’idée que l’ancien modèle de communications ne tient plus. Et ce modèle allait de pair avec une forme d’autorité, qui se lézarde elle aussi : c’est la fin de l’époque où un petit nombre détenaient détenait la possibilité d’émettre un discours, pour certains qui n’avaient qu’à l’écouter.   Voilà de quoi donner de l’urticaire à certains profs, sans parler de certains directeurs, gestionnaires dans les commissions scolaires, etc. Mais plusieurs autres, dans des salles de classe un peu partout dans le monde, tirent déjà parti des outils de la Khan Academy.

Et puis, je mentionnais les journalistes, une profession où, là aussi, on subit de façon pas toujours heureuse les contrecoups de tous ces changements. Mais les vraiment bons journalistes ne sont-ils pas à la base, justement, des communicateurs et des vulgarisateurs ? Ne peut-on pas se dire que, à long terme, ceux qui se distingueront seront ceux qui vraiment le don d’apporter au public l’information dont il a vraiment besoin, et de lui aider à comprendre des notions compliquées? Évidemment, les journalistes devront aussi accepter l’idée qu’ils sont désormais en concurrence avec des gens qui n’ont pas forcément un profil « traditionnel » de journaliste. Tout comme Aslan Khan, au départ, n’a pas étudié en enseignement et en pédagogie, et n’a pas acquis son expérience dans une salle de classe.

Bonne rentrée à tout le monde.

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J’ai fait une exception pour ce sujet de rentrée, mais je  blogue rarement ces temps-ci . Je me consacre le plus possible à un projet de livre, basé sur l’expertise de Guillaume Brunet, avec l’apport de Martin Lessard. Ouvrage qui porte sur l’utilisation des médias sociaux dans un contexte d’entreprise : que vous soyez dirigeant d’entreprise (grande ou petite), chargé de communications, stratège ou même créatif publicitaire, qu’avez-vous vraiment besoin de comprendre et de savoir au sujet des médias sociaux? Comment les utiliser au mieux, étant donné vos besoins? Vous en saurez plus au cours de l’automne.

  1. Merci beaucoup Marie-Claude pour ce billet fort intéressant. Il est très important, selon moi, de toujours se questionner sur l’avenir de l’éducation au Québec.
    Permettez-moi toutefois de vous signaler qu’il est un peu dommage de constater tant d’erreurs de frappe dans votre texte, surtout lorsqu’on parle d’éducation… J’aime bien vous lire, mais j’avoue qu’il est quelque peu irritant de s’arrêter au milieu d’une phrase pour être certaine de bien comprendre son sens.
    Cela dit, je souhaite une bonne rentrée à tous!

  2. Marie-Claude Ducas

    Merci de votre commentaire ! Et j’ai corrigé mes quelques erreurs de frappe (en ai-je oublié?). On a tendance à aller parfois un peu vite quand on blogue. Et on ne peut pas compter sur des correcteurs pour intercepter nos fautes ;-) .

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