Vogue, Anna Wintour et "The September Issue" : chronique d’une fin d’époque ?

Verra-t-on jamais, à l’avenir, un patron de magazine détenir autant de pouvoir et d’influence que la célèbre rédactrice en chef du Vogue américain, Anna Wintour ? Le documentaire The September Issue, qui prend l’affiche à Montréal à partir de ce week-end, suit la « vraie » Anna Wintour; celle qui aurait inspiré  la Miranda Prestly du fameux roman à clefs « Le Diable s’habille en Prada » (« The Devil Wears Prada »). Roman adapté pour le cinéma, avec Meryl Streep, qui s’est d’ailleurs mérité une nomination aux Oscars pour le rôle de Miranda.

Dommage : The September Issue – réalisé par R.J. Cutler – qui nous avait donné, à l’époque, The War Room – déçoit:  trop superficiel, trop complaisant. À mon goût, en tout cas. N’empêche. Ceci dit, un coup d’oeil en coulisses d’une institution comme Vogue, est loin d’être dénué d’intérêt, pour tout fan de l’industrie des médias. Dans ce cas-ci, on assiste  à la planification, la confection, puis la sortie, du numéro de septembre 2007, un numéro gigantesque, qui allait atteindre le nombre record de 840 pages ! Un chiffre inégalé jusqu’alors. Et qui risque  de le rester. Le fait avait été évoqué par des chroniqueurs de mode, entre autres dans le New York Times, lors de la sortie du film à New York en août dernier. Et de fait, la « September issue » de 2009 (je l’ai entre les mains, je m’étais fait un point d’honneur de l’acheter) ne comportait « que » 586 pages.

Conséquence, bien sûr, de la récession, qui a d’ailleurs frappé aux États-Unis pas mal plus fort qu’ici. Mais aussi, à terme, de la fragmentation des médias, et de l’érosion quant à l’influence de telles publications. Parmi les scènes du film qui valent le détour, il y a celles où Anna Wintour, débarque, à Paris, pour se faire présenter les collections par les Oscar de la Renta, Jean-Paul Gaultier, Christian Lacroix… En personne. Lesquels guettent avidement la moindre de ses réactions.

Il y a aussi l’histoire de cet extravagant shooting, entièrement conçu dans le style « années 20 ». Qui passera finalement à la trappe, parce que Mme Wintour, finalement, trouvait qu’il ne convenait pas à l’allure générale du magazine :   50 000$ US, au bas mot, qui passent aux pertes et profits. Mais routine habituelle, à Vogue. Dans ce cas-ci, au grand dam de sa directrice de création Grace Coddington, qu’on pourrait qualifier d' »actrice de soutien » dans le film, et qui vaut elle aussi le détour:  lucide et terre-à-terre, cet ancien mannequin semble être la seule personne capable de tenir tête à Anna Wintour.

Mais enfin… Rappelons que Vogue appartient à Condé Nast, groupe qui publie aussi, entre autres The New Yorker, Vanity Fair, Condé Nast Traveler et Wired. Groupe qui comme la plupart des grandes entreprises médias, fait face à des baisses de revenus, et vient de fermer des magazines: Cookie, Modern Bride, et Elegant Bride, mais surtout le légendaire Gourmet Magazine .

Quel sera l’avenir de Vogue ? Quelque part dans le film, Grace Coddington déclare : « You have to keep charging ahead. You can’t stay behind… » Et Anna Wintour conclut pour sa part en disant: « Fashion’s not looking back; it’s about looking forward… » Il sera intéressant de voir comment on appliquera, dans l’avenir, cette définition du « forward looking ».

The September Issue prend l’affiche aujourd’hui (en version originale anglaise, évidemment) à l’ AMC Forum de Montréal.

  1. J’ai fait un article sur Anna Wintor,sa me ferait enormement plaisir que vous le consulter .

  2. Anna Wintor a fait un enorme parcour je respecte sont chemin , je voudrait bien y arriver un jour moi aussi ,
    grace a elle je c’est que quand on veut on peut !

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