TQS: une grille qui se tient. Reste l'image…

La version québécoise de Wipeout, à l'affiche dès l'automne à TQS
La version québécoise de Wipeout, à l’affiche dès l’automne à TQS

Dommage qu’il y ait Call-TV pour faire de l’ombre au tableau. Ça continue, sous la plume de Hugo Dumas dans La Presse de ce matin. Mais j’y reviendrai…

Et il reste que, honnêtement, la grille présentée récemment par TQS en vue de l’automne fait état d’un positionnement qui se tient: « divertissement et plaisirs coupables », ont déclaré d’emblée les dirigeants. Le tout ciblé vers les 18-49, tantôt plutôt hommes, tantôt davantage femmes, et d’autres fois les deux. À noter d’ailleurs que si on utilise encore l’appellation TQS, c’est seulement faute de connaître le nouveau nom : on nous a annoncé, d’ici la rentrée, une identité complètement renouvelée, sur laquelle on travaille avec l’agence Nolin BBDO.

Les directeurs médias, dont Infopresse publiera en détail les réactions et les pronostics dans  l’édition de juillet de Infopresse, semblent avoir été favorablement impressionnés: « sur papier, il dépasse les attentes de sa restructuration »; « positionnement viable et crédible »; « grille revampée et audacieuse »… disent les commentaires glanés ici et là.

Ce qui  représente quand même un changement de ton assez remarquable, par rapport à ce que disaient quelques-uns de ces directeurs médias à qui j’avais parlé avant que leur soit présentée la nouvelle grille de TQS.

Il faut dire que, si on se fiait à ce qu’on voyait dans les médias grand public, ça ne se présentait pas très bien. En fait, il semble que, bien peu de choses dans ce que TQS annonçait ne trouvait grâce auprès des commentateurs et des journalistes. Il y a eu notamment l’avalanche de doléances à saveur nostalgiques suite à la disparition de 110%… même si, me risquerais-je à dire, la plupart de ceux qui versaient les larmes ne faisaient peut-être pas partie de l’auditoire régulier… Puis, une série de sarcasmes a souligné l’annonce de divers retours : La Guerre des clans, la formule et l’équipe de Caféine le matin… More of the same, ont dit plusieurs…

Puis, pour couronner le tout, il y a eu l’annonce de la formule Call TV, mise en place pour l’été dans le créneau de nuit : mouture québécoise d’une formule internationale, où de « charmantes animatrices » prennent en direct les appels de téléspectateurs qui peuvent gagner des prix en répondant à des questions dites d’ « habileté ».  Du bonbon pour n’importe quel chroniqueur qui a envie d’ironiser… Et on ne s’en est pas privé, dès l’annonce de ce concept d’émission. Ça ne s’est pas arrangé lors de l’entrée en ondes de ladite émission. Et le tout se poursuit sur fond de doutes soulevés quant à la bonne tenue de ce supposé concours… On en saura sûrement plus là-dessus dans les prochains jours.

Au point de vue image, nouvelle direction de TQS, représentée par les frères Maxime et Julien Rémillard, est partie avec plusieurs prises contre elle. Il faut dire que entre l’univers de la production cinématographique, auxquels ils étaient habitués, et celui de la télé généraliste, où ils débarquaient tout à coup, il y a de notables différences. À commencer par le fait que les médias, pour diverses raisons, s’intéressent de beaucoup plus près au domaine. Et comme, parmi les premières annonces, on retrouvait les fermetures des salles de nouvelles, on pouvait difficilement s’attendre à beaucoup de sympathie de la classe journalistique… Ont suivi les divers ratés de la programmation 2008-2009, dont les cotes d’écoutes désespérantes dans certains créneaux. Programmation qui avait été mise en place, il faut quand même le dire, en un temps record.

Donc, pas étonnant que les informations qui se sont mises à filtrer peu à peu sur la saison prochaine n’aient pas trouvé beaucoup d’écho favorable. Même les directeurs médias, pourtant habitués à scruter de près les programmations, étaient perplexes. Au yeux de plusieurs, TQS s’adressait à un auditoire surtout masculin; pourquoi alors programmer des séries dramatiques? D’autres désespéraient d’y trouver quoi que ce soit de nouveau ou d’excitant. « Je ne peux pas croire qu’ils vont encore nous ramener Le Loft !», m’avait dit quelqu’un.

Et voilà que, lors de son lancement de grille préliminaire, TQS est arrivé avec un positionnement qui se tient. Résumons-en les grandes lignes. Toujours aucune production à l’interne, contraintes financières obligent. Par contre, la direction de TQS tient maintenant un discours crédible sur l’importance de travailler en partenariat avec les producteurs d’ici, avec promesse d’augmenter, au fil du temps, le nombre de productions québécoises à l’antenne. D’ici là, on programme diverses séries américaines de qualité, dont The Mentalist, Entourage, Private Practice… Et, pour couronner le tout, des quizz (parfois en traduction, parfois en adaptation locale), qui, disons-le, ne volent pas toujours forcément très haut… Mais la direction de TQS n’en a pas fait de mystère. « Divertissement et plaisirs coupables », ont répété tant Maxime Rémillard, le président et chef de la direction, que Robert Montour, le directeur de la programmation.

Reste maintenant à continuer de communiquer tout ça de façon cohérente et convaincante aux médias… y compris à ceux qui, pour toutes sortes de raisons, qui sont même parfois bonnes, n’ont pas forcément un a priori favorable. Et aussi, bien sûr, à livrer la marchandise. L’épisode Call TV fera-t-il du dommage ? Bien sûr, personne n’a fait de mystère quant au fait que ce programme relève directement du servicde commercial, et est là pour garnir les coffres de l’entreprise. Avec le recul, on on peut peut-être se dire qu’il aurait mieux valu programmer autre chose. Même si cela entre directement dans la catégorie  » plaisirs coupables « .

Mais en attendant de voir ce que tout cela donnera, saluons quand même l’audace et le culot du des dirigeants de la chaîne, pour se lancer dans les eaux périlleuses de la télé généraliste, et continuer de secouer le marché.

  1. Call TV: la saga se poursuit! « Le blog branché[!] - pingback on 10 juin 2009 at 7 h 43 min

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