Sexe, pub et création

Karen Maillia dans AdAge ces jours-ci...

Karen Mallia dans AdAge ces jours-ci...

À l’aube de cette rentrée, je suis reconnaissante à l’Américaine Karen Mallia, dans ce billet d’Advertising Age auquel Infopresse fait écho aujourd’hui, de soulever une question que  je m’étais bien promis de traiter un de ces jours.  À savoir : pourquoi n’y a-t-il toujours pas plus de femmes qui sont « boss » en création publicitaire, bordel ? Pourquoi, quand on doit constituer un jury ou une liste d’interviewés composé(e) de directeurs de création, finit-on, encore et toujours, en regardant notre liste et en se disant « ok, mais y a pas filles; qui on pourrait ajouter? »

Dans son billet, Mme Mallia, qui est aujourd’hui consultante et enseignante, mais qui, dans sa carrière, a travaillé comme directrice de création et comme conceptrice rédactrice dans des agences qui comprennent Ogilvy et TBWA/Chiat/Day, fait, pour les États-Unis, un constat qui s’applique partout, y compris ici : les femmes sont  nombreuses en planification et en médias, mais toujours pas en création. Et surtout pas dans des postes de direction.

Quant aux explications qu’elle avance, on les a entendues aussi, depuis longtemps et partout : la féroce compétition, les horaire exigeants, le style de personnalité requis, un certain facteur « old-boys-network »…  et surtout, surtout, la maternité. Toujours impossible, note-t-elle, à concilier avec les demandes de la direction de création.

Je ne peux résister à l’envie de rappeler que, en 2005, lors d’une soirée organisée pour les créatifs par ihaveanidea à Toronto, Neil French, grand (et légendaire) patron de la création à WPP, a dû démissionner de son poste après avoir déclaré, en réponse à une question, que les femmes n’arrivent pas au sommet en création pubilcitaire « because they are crap » (je vous laisse le soin de la traduction.) Entre autres propos qui lui sont attribués: les femmes ont tendance à quitter l’industrie après un certain temps pour “aller allaiter quelque chose” (« go suckle something« , et aussi “You can’t be a great creative director and have a baby and keep spending time off every time your kids are ill … Everyone who doesn’t commit themselves fully to the job is crap at it.” J’arrête là… en rappelant que les réactions ont été cinglantes, y compris sur infopresse.com. Et aussi en souligant quand même qu’il dit, en substance, à peu près la même chose que Mme Millia dans son billet : « you can’t have it all ».

... fait en quelque sorte écho à ce qu'avait dit en 2005 Neil French, quoique de façon pas très élégante.

... fait en quelque sorte écho à ce qu'avait dit en 2005 Neil French, quoique de façon pas très "politically correct".

À noter aussi que la rare exception citée par Mme Millia est canadienne : à Ogilvy Toronto, note-t-elle, Janet Kestin et Nancy Vonk se partagent la co-direction de création. Une situation que Mme Mallia explique en partie par le fait que, au Canada, « les généreux régimes de maternité et la flexibilité viennent encore plus faire ressortir l’impact que peuvent avoir les cultures et les politiques organisationnels » pour aider les femmes à progresser. À noter aussi, entre parenthèses, que Mme Vonk, qui était présente à la fameuse soirée à Toronto, avait posté sur le web, en réaction à ce discours, un billet qui a joué un rôle important dans la controverse qui a suivi.

Et puis… Corrigez-moi si je me trompe, mais il me semble qu’on n’a guère plus, ici, de dirigeantes (ni même de « vedettes ») en création publicitaire. Pourquoi ? À noter que le même pattern semble se répéter dans ce qui touche à ce nouvel Eldorado du web. Est-ce seulement une question de temps, et de générations ? Ou y a-t-il, et y aura-t-il toujours, des secteurs incompatibles avec l’ADN  féminin ?

  1. Je crois qu’à l’hypothèse de la maternité, qui selon moi est une des explications, s’ajoute celle des familles éclatées nombreuses chez nous; ce qui ne doit pas réduire le stress lié aux responsabilités chez les femmes.

    À noter qu’il y a TRÈS peu de dirigeantes point, dans les agences de pub. Je ne parle pas de directrices conseil ou même de v-p, je parle de postes décisionnels quant à l’orientation/vision d’une agence, ce qui me porte à croire que la culture du milieu serait une donnée plus influente que l’ADN féminin.

  2. There were more women than men employed in Canada in the first six months of this year – a historical first and the direct result of the recession. While it’s not a cause for celebration since women are still far from economic equality, it’s perhaps more than a temporary situation.

    What if it’s the sign of something more fundamental? Something closer to a ‘reset’ to borrow from Kurt Andersen, author of the book ‘Reset’ where he writes: Today is one of the rare moments, which happens only once or twice a century, when these cycles shift dramatically and simultaneously – when complacency ends, ossified structures loosen up, and positive change is possible.”

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