Re-Bixi: le débat des générations, maintenant…

Le cas Bixi, et l'utilisation des blogues en pub de manière générale: il y aurait peut-être matière à un débat entre générations...
Le faux blogue de Bixi, et l’utilisation des médias sociaux en pub de manière générale: il y aurait peut-être matière à un débat entre générations…

Les commentaires qui continuent d’être suscités à ce sujet sur le site d’Infopresse,  justifient un bref retour sur la fameuse affaire du faux blogue de Bixi, que j’avais commentée, comme bien d’autres, à sa sortie. De toute façon, entre temps, le tout a continué d’être abondamment commenté, entre autres chez Michelle Blanc.

Je n’en rajouterai pas ici sur les ratés qu’a connu le système. D’ailleurs, je n’ai pas personnellement essayé la chose, et je ne sais pas s’il s’agit de problèmes majeurs, ou d’inconvénients mineurs de mise en place. Disons que, pour ma part, je souhaite, malgré tout, la meilleure des réussites à cette intéressante innovation, qui a déjà au moins le mérite d’avoir beaucoup fait parler d’elle, ici et ailleurs.

Maintenant, revenons à l’angle des communications. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que l’on note la polarisation des réactions, selon la génération à laquelle appartiennent les publicitaires qui commentent.

« Et en passant, on peut faire partie de la nouvelle garde même si on a 30 ou 40 ans de métier, ce n’est pas un question d’âge mais d’attitude par rapport aux nouveaux médiums de communications qui émergent, souligne ainsi, avec à propos, Étienne Chabot, responsable du marketing de Meubles Rive-Sud, et blogueur intéressant et prolifique.  D’assimiler un blogue à de la pub, (…) dénote que les vieux réflexes de « broadcaster » sont bien incrustés. Un blogue est un outil de conversation et qui dit conversation dit transparence et confiance. Deux éléments qui manque à la stratégie développée par Morrow. D’utiliser Facebook en inventant des fausses personnes qui veulent devenir des amis avec des vraies personnes m’apparait plus comme un manque d’éthique marketing qu’un coup de génie parce qu’on a fait parler de nous…  Les efforts louables des vrais marketers authentiques et transparents seront ternis par ce genre d’initiatives qui jettent de la poudre aux yeux à court terme. »
                                                                                                                                                                          
C’est un peu ce que j’avais déjà noté, dans mon précédent billet sur le sujet. Yannis Tremblay (allez lire son commentaire au complet, sa filiation, c’est le cas de le dire, avec le débat, est très intéressante) suggère de creuser encore plus le sujet.
                                                                                                                                                                         
« (…) Ce type de débat devrait aller plus loin que quatre à cinq commentaires sur Infopresse et un lynchage en règle dans la blogosphère (…) pourquoi pas un débat, une discussion, une conférence Infopresse animée sur, non pas le dossier BIXI en particulier, mais bien le pont qui semble séparer la vieille garde et la nouvelle vague. Je suis certain que les deux partis pourraient en sortir gagnants ! Infopresse, c’est possible ? »
  1. Cette histoire est vraiment interessante. Je ne connais pas d’equivalent aux Etats-Unis. C’est un cas unique qui merite d’etre analyse proprement.

    Je ne crois pas que les blogues soient a remettre en cause plus que l’utilisation qu’en a fait les dirigents de Bixi.

    La marque entre dans le marche et demontre de mauvaises intentions. Elle trainera cette histoire pendant des mois, handicapant les resultats de la compagnie.

    Le directeur marketing et le CEO de la compagnie ayant autorise la pratique sont fautifs. Une mesure efficace pour le bien de la compagnie serait leur demission. Car leurs agissement vont nuir a l’entreprise de maniere significative. Ils ont prouve hors de doute leurs mauvaises intentions ou leur manque de comprehension du marche. Il y aura toujours une ombre sur la marque et sur la direction de l’entreprise par leur faute.

    La compagnie devrait par la suite rebondir et publiciser l’aventure et les mesures entreprises pour redresser la situation.

    Elle devrait relancer rapidement sour un nouveau nom apres avoir fait le menage interne.

    Mais cette aventure n’est en rien le probleme des blogues. Tout systeme ne peut se premunir parfaitement contre la mauvaise intention.

    De plus, le fait que l’histoire est sortie au grand jour est tout a l’avantage des bloques.

  2. Jean-François Frémaux

    Non mais je rêve ! Et pourquoi pas la cour martiale !

    Bixi et Morrow ont osé entacher la pureté du sacro-saint blog. Car c’est connu, sur les blogs, chacun est transparent et dit la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, levez la main droite et dîtes « je le jure ». On vous demande de prêter serment avant chaque post.

    Quand je vois la couverture médiatique (blogs et hors blogs) du Bixi, je me dis qu’ils ont très bien réussi leur coup ! Bravo. Aujourd’hui, tous les Montréalais connaissent le Bixi et il n’y a que ça qui compte. Tout ce qui comptait pour Bixi, c’était de créer de la notoriété.

    Il faut arrêter de prendre les gens pour des cons. Connaissez-vous quelqu’un d’assez tata pour dire « moi, je n’utiliserai jamais Bixi car ce sont les plus vilains menteurs de la blogosphère ». Une fois informés de l’existence de Bixi, les gens sont assez grands pour évaluer la pertinence du produit et ses vertus écolos.

  3. @Jean-Francois
    Je ne veux pas devenir le porte-parole officiel des blogueurs mais mon commentaire dans l’affaire BIXI visait simplement à faire ressortir que l’utilisation d’un blogue dans cette campagne est venu semer la confusion. Je ne dis pas que les blogues sont tous purs et 100% transparents mais on s’entend que le blogue est avant tout un outil de conversation. Cette conversation ne peut avoir lieu si on tente délibérément de duper son interlocuteur.

    Si tu mesures l’impact sur BIXI à court terme, c’est super, la couverture médiatique est bonne et en effet, je ne pense pas que les gens vont se priver du service à cause de cela. Peut-être que ca veut dire qu’ils n’auraient pas eu besoin d’un blogue pour se faire connaitre… C’est un autre débat.

    Ce qui m’inquiète, c’est plus l’image (encore une fois ternie) des marketers qui essaient de piéger les gens avec des méthodes douteuses.

    J’ai récemment lancé une initiative dans médias sociaux, qui se veut transparente. J’ai recu un commentaire par email d’un individu qui a assimilé notre initiative à celle de BIXI. Il pensait, que tout était fake et qu’on avait engager des faux Twitterers, etc C’est faux, ce sont des vrais gens qui travaille dans mon équipe qui anime la communauté. C’est souvent moi-même aussi!

    C’est venu confirmer ce que je pensais, cette histoire n’empêchera pas les gens d’utiliser BIXI mais elle va ralentir les efforts légitimes et transparents de plusieurs entreprises dans les médias sociaux.

    Mais peut-être que si la progression des médias sociaux se fait plus lentement, ca va donner plus de temps aux agences de pub trad pour ajuster leur offre et éviter d’autres montages à la Morrow? Sais pas…

  4. Depuis que l’affaire BIXI est montée en épingle, je me questionne sur ma perception des pubs dites insidieuses, des blogues et de toutes ces plateformes que depuis des lunes on utilise pour vanter les produits et faire rouler l’économie comme on dit. Et j’ai finalement trouvé pourquoi je me sens aussi à l’aise avec toutes ces libertés que l’on prend pour vendre nos salades. Voici en vrac, ma réflexion.

    Tous les moyens sont bons pour faire de la publicité, des bandes de patinoires aux messages sur banderoles qui se promènent dans le ciel, aux placements de produits comme on en retrouve dans le film Cast Away qui annonce FEDEX, aux bloques écrits par des fantômes ou des vraies personnes… Si je peux un jour inventer un truc pour me glisser sous la paupière des gens et les influencer pendant leur sommeil, je le ferai. Il appartient au consommateur de discerner, de faire son choix, d’ignorer ou d’acheter le produit. Je lui fais confiance. Je suis contre la pub aux enfants et les publicités mensongères, évidemment. Mon rôle est d’inventer des histoires et de mettre en place des images fortes pour séduire et influencer monsieur et madame tout-le-monde. Si mon message est fort,je les gagne à ma cause. Si le message est faible, je les perds. Je trouve que la publicité est un art, parfois kitsch, parfois sublime. Comme le cinéma. Dans le film bouleversant Sophie’s Choice avec Meryl Streep, je la crois dans son rôle de mère hystérique qui doit choisir lequel de ses enfants elle sacrifie aux mains d’un colonel allemand fou dans un camp de concentration. Je ne me dis pas : C’est un film et on a payé cette comédienne pour me faire pleurer. Je pleure, point. Parce que j’y crois. Si j’ai à vendre une Porsche et que je ponds sur un blogue un texte magique sur l’extase que procure le pilotage d’un tel bolide, je n’en éprouve pas de remords si je raconte des choses vraies… même si je n’ai pas piloté la voiture. Je pourrais tout autant, sans scrupule, faire une publicité convaincante qui vante les mérites d’un nouveau tampon sanitaire…

    Le Web est un immense fleuve planétaire dans lequel on retrouve et de la pourriture et des chefs d’oeuvre d’imagination. Il n’y a pas de normes, pas de censure. C’est ce qui fait sa beauté. Où va-t-on mettre la ligne dans le courrier des lecteurs et les blogues si l’on se met à censurer? Faudra un passeport et un examen médical avant de signer? Une radiographie qui passe à travers les vêtements pour s’assurer que c’est bien une femme qui écrit?

    Voyons donc les puristes!
    Lâchez-vous lousses et faites confiance au monde !

    Roger Tremblay
    publicitaire

    P.S. Et félicitations à mon fils Yannis qui a provoqué ce débat. Toujours pas d’accord avec toi mon grand, mais au moins, on ne se tape pas sur la gueule !

  5. Yannis Tremblay

    Ah Roger… Je suis en accord avec toi. En bon fils je me résigne. Tu as raison. Sur toute la ligne.

    Dans tes rêves. Tu me connais, je ne lâcherai pas ! Je crois encore que, malgré ta passion visible pour la publicité, ton amour de la communication et ton talent sans limite pour la bonne création, tu fais fausse route. «Il appartient au consommateur de discerner, de faire son choix, d’ignorer ou d’acheter le produit. Je lui fais confiance. Je suis contre la pub aux enfants et les publicités mensongères, évidemment.» C’est une de tes citations. Tu n’es pas contre la vertu. C’est bien.

    Toutefois, pour moi, le faux blogue BIXI (avant d’en devenir un vrai) s’inscrit parfaitement dans la catégorie des publicités mensongères. Pas un gros mensonge. Non. Sincèrement, rien de bien grave. Juste un faux blogue opéré par de fausses personnes qui ont des faux comptes sur Facebook. Bref, une fausse initiative Web qui invite de vrais internautes à témoigner de leur amour pour une fausse cause qui deviendra le support d’un vrai client ventant et vendent un vrai produit.

    C’est compliqué pour rien… Faire du faux avec du vrai. Voilà ce qui me dérange. BIXI, malgré quelques ratés technologiques semble-t-il est le produit le plus sexy en ville. Une campagne Web bien orchestrée avec un vrai blogue et de vrais passionnés de vélo aurait pu avoir le même impact. Une vraie Mélanie Gomez aurait pu conserver ses 1 500 amis Facebook et faire la promotion du blogue, de la fan page sur Facebook et des autres initiatives Web. Est-ce que BIXI est devenu populaire par la controverse ? Non. BIXI est un produit intelligent qui semble répondre à un besoin. Point.

    Est-ce une raison pour crucifier Morrow Communications ? Évidemment non. Est-ce une raison de traiter les publicitaires d’expérience comme toi de séniles et d’attardés ? Laisse-moi y penser… Non plus. Plus que jamais, je crois que la publicité au Québec (et partout ailleurs) est en train de vivre une transition. Nous sommes tous des acteurs importants de cette évolution et je crois que certains publicitaires doivent s’imbiber de la réalité sur le terrain Web. Le contraire est aussi vrai.

    Voilà pourquoi, via Infopresse ou autres, un débat ou plutôt un échange entre ces acteurs doit avoir lieu.

    Yannis Tremblay
    Fils de pub et fan de Web

  6. Retour sur Bixi et son fameux blogue… « Le blog branché[!] - pingback on 17 juin 2009 at 14 h 46 min
  7. @Yannis et @Roger
    Quand j’ai fait mon premier commentaire sur Infopresse, j’étais loin de me douter que je serais pris dans un débat d’idées entre 2 générations de communicateurs représentées par le père et le fils!

    Yannis, par rapport à ton dernier commentaire,on a la même vision. Je suis d’accord avec tous tes arguments. Ils sont solides et tiennent très bien la route même auprès de vieux routiers de la pub trad. Un mensonge est un mensonge. Ce n’est pas du puritanisme que de vouloir éviter de mentir en marketing. C’est en train de devenir une règle de base parce que les règles ont changé. Le pouvoir n’est plus entre les mains des annonceurs mais bien entre les mains des consommateurs. Ce sont eux les publicitaires des temps modernes. Si on les dupe, on se prive d’un bouche à oreille positif qui aurait pu avoir lieu entre ces consommateurs à propos de notre produit, notre marque, notre service ou notre idée.

    Quant à ce débat, je serais très heureux qu’il ait lieu en face à face parce que j’ai l’impression que de simples commentaires écrits sur des blogues ne nous permettent pas d’aller au fond de nos idées.

    Qui sait, peut-être nous croiserons-nous un jour dans la vraie vie. Ce serait un plaisir!

  8. À Étienne, Yannis et tous les autres :

    Un débat face à face, quelle belle idée !

    Je ne vais pas revenir sur ce qui a été dit, mais seulement pousser un peu plus loin ma réflexion.
    Je suis contre le mensonge en pub. Je ne prêterai jamais à un produit des qualités qu’il n’a pas. Je considère aussi qu’il n’y a pas de limites dans les moyens à prendre pour convaincre les gens qu’ils devraient adopter le produit x ou y. Et tout compte fait, le consommateur est encore roi dans cette affaire. À tout moment, il peut cesser d’employer un produit, rayer un restaurant de sa liste, boycotter une marque d’essence, changer de banque, de dentifrice, de marque de pneus sans crier gare. Souverain, le consommateur pourrait – avec les moyens de communication à sa disposition, rayer bon nombre d’entreprises de la carte. La concurrence est forte, les organismes de protection sont nombreux et les annonceurs ont fort à faire pour séduire la masse.

    Et pour la séduire cette masse nous, les publicitaires, on invente des trucs, des promotions, des histoires éclatées, des témoignages, des situations humoristiques, des mini drames…

    Je n’en reviens pas encore de la levée de boucliers contre ces faux bloques.ET C’ÉTAIT POUR VENDRE UN PRODUIT! nous crie-t-on! Et alors ? – C’est bien ce produit? Essayez-le! – Il n’est pas bon ce produit? Laissez-le de côté! Et l’histoire finit là.

    Dans le fond, à bien y penser, je comprends la frustration des mécontents dans de débat. C’est comme si je révélais tout d’un coup que ce ne sont pas les courriels de Roger Tremblay que vous avez lus dans ce débat, mais ceux de sa conjointe… qui pense exactement comme Yannis, mais qui a créé un faux débat. juste pour le plaisir de la chose, en signant le nom de Roger.

    Ah la la. on n’en sortira jamais.

  9. @Bastien
    Le cas est loin d’être unique – McDonald, Walmart et Sony l’ont fait eux assi… D’ailleurs, le phénomène à un nom, semble-t-il: le flog (fake blog).

    Un article sur le sujet, datant de décembre 2006:
    http://adage.com/smallagency/post?article_id=113945

  10. On n’est pas les seuls à se poser des questions éthiques à ce sujet, même la FTC aux USA veut se mettre le nez là dedans…

    http://www.google.com/hostednews/ap/article/ALeqM5j6DZ0gpsCSwquntzof4FR4yfqYXwD98V7B880

  11. Bixi, faux blogues et nouveaux marketers « Etienne Chabot’s Blog - pingback on 14 septembre 2009 at 16 h 41 min

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