Montréal: living, branding et marketing-ting-ting

Infopresse rend compte aujourd’hui d’un article paru dans Stratégies, qui, sous le titre  Made in Montréal, relate la portée internationale de certaines réussites montréalaises en matière de création….

L'identité de Montréal: attention aux pièges du "marketing-ting-ting"...
L’identité de Montréal: attention aux pièges du « marketing-ting-ting »…

OK,  je vous entend déjà (certains d’entre vous, à tout le moins): « ras-le-bol de l’exemple du Cirque du Soleil, les Têtes à claques sont out, Reversa, ça commence à être vieux, et Sid Lee,, on est déjà tannés ». Au moins, il n’a pas été question de Céline Dion

Mais pensons-y quand même un petit peu: il y a quelque chose de remarquable dans ces percées, toutes liées d’assez près à l’univers de la pub et des communications. On parle d’une industrie qui, à toutes fins pratiques, n’existait pas il y a 30 ans. Et où, il y a tout au plus 15 ans, on célébrait encore le simple fait d’être arrivés à vendre à un annonceur le moindrement important l’idée de faire autre chose que « de l’adapt »… Maintenant, on a un Taxi qui, après New York, ouvre à Amsterdam. Et un Sid Lee qui promène partout dans le monde son Adidas et qui, après Amsterdam, s’implante à Paris. Ce qu’il y a d’intéressant à noter, c’est que ce sont des succès un peu atypiques. Rien de comparable avec la façon dont se sont implantés, jusqu’ici, les grands réseaux de publicité. Et c’est sans doute pour cela qu’il y a des chances de réussite. D’ailleurs, il y a sans doute un parallèle à faire avec ce qui se passe au niveau culturel pour les Québécois à l’étranger, à commencer par Paris: après l’ère du Cirque du Soleil et de Céline Dion, le « buzz » québécois est désormais lié à des Ariane Moffat, Fred Pellerin, Coeur de Pirate, et même Marc Labrèche et son « Coeur a ses raisons ». Je reviendrai sûrement, tant sur le sujet de l’industrie de la pub que de la culture.

Oui,  moi aussi j’haïïïs la complaisance et le « pétage de bretelles », de même que notre éternel réflexe du genre « ah-c’est-donc-extraordinaire- ils-parlent-de nous en France-ou-aux-États) ». Heureusement, on commence à être assez habitués pour en revenir…

Mais c’est désormais un autre danger qui nous guette: l’enflure liée à l’administration, la politique, et, oui,  aux communications et au branding. Parce qu’on s’interroge, évidemment, sur l’identité de Montréal: qui sommes-nous? Pourquoi les gens auraient-ils envie de venir nous visiter, et, surtout, de venir travailler ici et s’y installer? Gilbert Rozon, de Juste pour rire, a récolté de nombreux échos, fort justifiés, lorsqu’il a lancé ses idées sur ce que pourrait être un « branding » pour Montréal. C’est bien. Mais c’est drôle, le mot « branding » m’inquiète : c’est exactement le genre de « buzzword » qui peut servir à créer des monstres ou des éléphants blancs… En fait, ce que signalait surtout Rozon, c’est qu’il faut commencer par se brancher sur ce qu’est notre identité: qui sommes-nous au juste ? Pourquoi les gens auraient-il envie de venir nous visiter, et, encore plus, de vivre et de travailler ici? Là-dessus, il soulevait des pistes intéressantes, en disant une fois pour toutes qu’il ne faut plus essayer d’égaler Paris, New York ou Londres. S’il faut absolument se comparer, des villes comme Barcelone, Amsterdam ou Dublin sont de meilleurs exemples. Et, une fois qu’on a dit cela, on ne peut pas juste décider de se lever un beau matin, et de « brander » une ville.

C’est un peu ce qui se passe ces temps-ci autant en pub qu’en culture: il n’y a pas eu de comité, de réunion, de lignes directrices, ou de communiqués de presse sur la présence internationales des artistes ou des agences. Il y a simplement eu diverses initiatives, très différentes, qui n’ont en commun que la pertinence, la qualité, un ouverture sur le monde, et, en même temps, un profond enracinement dans notre identité.  C’est drôle, j’y vois un rapprochement avec la chronique de Foglia samedi dernier, qui offrait un point de vue rafraîchissant alors que tout le monde déchirait sa chemise en enviant Québec et son maire Labeaume: depuis quand attend-on un maire, une supposée « vision », des directives politiques, avant de faire des trucs « trippants » et intéressants?

  1. Montréal… une belle ville? « Le blog branché[!] - pingback on 4 juin 2009 at 9 h 19 min

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