On n'arrête pas de "faire du sens": pourquoi n'y en a-t-il pas plus sur le marché ?

Je ne vais pas faire très souvent ce genre d’exercice. Mais l’expression m’énerve tellement, et devient tellement répandue, que je ne peux m’en empêcher: je vais faire un Guy Bertrand de moi-même (pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est le « linguiste en résidence » à Radio-Canada, affectueusement surnommé « l’ayatollah » par ses collègues).

L’expression en question, c’est :  « faire du sens ». Comment dans « ça fait du sens de faire ça »; quand on regarde les choses de cette façon, ça fait du sens »; etc.  On l’entend de plus en plus souvent, y compris dans la bouche d’animateurs et de chroniqueurs dont la qualité de langage est autrement exemplaire. Et on en use et on en abuse, depuis on bon moment, dans le monde de la publicité et du marketing. Je l’ai encore entendue, à plusieurs reprises, lors de la Journée Infopresse sur la commandite, à laquelle j’assistais un peu plus tôt aujourd’hui, et je ne peux plus retenir ce cri du coeur: ASSEZ ! Rien ni personne, en français, ne « fait du sens ».

Je n’ai rien contre les emprunts à l’anglais, surtout quand il s’agit d’expressions imagées et intraduisibles. J’en utilise d’ailleurs moi-même sans doute un peu trop (et j’ai régulièrement des échanges épiques avec notre propre ayatollah à nous).  Mais ici, on a affaire à un affreux et insidieux calque d’une expression qui existe en anglais:  « making sense », comme dans « it makes sense », « it doesn’t make sense ». En français, on peut dire: « ça a du sens », ou à la négative: « cela n’a pas de sens », ou encore, « ça ne tient pas debout ». Ce n’est pas plus long, ni plus compliqué, et c’est parfaitement clair.

Voilà, c’est dit, je me sens mieux. SVP, propagez ce point de vue… si vous trouvez qu’il a du sens, évidemment. Et y a-t-il d’autres expressions qui vous tapent autant sur les nerfs ?

  1. Content de voir que je ne suis pas le seul fatigué d’entendre cette mauvaise expression …qui n’a pas de sens.

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