Voyager en train (et avec Amtrak)

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L’Adirondack, de Amtrak: un superbe trajet… mais qui demande de la patience.

J’ai exaucé un fantasme, lors de mes vacances. Je les ai débutées –  et terminées – en prenant l’Adirondack, ce train qui fait la liaison Montréal-New York. (Avec le reste de ma famille. Pour qui c’était un fantasme, aussi).

Chacun ses fantasmes, diront plusieurs d’entre vous… En même temps, on ne peut pas enlever au train des attraits que d’autres moyens de transports n’ont pas. Il y a, pour commencer, la perspective de découvrir des paysages, bien plus qu’on ne peut l’espérer en auto ou en autobus (en avion, on n’en parle même pas). Et puis, ne venez pas me dire qu’il n’y a pas une sorte d’aura romantique rattachée au train. Pouvez-vous, par exemple, imaginer un moyen de de transport qui ait fait l’objet d’autant de chansons que le train ? Sans compter plein de scènes mythiques de la littérature ou du cinéma, qui font figurer des intrigues, des poursuites, ou des rencontres insolites dans les trains…

Je prends le train chaque fois que j’ai une chance. Si j’ai un trajet Montréal-Québec et que les horaires s’y prêtent, je vais préférer le train à l’autobus. Je suis allée, en famille, en train jusqu’à Halifax, il y a de cela quelques années. Puis, plus récemment, même chose jusqu’à Vancouver. Il restait encore à faire ce train Montréal-New York… Et donc, pour des vacances sur la côte Est des Etats-Unis cette année (planifiées avant que le dollar canadien ne s’effondre…) on a donc décidé, au lieu de s’y rendre en voiture, de commencer par un séjour à New York précédé de ce fameux trajet sur l’«Adirondack ». (Sérieusement : connaissez-vous d’autres moyens de transports dont les trajets ont ainsi des noms ? L’Adirondack. Le Silver Star. Le Vermonter. Et, bien sûr, le plus que mythique City of New Orleans… Même chose au Canada : Le Chaleur. L’Océan. Le Canadien…)

Il m’est arrivé à plusieurs reprises, à la Gare Centrale le matin, en voyant des gens en amtrak-train-2file devant l’écriteau qui annonçait le trajet « Montréal – Westport (Lake Placid) – Saratoga Springs – Albany – New York », et d’avoir envie de m’acheter un billet, là, tout de suite, et de disparaître pour la journée. En m’emplissant les yeux d’images de bord du Lac Champlain, de paysages de campagne américaine, de gares de petites villes, de rive de l’Hudson… avant de débarquer au cœur de New York, dans les entrailles de Penn Station.

Alors voilà, on l’a finalement fait pour vrai. Et oui, on s’est bel et bien empli les yeux de ce genre d’images. Et on a pleinement apprécié. J’y reviendrai dans un prochain billet… Malheureusement, je dois d’abord vous parler d’autres spects du voyage, moins plaisants, mais qui ne peuvent pas être ignorés. Il vous est arrivé de pester contre Via Rail ? Eh bien croyez-moi, après une expérience avec Amtrak, vous en direz du bien, par comparaison…

Ok, on ne s’embarque pas pour un tel trajet en train quand on est pressé. Cela fait partie du « deal ». Et même, pourquoi pas, de l’attrait: le « slow travel » n’est-il pas supposé être une tendance ? Mais il y a quand même des limites… Que les voyages en train nous font constamment franchir, avec leurs retards qui sont la règle plutôt que l’exception.

Notre retour, de New York à Montréal, a pris treize heures.

Treize.

Heures.

On aurait pu aller en Europe, aller-retour, en avion.

Après une portion de trajet à vitesse honorable, on doit se ranger à un endroit X, parce que l’autre voie est en travaux, et qu’un autre train qui arrive en sens inverse a priorité… Cela arrive couramment en train. En plus, au Canada, les trains de marchandises ont priorité sur les trains de passagers… Je ne sais pas si les mêmes statuts prévalent aux Etats-Unis, mais l’expérience est similaire : on ne sait jamais quand, ni combien de temps, on va se retrouver ainsi en attente… Et cela arrive régulièrement. Et puis, à partir de la frontière, ça se gâte. On passe plus d’une heure et demie aux douanes. Puis, quand le train repart, il est d’une lenteur affligeante: deux heures entre Lacolle et Montréal, pour un trajet que prendrait trois-quarts d’heures en voiture. C’était la même chose à l’aller : arrêt interminable à la frontière ; et, pour la portion canadienne, tronçons interminables effectuées à une vitesse de tortue… Y a-t-il une loi qui limite la vitesse des trains d’Amtrak en sol canadien ?

Et puis tiens, puisque j’aime bien poser des questions dans mes billets continuons comme ça. Pourquoi immobiliser, pour peut-être un ou deux cas plus problématiques, un train entier avec quelques centaines de passagers ? N’y aurait-il pas moyen de faire autrement ? Pourquoi pas une pré-douane, comme cela se fait à l’aéroport de Dorval pour la douane américaine ? Ou alors, on spécifie clairement les critères pour passer la frontière sans encombre, en avertissant que ceux qui ne les respectent pas seront débarqués sur le train au poste-frontière…

J’aurais plein d’autres questions, liées à la façon dont on pourrait rendre les voyages en train plus efficaces, agréables et intéressants, mais je vais les gardes pour un prochain billet. Et une fois que j’ai dit tout ceci, faut quand même souligner que, c’est remarquablement pas cher. Faut seulement être riche en temps… et en patience.

Et vous ? Aimez-vous le train ? L’utilisez-vous ? Qu’avez-vous à en dire ?  Et, si vous l’avez pris à ailleurs dans le monde, quelles sont les expériences qui vous ont le plus marqué – en bien ou en mal -, et pourquoi?

(Ce billet a auparavant été publié sur Le Journal de Montréal.)

  1. Caroline Nadeau

    Je n’ai jamais pris le train d’Amtrak, mais j’avais entendu les mêmes commentaires sur le temps de trajet. Donc aller en train, retour en avion? Quant à VIA, je n’ai vécu que de belles expériences. Préférant de loin le train MTL-Toronto, même si c’est long, à l’avion!
    J’ai voyagé en train en Europe. Ce sont mes plus beaux souvenirs de voyage.

  2. Je l’ai fait. Aller-retour. Oui, long. TRÈS LONG. Le temps de regarder dehors longtemps, et de voir des coins de pays autrement réservés aux oiseaux… Mais surtout le temps de regarder en-dedans. Si on le prend en mode méditatif, le voyage ne prend pas de temps, il en donne.

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