Vendre des livres à l’ère d’internet… en s’inspirant du 19e siècle

Je suis tombée, il y a une couple de jours, sur cet article dans le National Post, qui va intéresser quiconque s’intéresse aux livres et à leur avenir. Les médias imprimés, on le sait, en arrachent depuis un moment, pour faire face aux défis posés par l’arrivée d’internet. Et les livres en font partie.

Vendre des livres à l’ère d’internet... en s’inspirant du 19e siècle

L’article, intitulé Do as Dickens did, attire tout bonnement l’attention sur ce fait: l’œuvre de Charles Dickens, dans l’Angleterre du 19e siècle, était immensément populaire… Y compris chez des gens qui n’avaient rien d’intellectuel. Et même qui, dans certains cas, ne savaient pas lire.

Comment cela?

Parce que ses œuvres étaient publiées, par épisodes, dans les journaux populaires de l’époque. Quand la popularité d’œuvres comme The Pickwick Papers  est devenue suffisamment grande, on a vu s’organiser des lectures publiques dans des boutiques et des magasins de tabacs, au bénéfice de ceux qui ne savaient pas lire. Les œuvres étaient construites en fonction de laisser les gens sur un suspense, de semaine en semaine. Et les gens attendaient la suite avec impatience…

Quand on y pense, c’était la même chose du côté français, à la même époque, avec des œuvres comme Les mystères de Paris, de Eugène Sue, et Les mystères de Londres, de Paul Féval. Des œuvres qui font partie des classiques aujourd’hui, mais que, à l’époque, leurs auteurs produisaient semaine après semaine, en ayant en tête de découper chaque fois un épisode qui se tiendrait, et saurait laisser les gens sur leur appétit jusqu’à la semaine suivante.

Et donc, l’auteur de l’article pose la question: pourquoi ne réfléchit-on pas davantage, de nos jours, à ce genre de pistes, dans les entreprises qui éditent et mettent en marché les livres? Et chez les auteurs? Il y a belle lurette qu’on ne mise plus sur les feuilletons qui ont connu leur heure de gloire au 19e siècle. Et, depuis des décennies, on a bâti un contexte où un livre a quelques semaines pour s’imposer, avant d’être condamné au flop commercial, puis, souvent à l’oubli… Et ce, même dans des cas où on a alloué des ressources relativement importantes pour le marketing et les relations publiques.

Quand on y pense, c’est le summum de l’ironie. Le «marketing de contenu» est le nouveau buzzword: les entreprises s’évertuent à mettre au point du contenu pertinent, qui donne à leur public un bon aperçu de ce qu’elles ont à offrir… Or, les éditeurs ont précisément cela à offrir: du contenu. Du contenu avec lequel leur public a envie de s’engager profondément et intimement. Et du contenu générateur d’opinions marquées, susceptible de générer des discussions passionnées… Pourquoi n’y a-t-il pas davantage d’éditeurs pour tirer parti de tout ça, à l’ère des réseaux sociaux?

Laisser un commentaire