C2-MTL : à l’an prochain

Cela fait plusieurs jours que je voulais revenir sur l’événement C2-MTL, qui s’est tenu à Montréal il y un peu plus d’une semaine. Le moment arrive enfin…

 C2-MTL : à l’an prochain

Dans le billet que j’avais écris suite à la première journée de C2-MTL, je soulignais que, ce qui distingue cet événement, et ce qui peut sans doute lui donner les meilleures chances pour sa placer sur la carte mondiale des évènements d’affaires, c’est son emphase sur l’entrepreneuriat de l’avenir. Et en particulier, tout ce qui touche à l’entrepreneuriat social.

Autant, quand on pense à Davos, on pense « pouvoir, argent et grands décideurs », autant les Lions de Cannes, rebaptisés « Festival de la créativité », sont synonymes de créativité et de stratégies d’entreprises, autant South by Southwest (SXSW) est là où il faut être pour voir venir les prochaines nouveautés technologiques et l’impact qu’elles exerceront sur nous, autant C2-MTL pourrait bien se positionner comme LA conférence où il faut être pour vraiment comprendre où s’en va l’entrepreneuriat, et, surtout, saisir et sentir cette nouvelle

réalité qui devient incontournable: les entreprises ont besoin, maintenant, d’avoir un sens aigu de leur mission sociale, et l’intégrer dans tous leurs agissements.

On peut faire le parallèle avec ce besoin, quasi-indispensable maintenant, d’être une entreprise « verte », et de se soucier, à tous les niveaux, de son impact environnemental. Mais on pourrait dire que la notion d’impact environnemental va désormais beaucoup plus loin. Les entreprises qui prennent l’avant-plan manifestent désormais un souci d’avoir une gouvernance éthique et limpide, d’impliquer leurs employés dans les décisions, de les responsabiliser, et tout ça en évitant les trop grands inéquités salariales, par exemple… C’est aussi se préoccuper de son impact social, à tous les niveaux. Mais c’est plus tout que cela, en fait : pour des entreprises qui montent, la mission sociale est même au cœur de la raison d’être. Ce qui n’empêche pas de générer des profits. Mais les profits sont réinvestis en fonction du respect de cette mission.

Ainsi, l’an dernier, C2-MTL avait accueilli le fondateur de TOMS, qui est arrivé à devenir une marque très « fashion », tout en consacrant une partie de ses profits à procurer des chaussures aux enfants qui, dans bien des pays, sont trop pauvres pour s’en procurer. Depuis ses débuts, C2-MTL voit défiler plusieurs conférenciers du même acabit.

Arrivée au bon moment

Mais il y a plus que ces conférenciers et leurs thèmes. Parce que ce genre de questions émergent bien sûr dans toutes les conférences d’affaires que j’ai nommées plus haut, et qui abordent elles aussi des sujets qui se veulent à l’avant-garde des tendances. Mais ce qui peut permettre à C2-MTL de se distinguer, c’est le fait d’être née, justement, au moment où cette nouvelle tendance prend vraiment son essor,  et de l’avoir dans son ADN. On va bien sûr parler, à Davos, d’entrepreneuriat social, mais c’est une tendance qui s’ajoute, dans cet événement créé au départ par le « big business». Et bien sûr, aux Lions de Cannes, il est question depuis des années de causes, de responsabilité sociale, de « crowdsourcing », etc. ; mais cela reste dans un événement qui émane, au départ, du grand temple à faire rêver et à faire consommer.

Avec C2-MTL, nous voilà avec un évènement qui est né avec cette époque. Cela se perçoit déjà un peu partout, et avec toutes sortes de détails : le genre d’expérience culinaire qui nous est proposée lors des pauses-repas ; le souci de l’environnement, dans la façon de servir l’eau, de ménager les contenants, de réutiliser, de recycler, etc. Et même dans les partenariats, avec par exemple Car2Go qui était un des partenaires cette année. Il y a aussi le souci d’intégrer des participants qui se réclament de ces mouvances, par exemple en offrant des tarifs spéciaux aux entreprises à vocation sociale. À mon avis, il ne faut pas avoir peur de pousser tous ces aspects encore plus loin, et de les mettre de l’avant. Tout en ayant le souci de vraiment respecter l’esprit de ce genre d’initiatives. En même temps, c’est tout un contrat, et cela invite à beaucoup de transparence, d’humilité, et d’ouverture aux critiques. Mais, c’est aussi la chance pour C2 de faire sa marque à cet égard.

Pleinement Montréal

Un autre aspect remarquable de C2-MTL, c’est son identité profondément imbriquée à l’identité montréalaise.  Cela peut sembler une évidence, mais ce ne l’est pas tant que ça. Pour reprendre l’exemple des Lions de Cannes… ou, en fait, des « Cannes Lions », on a beau avoir la mention « Cannes » dans le nom, il n’y a rien d’identitaire là-dedans. Ça se déroule à Cannes parce que c’est un super site, sur le bord de la mer, avec un climat incomparable ; et qui, depuis quelques décennies, s’est équipé pour recevoir de gros congrès et festivals. Mais, ça je peux vous le dire d’expérience, quand on assiste aux évènements pendant les Lions de Cannes, on n’est absolument pas en France. On est dans une sorte de zone franche, dans une grande atmosphère internationale. Lors des conférences, personne n’en a rien à cirer, du fait qu’on soit en France. Et on ne voit aucun conférencier se forcer pour dire « Bonjour », et prononer une ou deux phrases en français.

À C2-MTL, c’est très différent. On parle de Montréal, on mentionne le fait qu’on est à Montréal… et les conférenciers venus de l’étranger n’y échappent pas. Et quant aux participants, ils sont proprement ravis de cet état de fait. Quand on parle de l’ «audience internationale » de C2-MTL, il ne faut pas se le cacher, on parle beaucoup d’Américains. C’est normal : c’est attrayant pour eux, et pas trop loin… J’en ai croisé plusieurs cette année, et ils se montraient absolument

ravis de leur expérience, de l’atmosphère montréalaise, et du genre de rapport entre les gens qui, à C2-MTL, diffère de n’importe quel genre de conférences d’affaires qui peuvent se dérouler aux États-Unis. Ce sont des aspects qu’on finit par oublier nous-mêmes, et qu’il ne faut surtout pas négliger. Et C2-MTL est une vitrine incomparable pour tout ça, et une occasion de rencontres et de maillages inégalée, entre des intérêts d’ici, et d’ailleurs en Amérique du Nord.

Cinq ans l’an prochain

Un aspect à voir pour l’avenir, c’est peut-être, d’ailleurs, d’occuper d’autres sites dans la ville, plutôt que de se cantonner uniquement au site de L’Arsenal. Pour l’instant, c’est très bien, mais ce serait quand même faux de dire que la ville entière vibre au rythme de C2-MTL quand l’événement se déroule… N’y aurait-il pas lieu d’étendre un peu les activités, d’essaimer à d’autres endroits dans la ville ? D’offrir aux participants venus d’ailleurs encore plus d’expérience montréalaise, en même temps que de faire en sorte qu’on sente davantage l’impact de cet événement ? Ce sont peut-être des aspects à explorer l’an prochain, alors que l’événement en sera à sa cinquième édition.

  1. C2-MTL 2016 : impressions du Jour 1 – Living Lab de Montréal - pingback on 24 mai 2016 at 22 h 54 min

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