Super Bowl et pubs : un problème d’image pour les diffuseurs canadiens?

C’est quand même drôle: la plupart du temps, à peu près tout le monde se plaint de la publicité.  Sauf à l’occasion du Super Bowl : chaque année, tout le monde pousse les hauts cris parce qu’on n’aura pas accès, ici, aux pubs américaines… D’ailleurs, ceux qui le veulent peuvent cliquer ici pour visionner toutes les publicités qui ont été diffusées lors du SuperBowl de dimanche. Et, ceux qui veulent se faire expliquer, (ou réexpliquer) pourquoi et comment le SuperBowl est ainsi devenu une sorte de festival de la publicité, vous pouvez aller lire ici ce que j’en ai écrit vendredi dernier dans le journal Métro.

SuperBowl 2012

Le Super Bowl: le seul cas où tellement de gens se plaignent de NE PAS voir les publicités...

J’y expliquais aussi, brièvement, le fameux principe de la « substitution de signal » :  quand une émission américaine est diffusée ici au même moment par une chaîne canadienne, le seul signal accessible est le signal canadien, afin de garantir aux annonceurs canadiens que leurs pubs récolteront tout l’auditoire disponible. Et donc, lors du SuperBowl, même si vous synthonisiez le réseau américain NBC sur votre télévision, c’est quand même le signal de CTV que vous captiez…  avec les publicités canadiennes pendant les pauses. Même l’échappatoire qui existait encore il y a deux ans avec les services HD numériques, a maintenant disparu. Si vous voulez en savoir un peu plus, vous pouvez aussi allez lire ce billet sur le blogue montréalais Fagstein.

Cela n’arrive pas uniquement pendant le SuperBowl. C’est la même chose quand des chaînes canadiennes comme CTV ou Global diffusent une série américaine (Desperate Housewives, The Mentalist, Glee, etc.), en même temps qu’un réseau américain : vous verrez le signal de la chaîne canadienne… avec les pubs canadiennes. C’est la même chose lors des remises de prix comme les Oscars, ou les Golden Globe, par exemple.

Résumée très rapidement (voire grossièrement), la logique derrière cette façon de faire est la suivante : les émissions les plus écoutées (et de loin) sur les chaînes canadiennes-anglaises sont des émissions américaines.  Et donc, pour permettre aux diffuseurs de financer des productions canadiennes (entre autres les nouvelles et autres émissions d’informations), il faut leur assurer leur part des revenus publicitaires. Et donc, quand ils ont investi en achetant une série américaine, on s’arrange pour que toutes les cotes d’écoute  récoltées au Canada par cette série soient bel et bien enregistrées sur des chaînes canadiennes… Sinon, les diffuseurs canadiens ne pourraient pas vendre ces auditoires aux annonceurs et en tirer des revenus.

La plupart du temps, personne ne se préoccupe trop de cette substitution de pauses publicitaires. Sauf pendant SuperBowl, étant donné toute l’attente créée par les campagnes de publicité. Cet après-midi encore, en me déplaçant en voiture,  je suis tombée sur l’émission de Benoît Dutrizac au 98,5FM, alors que, en compagnie de son chroniqueur « Sports et société » Jean-Charles Lajoie, il s’en donnait à cœur joie contre CTV et les câblodistributeurs canadiens. Je n’ai malheureusement pas retrouvé l’extrait sonore, vu, peut-être que c’était hors chronique. Mais de toute façon, chaque année, les plaintes sont un peu de la même eau. Pour Vidéotron, ça devient même un enjeu. Isabelle Dessureault, la vice-présidente responsable des communications chez Vidéotron, a dû expliquer aux médias vendredi pourquoi les gens ne verraient pas les pubs américaines, du moins sur le territoire montréalais.

Mais de plus en plus, on trouve des moyens de contourner cette façon de faire. Pour ma part, j’ai pu accéder au signal de NBC sur mon ordinateur portable, en streaming, grâce à ce lien (transmis par quelqu’un via Twitter).  Et je pouvais donc comparer les pauses pubs américaines et canadiennes…  De plus en plus, il y a des moyens de contourner les barrières. Et, chaque fois, je me demande : jusqu’à quel point cela finira-t-il par vraiment nuire aux diffuseurs canadiens? Devraient-ils changer leur façon de faire? S’arranger pour offrir ici, d’une façon ou d’une autre, les mêmes publicités qu’aux États-Unis? Étant donné une multitude de réalités (dont le fait que certains produits ne sont pas offerts ici, ou sinon que les marchés sont trop différents, etc.), cela peut apparître comme la quadrature du cercle. Mais il faudra quand même, tôt ou tard, que certaines choses changent. À quel moment atteindra-t-on, à ce sujet, le fameux « point de bascule »?

MAJ

Pour votre information: voici l’explication officielle donnée à ce sujet par le CRTC. Merci à Saber Triki, lecteur de ce blogue, qui m’a relayé cela via Facebook.

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