Les fameux classements «30 under 30»… OK, mais pourquoi pas des «over 50» des fois, et même «over 60»?

Je suis tombée l’autre jour, alors que j’attendais pour un rendez-vous, sur un exemplaire du magazine canadien Marketing, avec son classement des « 30 under 30 ». En le feuilletant, une idée un peu inattendue m’a traversé l’esprit: c’est bien, ce genre de chose, mais pourquoi pas ne fait-on pas aussi, des classements  de « over-50 », et même de « over-60 »? Pourquoi ne pas attirer l’attention sur ceux qui, après des décennies de carrière, arrivent encore à progresser, faire avancer les choses, et même, souvent, à les réinventer ?

Parce qu’il n’y a pas que Marketing. Juste une recherche Google révèle une série de récents classements semblables chez des publications qui comprennent Forbes, Business Insider, Mediaweek  et… Chatelaine.

Paul Lavoie à Advertising Week 2012: « The « greens » have nothing to lose… and the « greys » have nothing to prove. »

Il y a toutes sortes de bonnes raisons pour laquelle ce genre de tradition s’est installé. C’est intéressant et important de découvrir ceux et celles qui ont des chances de devenir les influenceurs et même les dirigeants de demain. Et, au départ, pour les médias c’était une bonne façon de mettre le « spotlight » sur des plus jeunes, qu’on interviewe peu autrement: le reste du temps, surtout couvrir des sujets liés à l’économie, on fait intervenir des décideurs, en place depuis plus longtemps. Et donc plus âgés

Mais là, les choses changent, et à plusieurs égards. Les plus jeunes sont davantage. D’une part, une bonne partie des dirigeants et gestionnaires d’antan est partie à la retraite, ou s’en approche qu’avant. Et, d’autre part, la montée d’internet, des nouvelles technologies, des médias sociaux, etc., a projeté à l’avant-plan toute une série de prodiges dans ces domaines: jeunes créateurs, penseurs, dirigeant de start-up, etc. Et tant mieux pour tout cela. Mais justement, les « under-30 » ne sont plus, et heureusement, des exceptions auxquelles il faut à tout prix réserver un créneau spécial dans les médias.

Un des innombrables palmarès du genre « 30 under 30″… À quand des « over 50 », ou même « over 60 »?

Alors que pour les plus vieux… D’un côté on les fait intervenir toujours de la même façon. Ou s’il y  a des reportages spéciaux, c’est dans le genre « hommage », « temple de la renommée », « Hall of Fame », etc. Personne ne peut être contre, mais en même temps j’ai l’impression que même ceux et celles qui les reçoivent, tout en se sentant honorés, ont parfois des sentiments mélangés. Il est surtout question d’accomplissements passés, et ce genre d’hommage est présenté en général comme une conclusion, plutôt qu’une fenêtre sur l’avenir…

Pourquoi ne pas questionner les idées reçues, aux deux bouts du spectre d’âge? Dans un séminaire qu’il donnait à Advertising Week, Paul Lavoie, le co-fondateur de l’agence Taxi, conseillait aux entreprises de mieux exploiter le potentiel des « greens » (les très jeunes) et des « greys » (les plus vieux). « The greens have nothing to lose, and the greys have nothing to prove » , disait-il. La notion de retraite n’est plus ce qu’elle était, et ce n’est pas vrai que, après 55 ans, on rêve de surtout passer son temps sur les plages ou les terrains de golf. On voit de plus en plus de gens se lancer dans une seconde carrière, des « entrepreneurs en série » s’investir dans une enième entreprise, ou des dirigeants qui, tout en prenant plus de recul par rapport à leur rôle dans l’entreprise, sont justement capable d’aider leur relève à envisager de nouvelles perspectives… Après tout, quand le co-fondateur de Apple, Steve Jobs, est mort, à 59 ans, ce que tous ont souligné, c’est le départ d’un entrepreneur dans la fleur de l’âge, qui  aurait sans doute eu bien d’autre innovations à nous apporter. Pas celui de quelqu’un qui était « en fin de carrière ». Et quelqu’un comme Yvon Chouinard, fondateur de l’entreprise Patagonia, continue, à 74 ans, de diriger l’entreprise, et y a insufflé des façons de faire particulièrement innovatrice, bien après avoir passé le cap des 60 ans.

Alors, à quand un palmarès du genre  «5 over 50», ou «6 over 60», où, sur le même ton que ces fameux palmarès de «under 30», on les entendrait parler des réorientations qu’ils envisagent ou qu’ils viennent de faire. Et aussi, bien sûr, de ce qu’ils ont appris au cours de leur carrière, comment ils tirent parti de leurs erreurs passées, etc. Mais attention, « être vieux et être là depuis longtemps » ne pourrait pas être le principal critère. Il faudrait vraiment innover. Une idée, comme ça… Et puis tiens, quelles sont les premières suggestions qui émergeraient? Qui figurerait dans votre palmarès de « over 50 » ou « over 60 » ? Et pas seulement au Québec, ou au Canada, mais aussi en France, aux États-Unis, ou ailleurs dans le monde ?

 

 

 

 

  1. Jean-François B.

    Pourquoi pas ? Le phénomène des secondes carrières se développant de plus en plus, il y aura de plus en plus de « re-success story » desquelles les presques quincagénaires comme moi voudrons s’inspirer.
    Je seconde :-)
    Jf.

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