L’immense mystère du Bye Bye à l’ère 2.0

On s’est vu confirmer, il y a quelques jours, que l’édition 2011 du Bye Bye a été le plus regardée de l’histoire.

En tout, 4 759 000 téléspectateurs ont visionné le rendez-vous de fin d’année, si l’on combine la diffusion  du 31 décembre et sa rediffusion le 1er janvier. De ce nombre, 3 301 000 l’ont vu le 31 décembre.

Bye bye - reineharper

Le Bye bye 2011: des cotes d'écoutes qui défient toutes les tendances

Radio-Canada signalait par ailleurs que, historiquement, le Bye Bye est sa seule émission à avoir franchi le cap des 3 millions au cours des 10 dernières années : 3 022 000 pour le Bye Bye 2007 et 3 059 000 pour le Bye Bye 2008. (Pour la culture générale et télévisuelle de tout le monde, on rappelle que le record absolu d’écoute appartient toujours à La Petite vie du 20 mars 1995, qui, avec 4 098 000 de téléspectateurs, serait la seule émission créditée de plus de 4 millions de téléspectateurs.)

Honnêtement, je suis mystifiée. Et tout cela n’a aucun rapport avec les opinions sur la qualité de l’édition 2011. (De toute façon, personne ne peut savoir, à l’avance, si ce sera ou non « une bonne cuvée..) Mais c’est tout de même étonnant de voir un tel succès, de la part du genre de rendez-vous télévisuel que l’on pourrait croire obsolète. Qu’est-ce qui nous incite donc, encore et plus que jamais, à nous retrouver en masse devant un tel événement? C’est encore plus inexplicable que le succès enregistré, par exemple, par un événement comme le SuperBowl aux États-Unis: le sport ne présente de réel intérêt que vu en direct, et les grands événements sportifs émergent de plus en plus, un peu partout, comme de rares rassemblements à l’ère de la fragmentation.

Mais avec un Bye bye, logiquement ce devrait être très différent. Dans une remarquable analyse, Martin Lessard, sur son blogue Zéro seconde, soulignait à quel point la formule de cette revue humoristique n’a pas changé, alors que le société, elle, a tellement changé.

L’humour, d’abord, ne « se pratique plus », de la même façon. À la télé, il est maintenant partout, au point « de rendre fade la revue annuelle –qui ressemble à une redite » et puis, d’autre part,  « la balkanisation de l’humour au Québec a créé une série de ghettos impénétrables qui divise la société. L’humour trash, le cynisme branché, les farces grasses et méchantes ont leurs fans qui s’excommunient mutuellement.» Et surtout, il y a d’autre part la montée des médias sociaux. Qui foisonnent de séquences hilarantes, que tout le monde relaie en tout temps. À titre d’exemple, je vous fais ici le plaisir de partager cette désopilante parodie des chaînes d’information continues, qui circule ces temps-ci sur Facebook :

 

http://www.youtube.com/watch?v=U9MGOckIzlU&feature=share

(Au fait, QUI produit ce genre de capsules?)

Resterait  le facteur « discussion », qui est un élément important d’un événement comme le Bye bye , Mais là aussi, les choses ont changé. Et maintenant, quand la fin de l’année arrive, ne pourrait-on pas croire que tout a déjà été dit et commenté, 10 fois plutôt qu’une, sur les réseaux sociaux?

En voyant les cotes d’écoute, il faut croire que non…

Comment expliquer cela? Faut-il y voir une démonstration éclatante du pouvoir fédérateur que conserve la télé? Et pour combien de temps encore? Est-ce unique au Québec? Et si oui, qu’y a-t-il de si différent ici par rapport à ailleurs?

Si vous avez des explications, n’hésitez pas…

 

  1. La vidéo vient du site web satirique The ognon http://www.theonion.com/ Un des sites les plus drôles sur les médias américains…

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