Le blogue de Marie-Claude Ducas

Follow

On a bien parlé, lors de ces Lions de Cannes 2011,  des prix remportés par les agences québécoises, et aussi des agences ailleurs au Canada, mais on oublie de parler d’un  Grand Prix – rien de moins – qui a aussi des racines bien montréalaises :  celui remporté, dans la catégorie des CyberLions, par le projet The Wilderness Downtown, mis sur pied par conjointement par le groupe Arcade Fire et The Google Creative Lab, de New York.  Il  s’agit d’un concept assez incroyable et innovateur :  un  clip interactif, réalisé par Chris Milk et diffusé sur le web. Pour aller de pair avec les paroles de la chanson We used to wait, qui fait référence aux souvenirs d’adolescence, le concept utilise Google Maps et Google Street View, afin d’intégrer dans le clip des séquences de votre quartier de jeunesse !  Avant le démarrage du clip, on vous a demandé de taper l’addresse où vous viviez. Google était intéressé das le pour démontrer à la fois les capacités de Google Maps et Google Street View, mais encore plus, l’efficacité de son navigateur Google Chrome. Réalisé entièrement en HTML5, il peut être vu à peu près seulement en utilisant Google Chrome.

Un Grand Prix en Cyber Lions pour The Wilderness Dowtown, projet de Google et de Arcade Fire. À droite, Nick Law, président du jury. Deuxième à partir de la gauche: Ricardo Cabello, de la Google Data Arts Team. Quelqu'un reconnaît-il les deux autres?

Pour bien comprendre, vous pouvez aller voir ici  le résumé du concept, et de l’impact qu’il a généré. On retrouve  aussi, ici, un article intéressant sur la genèse du projet. Vous pouvez aussi aller lire une analyse de l’efficacité, telle que mesurée par Google Analytics, qui avait été faite par Christophe Camart sur le blogue de la firme montréalaise Adviso.

« The Wilderness Dowtown représente à merveille la sorte de fusion entre les contenus et les opérations publicitaires »

The Wilderness Downtown a donc remporté, ex-aequo, un des trois Grands Prix remis dans les Cyber Lions, à côté du volet « Response » de la fameuse campagne de Old Spice, et de Pay with a tweet, le système de « paiement social » mis sur pied de concert avec  l’agence R/GA pour assurer la promotion d’un livre.

The Wilderness Dowtown, qui a fait parler un peu partout dans le monde à sa sortie, représente à merveille la sorte de fusion entre les contenus et les opérations publicitaires, une façon de faire qui était omniprésente à Cannes cette année. Dans ce cas-ci,  il s’agit d’un projet artistique, mais on en retrouvait qui impliquaient des contenus de toutes sortes, ou qui s’intégraient dans la vie de tous les jours, et poussaient le public à participer, de toutes sortes de façons. Dans le cas de The Wilderness Downtown, on peut, à la fin du vidéo, rédiger une « carte postale » à celui ou celle qu’on était à l’époque, en racontant ce dont on aurait voulu être conscient quand on était plus jeune. C’est donc façon plus immersive que d’habitude de nous faire vivre une œuvre artistique, en même temps que, pour Google, de démontrer les possibilités de ses outils, et en particulier la rapidité de Google Chrome. La publication française CB News a posé la question : pub ou clip? À noter qu’on y interviewe entre autre Christina Brown, de l’agence montréalaise Cloudraker, qui siégeait sur le jury des Lions pour le Canada.

Pub ou clip? Chose certaine, c'est une façon innovatrice de nous plonger totalement dans une oeuvre artistique. (Cliquer pour accéder au site)

Et on se rend compte que c’est une question à laquelle on a  de plus en plus de mal à répondre … et que, de toute façon, on a de moins en moins envie de se poser. Je reviendrai plus en détail sur cette disparition des frontières. Parce qu’il y a une disparition des frontières entre la pub et les contenus, mais aussi, pour ceux qui travaillent en publicité, entre les différentes disciplines : La notion de « owned and earned media » par rapport à « paid » (c’est-à-dire que les annonceurs génèrent de l’impact média plus seulement en payant, mais en gagnant l’intérêt et l’adhésion de leur public) était partout. Des catégories comme Lions Direct, et Lions Promo and Activation regorgeaient, comme les Cyber Lions, de concepts incroyablement innovateurs et créatifs. D’ailleurs, bien des concepts remportaient dans diverses catégories, y compris en Film. En fait, bien des Lions en Film qui est encore, et traditionnellement, vue comme la catégorie la plus prestigieuse, comportaient une composante importante d’exploitation sur le web. Et enfin, on décernait pour la première fois, cette année, un Lion pour l’efficacité créative.

En attendant de revenir davantage là-dessus, une expérience vaut un million de mots : allez faire celle de visionner The Wilderness Downtown, en intégrant votre adresse. Avec une mise en garde, cependant : si, comme moi, vous venez d’un village trop petit pour encore avoir été répertorié par Google Street View  (St-Pacôme-de-Kamouraska en ce qui me concerne) ce ne sera pas possible. Je me suis rebattue sur l’adrsse de ma grand-mère à Ville La Salle, où il m’arrivait d’aller passe du temps… Le nostalgie de The wilderness downtown est donc davantage à tendance urbaine. Par contre, si vous venez d’une ville de taille moyenne, genre Trois-Rivières, cela fonctionne.