Portez-vous un col roulé sombre ? Ou pourquoi c’est « Steve Jobs Day » aujourd’hui.

Hier, j’avais une rencontre avec l’enseignante d’un de mes garçons, dans sa classe. Sur un des murs, à côté des affiches « éducatives » habituelles (lettres de l’alphabet, formes géométriques, etc.), trônaient des publicités imprimées tirées de la campagne de Apple, « Think Different », lancée en 1997, et où figuraient des innnovateurs et rebelles notoires, dont Einstein, Picasso, la danseuse et chorégraphe Martha Graham et la Mahatma Gandhi.

La célèbre campagne "Think Different", conçue en 1997 par TBWA/Chiat/Day...

Voici le texte qui, dans le pubs, accompagnait leurs photos. On entendait aussi une version abrégée de ce texte, lors de la déclinaison télévisée de la campagne :

« Here’s to the crazy ones. The misfits. The rebels. The troublemakers. The round pegs in the square holes.

The ones who see things differently. They’re not fond of rules. And they have no respect for the status quo. You can quote them, disagree with them, glorify or vilify them.

About the only thing you can’t do is ignore them. Because they change things. They invent. They imagine. They heal. They explore. They create. They inspire. They push the human race forward.

Maybe they have to be crazy.

How else can you stare at an empty canvas and see a work of art? Or sit in silence and hear a song that’s never been written? Or gaze at a red planet and see a laboratory on wheels?

We make tools for these kinds of people.

While some see them as the crazy ones, we see genius. Because the people who are crazy enough to think they can change the world, are the ones who do.”

... et que l'on peut retrouver encore un peu partout, y compris sur le mur d'une classe.

La campagne, conçue par l’agence TBWA/Chiat/Day, coïncidait avec le retour de Steve Jobs à la tête de Apple, et préfigurait de nombreux nouveaux succès de Apple, à commencer par le iMac, et le système d’exploitation Mac OS X. Et à l’époque, on ne pouvait même pas imaginer le iPod, le iPhone, le iPad, iTunes et les App Stores…  En fait, le texte de la publicité aurait aussi pu s’appliquer à Steve Jobs lui-même. Les changements que, à la tête d’Apple, il a contribué à amener, dans tous les domaines, dans toutes les sphères de notre vie, étaient devenus tellement évidents, qu’on avait fini par les prendre pour acquis. On avait presque oublié à quel point, au milieu des années 80, l’idée qu’un ordinateur pourrait – et même devrait! – être agréable et facile à utiliser, par tout le monde.

Sans Steve Jobs, il est loin d’être évident que les ordinateurs – et depuis, la technologie at large, y compris les appareils mobiles – auraient été adoptés comme ils le sont aujourd’hui, tant par les artistes que les écoliers, par exemple. Pour en revenir à la classe de mon garçon, on y trouvait évidemment un ordinateur MacIntosh… comme dans d’innombrables salles de classe partout dans le monde. Jobs a amené ces changements parce qu’il croyait profondément au besoin d’abolir les frontières entre les diverses discipline, à concilier la technologie avec tout ce qui touche à la culture, y compris le design :  « Picasso had a saying: « Good artists copy, great artists steal, déclarait-il en entrevue, en 1994. We have always been shameless about stealing great ideas…I think part of what made the Macintosh great was that the people working on it were musicians, poets, artists, zoologists and historians who also happened to be the best computer scientists in the world. »

Et, comme entrepreneur,  il incitait aussi les autres à croire en leur propre vision et leurs propres rêves : « Don’t be trapped by dogma – which is living with the results of other people’s thinking. Don’t let the noise of other’s opinions drown out your own inner voice. And most important, have the courage to follow your heart and intuition. They somehow already know what you truly want to become. Everything else is secondary”, déclarait-il aux étudiants de l’université Stanford en 2005.

Et donc aujourd’hui est le Steve Jobs Day (sur Twitter: #SteveJobsDay), une journée où l’on incite les gens à s’habiller en jeans et col roulé sombre, ce qui était la tenue favorite de Jobs. L’ initiative, lancée en septembre dernier en soutien autant qu’en hommage à Steve Jobs, par Studiocom, une petite agence de marketing en ligne, prend évidemment, depuis la mort de ce dernier, un tout autre éclairage et une autre proportion.

« N’exagère-t-on pas un peu ? », demandait un de mes contacts Facebook, devant l’avalanche d’hommages rendus à Steve Jobs au lendemain de sa mort. Ma réponse courte, à ce moment, était  « non ». Mais il faudra voir l’ampleur que tout cela prendra à la longue… En même temps, cette réaction mondiale et collective à la perte de Steve Jobs nous fait réaliser à quel point on trouve peu de gens capables de nous inspirer de la sorte. Comme le chantait Joni Mitchell : « You don’t know what you’ve got ‘til it’s gone. » Réjouissons-nous quand même du fait que quelqu’un comme lui ait pu avoir tellement d’influence, à tellement d’égards. Et espérons qu’il aura pu faire en sorte que d’autres, chez Apple, soient bel et bien capables de reprende le flambeau.

 

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