FollowLes #tweetdesannées80 dureront-ils et rejoindront-ils les #jeudiconfession parmi les classiques de Twitter ? Ou, comme le twittait mon ami Pascal Henrard, resteront-ils « tellement 1er février 2011? »
Bref récapitulatif pour ceux qui ont manqué cet épisode: la semaine dernière, bien des « Twitteux » ont assisté à une désopilante surenchère, autour d’un hashtag (#) ce symbole qui sert à repérer les « tweets » émis autour d’un sujet donné (ceux qui fréquentent encore peu Twitter et veulent en savoir plus sur la dynamique du hashtag peuvent cliquer ici et ici pour en savoir plus). Et donc, le soir du mardi 1er février, alors que j’étais devant mon ordinateur, je me suis mis à voir défiler, de la part de certaines personnes que je « suis » sur Twitter, d’étranges commentaires du genre: « Je m’en vais au parc avec mon ghettoblaster faire du break dance »; « ah shit, mon walkman est brisé, faut que je le fasse réparer »; « Je viens de finir mes cheveux, ils sont super beaux, ils sont gauffrés » (sic); le tout sous le hashtag #tweetdesannees80. « Mais qu’est-ce que ce truc? », me suis-je dit, avant de faire une recherche sur le hashtag en question.
Une fois là, j’ai vu défiler à une vitesse vertigineuse les résultats d’une surenchère dans laquelle embarquaient un large éventail de « twitteurs », y compris quelques vedettes comme l’animateur Guy A. Lepage (« un bac en comm. à l’UQAM, qu’est-ce que je vais faire avec ça? »; et « @snyderjulie y a une petite ricaneuse qui anime à TQS. Elle a beaucoup de guts. Elle a le nom d’une saucisse genre »), l’humoriste Jean-Thomas Jobin (« arrête de switcher les collants de place sur ton rubik cube sti de crosseur ») et l’ex-chanteur des BB, Patrick Bourgeois (« LesBB ce soir carnaval de quebec »). Bruno Boutot, mon ex-collègue, ex-rédacteur en chef d’Infopresse, y est allé de: « Qu’est-ce que tu dirais de lancer un nouveau quotidien à Montréal « Le Matin »? (Ceux qui ont suivi le moindrement les médias à Montréal comprendront…). Un régal pour tout bon membre de la Génération X, quoi…. Je m’en suis moi-même permis; dans le genre: « C génial MusiquePlus! Plus besoin d’attendre Solid Gold ou Good Rockin Tonight pour voir des vidéoclips ». Et donc, j’ai passé un bon moment, en plus d’avoir un prétexte en or pour retarder la rédaction du billet que j’étais en train d’écrire à ce moment-là…
La vague n’a pas échappé à l’oeil des médias: le phénomène a fait l’objet d’un reportage sur Branchez-vous!, d’un autre sur le site du journal Métro (qui a publié un échantillon savoureux de ces #tweetdesannées80) et a été abordé par la chroniqueuse médias Nathalie Collard sur cyberpresse.
Et, entre temps, on avait pu découvrir l’origine et l’explication du phénomène, grâce à Guy Boulanger, qui écrit sur le site français Locita.
On apprenait donc, que Josée Levasseur, qui Twitte sous le pseudonyme @PlatdeNouilles , avait envoyé en début de journée du 1er février, le « Tweet »: « Passe-moi mes sandales Accu-Massage, j’vais aller mettre mon sac magique dans le micro-ondes. #tweetdesannées80 » Ce à quoi une amie a renchéri: « As-tu pris ton Bovril? #tweetdesannées80 ». Et, comme on dit, the rest is history. Le papier de Guy Boulanger, qui, entre autres, a ceci d’intéressant qu’il est écrit sur un site français, et s’adresse visiblement à un public français, nous renseigne aussi sur l’origine québécoise du #jeudiconfession, dont la mode, apprend-on, s’est désormais répandue en France. Et il se demande si les #tweetdesannées80 pourraient avoir la même destinée.
Ce qui me frappe, pour ma part, c’est que voilà, à ma connaissance, un premier exemple, presque historique, d’un genre de phénomène auquel Twitter peut donner lieu: ce n’est pas un échange lié à un événement de l’actualité (comme des élections, les soulèvements en Égypte ou la mort de Mickael Jackson). Ce n’est pas une opération délibérément provoquée, comme certaines initiatives que l’on a vue. On peut penser, entre autres, au « Cadavre exquis » créé par l’agence montréalaise Cloudraker pour l’exposition Tim Burton organisée par le Tiff (Toronto international Festival of Festivals). (Pour en savoir plus, lisez ici le billet qu’avait publié mon collègue Arnaud Granata, la nouvelle parue sur Infopresse à l’époque, et l’ entrevue avec la responsable du Tiff. )
Ici, on a vu quelque chose d’impromptu, de spontané, de complètement imprévisible et incontrôlé, une sorte d’immense jeu de société à base de réminiscence collective. Et c’est très intéressant de noter que ce genre d’initiative vient du Québec. Je vais d’ailleurs me déguiser en sociologue de comptoir en plus de jouer à l’analyste médias, et me permettre d’avancer que tout ceci suit, à bien des égards, la dynamique particulière qui intervient dans les médias au Québec. De la même façon que notre société « tricotée serré » a permis l’émergence d’un star-système, et de toute une industrie culturelle, c’est sans doute le même genre de proximité qui favorise l’émergence de phénomènes semblables sur Twitter au Québec: la communauté des « Twitteux » québécois est, elle aussi, relativement restreinte, et composée de beaucoup de gens qui ont des chances de se connaître au moins un peu. Les références culturelles contenues dans #tweetdesannées80 avaient des chances d’être facilement et rapidement reconnues par beaucoup de monde.
Drôle de coïncidence: hier, lors de la journée Infopresse sur le marketing des produits culturels, Martin Ouellette, co-fondateur de l’agence Commun, lors de son excellente présentation, a commencé par souligner à quel point l’art était essentiel dans la pub dès ses débuts. Puis il a décortiqué ce qui se passe à cet égard avec la montée des médias sociaux, alors que le gens deviennent eux-mêmes créateurs de contenu. Les slides de la présentation se trouvent ici.
Évidemment, tous les annonceurs (en culture et autrement) cherchent encore comment harnacher ce pouvoir du public, et comment le faire travailler en leur faveur… Rien de tout cela ne se contrôle, ni même ne se provoque tout à fait. À preuve: on semble maintenant tenter de démarrer le hashtag #ExpressionDeMonGrandPère, mais le succès est loin d’être le même. J’ai quand même bien aimé « Il frotte son allumette sur la boîte des autres » (En parlant d’un homme qui séduit les femmes mariées), de Guy Bertrand lui-même, l' »Ayatollah de Radio-Canada (@ayatollah_src), et surtout « Crisse-moé ça dans l’poêle c’te hashtag-là » (par @LaBandeRaide). Et les #tweetdesannées80 ? Au moment où j’écris, le mouvement est sérieusement ralenti. On voit quand même des résurgences intéressantes, du genre: « Oups! J’ai encore oublié de ramener ma cassette au club vidéo! » On verra si cela en viendra à faire partie du paysage autant que #jeudiconfession…
Et d’ici là, faisons-nous plaisir avec un petit florilège de #tweetdesannées80 (parfois précédés des identités Twitter de leurs auteurs)
@KAOSmua: ça fait 1 an que Broue joue. on devrait aller le voir avant qu’ils arrêtent!!! #tweetdesannées80
@photographeMt: Flûte, je n’ai plus de films 36 poses 400 ISO Kodak! #tweetdesannées80
@infosoccer: #tweetdesannées80 Est-ce que le Manic joue ce soir au Stade Olympique?
@alexbergevin: Hey ! j’ai fais de l’intérêt dans mon compte d’épargne à la caisse #tweetdesannées80
@snyderjulie: Céline Dion déclare qu’elle veut faire une carrière internationale mais les rires et les sceptiques fusent…#tweetdesannées80
@GuerreSerge: si ça dépasse 2$ le paquet de cigarette,j’arrete de fumer #TweetDesAnnées80
@mcducas: Dossier à ne pas manquer dans Infopresse: comment rejoindre la Génération X #tweetdesannées80″
@CRE04: Il faut un organisme qui contribue à développer une vision régionale en environnement qui favorise la concertation
@fagstein: Je préfère beaucoup CF Cable TV à Vidéotron, même si le nouveau système Vidéoway semble très cool.
une maison de 100 000$ à Montréal, t’as un méchant beau château
maman, j’aimerais ça qu’on serait millionnaires et qu’on aie un cinéma dans notre maison!
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