À propos de MC Gilles, de RBO, de télé, de marques et de médias sociaux

La fin de la chronique de Hugo Dumas dans La Presse d’aujourd’hui m’a tiré l’œil, titillé l’esprit, et amenée à une réflexion en quelques étapes. Que je partage avec vous.

Étape 1 : D’après la chronique de Hugo Dumas, l’émission Boutique MC Gilles, diffusée  sur les ondes de V, ne sera pas renouvelée pour une 2e saison, en raison de, écrit-t-il «la frilosité de la jeune station avec les grandes marques de commerce ». V affirme que c’est une question de cotes d’écoute, mais MC Gilles (Dave Ouellet de son vrai nom) affirme que, lors de cette émission humoristique qui se voulait « une sorte d’Infoman du consommateur », on lui interdisait de prononcer des marques en ondes, et de présenter à l’antenne des produits québécois, et des extraits d’infopubs d’ici.

Boutique MC Gilles - V

La Boutique MC Gilles, qui ne reviendra pas pour une deuxième saison. Quels annonceurs d'ici saisiront des opportunités pour se montrer pleinement "3.0"?

On n’embarquera pas ici dans le jeu du « qui dit vrai sur quoi au juste »… Mais disons que la chaîne de télé ne semble pas, au départ, prôner l’audace à tous crins. Hugo Dumas avait commencé ce segment en évoquant comment Rock et Belles Oreilles (RBO), groupe-phare dans l’humour des années 80, avait fait sa notoriété entre autres en parodiant des publicités moches. Et ajoutons que c’était à Télévision Quatre-Saisons, l’ancêtre de V.

Étape 2 : Je suis immergée jusqu’au cou (que dis-je, jusqu’aux oreilles) dans la fin de rédaction d’un livre qui porte sur l’utilisation des médias sociaux par les entreprises, co-écrit avec Guillaume Brunet, de Cossette et Martin Lessard, consultant et co-rédacteur du blogue Radio-Canada/Triplex.  Livre  édité par Infopresse, basé en majeure partie sur les formations que donne Guillaume au Campus Infopresse, sur l’utilisation des médias sociaux et la gestion de communautés. Or, une des choses que l’on ne cesse de dire, tout comme une multitude d’experts, sur tous les continents, c’est que, avec la montée des médias sociaux, les marques n’appartiennent plus aux entreprises. Que cela leur convienne ou non. Plus rien n’empêche quelqu’un de concocter, à propos de votre marque un vidéo dévastateur, qui sera vu des milliers de fois sur YouTube : Bell et Jean-François Mercier, cela vous dit quelque chose? N’importe qui peut parodier votre logo, vos pubs, et faire circuler tout cela à grande échelle.  Les marques qui réussissent de façon éclatante sont celles qui changent leur mentalité,  et se réorganisent en conséquence.  Qui s’affichent comme ouvertes, qui trouvent le moyen de « rebondir » sur ce que fait le public, d’interagir avec lui. Mais bon, je ne vais pas réécrire le livre ici. Surtout si je veux nous donner une chance de respecter notre deadline.

Étape 3. Cela me remet en mémoire une entrevue la semaine dernière avec des ex-membres de RBO (qui viennent de lancer en grande pompe diverses opérations pour souligner leur 30ième anniversaire), par Marc Cassivi dans La Presse. L’ex-RBO André Ducharme, souligne qu’il est possible pour les humoristes de se distinguer à la télé, à condition qu’ils ne s’autocensurent pas et que ceux qui les encadrent à la création «tiennent leur bout» face aux diffuseur, avant d’ajouter que les réseaux font plus facilement appel aux avocats des contentieux qu’il y a 15 ou 30 ans pour freiner les ardeurs des humoristes et éviter des poursuites, et de délarer : «À l’époque, les gens qui dirigeaient les radios et les télés étaient des gens de contenu. Aujourd’hui, ce sont plus souvent des gens d’affaires.»  Et Yves Pelletier, autre ex-RBO, ajoute : «Si j’avais 18 ans aujourd’hui, je ferais des films sur le web. La télévision conventionnelle est contingentée. Il y a une ségrégation économique. C’est sur le web qu’on peut se démarquer et susciter de l’intérêt.»

Étape 4. Je me rappelle que, mardi dernier (6 décembre), dans un texte publié sur InfopresseLuc-André Cormier, vice-président, marketing et stratégie numérique, de V, déclarait entre autres : « Nous pourrions être inquiétés par les multiplateformes, mais nous sommes plus portés à encourager leur utilisation et leur création, car elles ne sont qu’une occasion de plus de connecter avec le public. » et aussi « Tous les médias sociaux font en sorte que la télévision redevient un rassemblement social, alors qu’elle était devenue une expérience pratiquement solitaire. Je ne pense pas que d’autres médias que la télé généraliste puisse générer ce rassemblement et cette création de communautés. »

Étape 5. Je me dis : non, mais quelle belle occasion de boucler la boucle! Les propriétaires de ce qui était TQS ont réussi, contre toute attente, à faire de cette télé généraliste moribonde un joueur qui recommence à compter dans le paysage. Et en se donnant, justement, l’image d’une chaîne audacieuse, qui n’hésite pas à provoquer, et même à choquer, pour intéresser un auditoire plus jeune et plus dynamique. Oui, la plupart des annonceurs sont frileux, par définition. Mais ne serait-ce pas le travail des représentants de V, de leur démontrer les avantages de l’audace ? Et ne serait-ce pas, aussi, le travail de certaines agences ? Quelle belle occasion pour tout le monde d’arriver en 2012 ! De positionner V comme moderne, audacieux et «3.0 » ! Et de donner à certains annonceurs la chance de se coller à se positionnement…

Étape 6. Eh bien là… J’aimerais bien savoir ce qu’en pensent effectivement des diffuseurs. Et des annonceurs. Et des agences aussi, pourquoi pas.

Laisser un commentaire