Les blogues ont-t-il un sexe ?

Margaret Wente, du Globe and Mail, s'est récemment attiré les foudres des blogueuses

Margaret Wente, du Globe and Mail, s'est récemment attiré les foudres des blogueuses

Voilà quelques jours que je recherche désespérément le temps de bloguer sur ce sujet, qui a mis en émoi la blogosphère au Canada anglais, et qui est à coup sûr susceptible d’avoir de la résonnance ailleurs. Alors voilà:  je cesse de le chercher, je le prends. C’est Margaret Wente, chroniqueuse au Globe and Mail, qui a allumé la mèche vendredi dernier. (Oui, je sais, ceux et celles m’ont déjà lue un petit peu vont me recommander de créer un fanclub de Margaret Wente. Et encore, attendez juste un peu, je n’en ai pas fini avec elle. Je n’en dis pas plus…) Dans une chronique intitulée Why are bloggers male ? , elle émettait l’opinion que les blogues sont avant tout « une affaire de gars ». Elle écrivait entre autres:

« Men clearly have an urge to blog that women lack. Like extreme snowmobiling, the blogosphere is dominated by men. Not many women are interested enough in spitting out an opinion on current events every 20 minutes. »

Comme souvent,  j’ai savouré ses propos croustillants, assaisonnés juste ce qu’il faut du soupçon de mauvaise foi qui sied aux vraiment bons chroniqueurs. Et comme souvent, j’étais bien d’accord avec ce qu’elle soulevait. Je me suis aussi dit qu’elle allait sans doute s’attirer une avalanche de commentaires de « female bloggers« . Je ne m’étais pas trompée: certaines blogueuses bien connues ont, semble-t-il, commenté sur leur site; et, sur celui du Globe and Mail, les commentaires ont « déboulé ». En conséquence, vendredi dernier, le Globe a tenu une conversation en ligne, impliquant, outre Mme Wente, Annie Urban auteur du blogue www.phdinparenting.com

Je vous laisse aller découvrir la teneur du clavardage en question, qui m’a essentiellement permis d’apprendre qu’il y a des femmes qui peuvent, sur le web, se montrer aussi expéditives, inconsidérées et grossières que bien des « champions » mâles en la matière. Je continue quand même de cultiver l’opinion (l’illusion?) qu’il y en a moins… Ceux\celles qui se montraient les plus constructif(ve)s dans leurs commentaires ont reproché à Mme Wente son ignorance quant à l’existence et la nature des « blogueuses-femmes », et lui ont suggéré d’étoffer ses connaissances.

N’empêche. Je persiste à trouver qu’elle met le doigt sur quelque chose. Et oui, au Québec aussi, il y a des femmes qui bloguent. Vite comme ça, et si on s’en tient à celles liées milieu des comm, je pense à Geneviève Lefebvre, auteur des Chroniques blondes, à Nadia Seraiocco, qui tient le blogue Chez Nadia, et à Stéphanie Kennan, la patronne de Bang! Marketing. Il y en a sûrement d’autres, que je serai ravie de découvrir… Mais, il reste que dans l’ensemble, partout et dans tous les champs d’intérêt,  les « Lucky Luke » de la blogosphère (qui publient plus vite que leur ombre), ce sont  des gars. Et oui, il me vient des noms à l’esprit, comme il vous en vient sûrement, d’ailleurs.  Je suis donc bien d’accord avec Mme Wente quand elle écrit : « I believe the urge to blog is closely related to the sex-linked compulsion known as male answer syndrome. MAS is the reason why guys shoot up their hands first in math class. MAS also explains why men are so quick to have opinions on subjects they know little or nothing about. »

Et, même si je me méfie au départ des discours dans le registre « Nous, la femme » (à commencer par les protestations contre les pubs « sexistes), il faut quand même dire qu’il y a des choses que les femmes font différemment des hommes. Parfois mieux, et, sans doute, parfois moins bien. Je sais que, pour ma part, je n’ai rien d’une Lucky Luke du blogue, et je n’essaie même pas de l’être. Et il me semble que les blogueuses que je lis ont un style différent, et des motivations différentes, que les blogueurs.

Ce qui rend la blogosphère d’autant plus intéressante, d’ailleurs.

  1. Simple question qui paraîtra peut-être naïve, pourquoi devoir classer les phénomènes sociaux selon un genre ?

  2. uberVU - social comments - trackback on 25 mars 2010 at 10 h 24 min
  3. Dans la vidéo ‘ The state of the Internet’ de Jesse Thomas, diffusé sur le blog de Tractr, un chiffre attire mon attention : 84 % des sites de réseaux sociaux accueillent plus de femmes que d’hommes. Alors si on s’interroge sur le sexe des blogueuses et blogueurs et qu’on constate que la présence féminine y est moins forte que la masculine alors cette information mérite d’être retenue. En effet les réseaux sociaux sont-ils sûrement plus adaptés à l’usage que font les femmes d’Internet. Elles ont tendance à l’utiliser plus souvent que les hommes pour garder et entretenir le contact avec leurs proches et amis. On comprend alors pourquoi leur présence est plus marquée sur les réseaux sociaux.

    La question qu’on pourrait se poser maintenant est:

    Quel usage font les femmes des blogues ?

    Internet n’est-il pas justement le lieu où la différence de sexe, de nationalité et de race est moins visible qu’ailleurs …

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