Clotaire Rapaille a déjà gagné ses 300 000$

Clotaire Rapaille devant la Socom, à Québec aujourd'hui

Clotaire Rapaille hier, devant la Socom à Québec. Et le plaisir n'est pas fini...

Que ce soit clair: je ne travaille pour personne impliqué dans ce dossier. Et décline ici toute responsabilité quant au tour que pourraient prendre d’éventuelles négociations futures. Mais, entre vous et moi, je trouve que, avant même d’avoir accouché de son fameux  »code culturel » pour la ville de QuébecClotaire Rapaille a déjà amplement mérité ses   300 000$.  Il faudrait juste que ceux pour qui il est censé travailler s’en rendent compte, et s’arrangent pour en tirer parti. 

Je trouvais déjà fascinant de voir ce qu’il avait déjà réussi à faire surgir, rien qu’en obtenant son fameux contrat, puis en arrivant à Québec. Suite à sa première sortie publique, ce 10 mars au matin, devant la Société des communicateurs de Québec (Socom)  le régal continue. Et il n’a même encore rien livré  »officiellement »…

Non, je ne plaisante pas.  Voici, de façon pas forcément systématique ni ordonnée, quelques points sur lesquels Clotaire Rapaille agit déjà comme un formidable révélateur.

Ah, Montréal…  On est dans une passe difficile à Montréal ces temps-ci. On peut au moins dire qu’on se cherche. J’y reviendrai d’ailleurs avant longtemps. On déprime sur nos nids-de-poule, nos vidanges mal ramassées, nos projets qui stagnent ou même qui avortent (Casino/Cirque du Bassin Peel, CHUM, réfection de l’échangeur Turcot, de l’autoroute Notre-Dame, alouette), et on ne voit plus nos richesses et nos possibilités.  On en arrive même à jalouser Québec et envier son maire, c’est dire… Mais surtout n’en dites rien aux gens de Québec :  ils sont encore obsédés par Montréal. Rapaille l’a vite vu. Allez juste lire ce compte rendu publié sur cyberpresse. Rien n’y fait. Un communicateur de Québec à qui je parlais au téléphone, s’est étonné de n’avoir vu personne d’Infopresse à cet événement, avant d’ajouter :  »Ah, on sait bien, Québec c’est trop loin pour vous, c’est pas assez gros… »  Non, mais revenez-en ! Vous êtes en ascension depuis le 400ième, et vous avez lancé une opération qui braque sur vous les projecteurs de tout le Québec, voire du Canada, même si ce n’est pas toujours de la façon dont vous le souhaiteriez. Saisissez le momentum ! Vive vous !

Colonisés ? C’est une chose que j’avais déjà remarquée, au cours des années, lors de passages précédents (à Montréal…) de Clotaire Rapaille, lorsqu’il apparaissait dans les médias: souvent, les Français ne peuvent pas le blairer. Ça se vérifie à nouveau. Il y a quelques Français parmi mes collègues à Infopresse (est-ce que j’apprends quelque chose à quelqu’un?). Ils trouvent chaque fois Clotaire Rapaille insupportable, et ne voient en lui qu’un has-been pompeux. Est-ce parce que nous sommes des colonisés, salivant comme le chien de Pavlov devant le moindre étranger qui vient nous dire toutes sortes de choses sur nous-mêmes avec un bel accent ? Honnêtement, je pense qu’il y a autre chose. Même si je ne sais pas quoi au juste.

Sado-maso, radio-poubelle et indépendance. Rapaille voit un certain masochisme dans la fascination bien particulière, à Québec, pour la radio-poubelle.  »Vous êtes absolument sûrs d’être accueillants, d’être chaleureux, d’être ouverts à tout le monde (…)  et, en même temps, vous êtes passionnés par les radios poubelles, par tous ceux qui détruisent, démolissent, a-t-il déclaré selon le même article de cyberpresse. (…) Il y a un plaisir à entendre ‘regardez, on est petits, on n’arrive pas vraiment, on est contre l’argent, on est contre la réussite, on est des porteurs d’eau’.» En réponse à une question dans la salle, il a aussi vu une dynamique sado-maso dans l’éternel débat sur l’indépendance du Québec. Selon lui, les Québécois aiment’ ‘éprouver le plaisir de la séparation qui ne se fait pas ».  »Vous êtes un couple sadomaso et ça va durer comme ça pour toujours. Si vous vous séparez, c’est foutu, on ne peut plus jouer. » Qui osera dire qu’il ne met pas le doigt sur quelque chose ? Et en même temps, pensez-vous qu’il pourrait dire des choses semblables s’il ne venait pas de l’extérieur ?

Chers collègues journalistes… Ce soir (11 mars), Rapaille a convié des journalistes à venir participer à une de ses fameuses  »séances de groupes » qui lui servent à travailler sur les perceptions enfouies des gens, afin d’élaborer ses stratégies. Luci Tremblay, la présidente de la Socom, à qui je parlais dans le cadre d’une brève entrevue pour infopresse.com, me confiait:  »Certains journalistes n’étaient pas sûrs d’y aller. Ils étaient mal à l’aise avec l’idée, ils y voyaient un problème d’éthique… »  Quoi ??  J’irais en courant, si Québec n’était pas si loin (!). (Et aussi si je n’étais pas en plein bouclage de magazine). Sans blague, s’il y a des journalistes qui me lisent, s’il vous plaît répondez-moi: où est le problème éthique au juste ? Dans le fait de faire partie du processus ? J’ai de petites nouvelles pour vous: avec tout ce qui s’est dit et écrit sur le sujet, journalistes et médias en font déjà largement partie.

Des questions que je brûlerais de lui poser, et dont  je me désole un peu que personne ne l’ait fait: d’abord, que pense-t-il au juste de tout ce branle-bas médiatique, de cet émoi, de ces controverses autour de son mandat? Avait-il vécu cela ailleurs? Cela ne révèle-t-il pas, en soi, quelque chose, à propos de Québec, sa dynamique, sa mentalité? Et, une autre chose que personne ne semble savoir (ni ne s’est donné la peine de demander): ce fameux  »code culturel » sera livré sous quelle forme au juste ? Un cahier de charges? Une feuille de route en 10, 15 ou 20 points? Un grimoire? Une clé USB ?

Ce sera tout pour aujourd’hui. Heureusement, on peut se dire que le plaisir n’est pas fini. Merci M. Rapaille.

  1. Jean-Jacques Stréliski

    Excellent papier Marie-Claude. Si tes amis français ne se reconnaissent pas dans Clotaire Rapaille, c’est sans doute qu’il est davantage Américain que Français. Les conclusions qu’il amène sur Québec, même si certaines ne nous surprennent pas, sont cependant très exactes. Et franches. Sa méthode de travail est également très intéressante. Il m’intrigue plus que je ne l’admire, à proprement parler, un fond de méfiance sans doute…mais c’est probablement mon côté « français » qui me retient.

  2. Bonjour,

    Ceci n’est qu’une opinion et n’allez pas croire que je m’exprime en pensant détenir la vérité infuse. Mais je dois avouer que je ne suis pas d’accord avec votre billet.

    Clotaire rapaille (sans jeux de mot, :P) de vieux clichés culturel inconnus à personne ici…

    Personnellement, je suis très déçu du premier constat qu’il fait… Des milliers de dollars pour ce faire dire ce que n’importe qui de Longueuil ou de Sorel aurait pu déblatérer devant le public à la seule différence, j’en convient, que M. Rapaille est un excellent orateur. En plus, son style obscure à la « Michael Jackson agé nouveau-genre » lui donne ce petit cachet mystérieux et exotique.

    Je crois que présentement, cela sert d’illumination pour plusieurs sous prétexte que c’est quelqu’un de l’extérieur qui s’en rend compte… Ces théories de premier dégré sont facilement vérifiable si vous le voulez. À votre prochaine visite à Québec, pour vous intégrer à n’importe qu’elle soirée, vous n’avez qu’à faire 3 actions :

    1- Faire une blague qui « blaste » Montréal;
    2- Dire que Québec « c’t’une maudite belle ville » et;
    3- Porter n’importe quelle produit dérivé des Nordiques bien en vue.

    Il y a une culture du second violon qui s’entretient à Québec et c’est gênant quand j’y mets les pieds. Cette ville est enchaînée dans dans un état du « vouloir devenir meilleure que Montréal » sans toucher ses icônes personnelles. Elle devrait simplement comprendre que sa beauté tient justement du fait qu’elle N’EST PAS Montréal!

    Je suis prêt à parier que cela sera ça la conclusion de ce gourou de l’image de marque : Faites rayonner Québec parce qu’elle est… Québec. Gneh! :P

  3. Très cher monsieur Rapaille,

    Comme mon intention est de vous suggérer d’aller plus loin que le sado-maso et les névrosés, je me permets de vous soumettre la lecture du volume:«Les demis-civilisés de Jean-Charles Harvey et, cet autre volume documentaire: «Irrésistibles Québécois» de Valerie Lion.
    Je ne doute pas que vos recherches aboutiront, mais que vore conclusion ne soit pas: ° À la vieille Capitale pour Paris et à \La Ville Lumière pour
    Québec…

    Gilles Le Sage, retraité

  4. Un jour nous avons organisé un événement blitz reportage-expo sur Québec. Le maire de l’époque nous a dit tout bonnement, « vous savez, rien n’existe hors de Québec » ! Un tel constat ne traduit-il pas déjà un sentiment de peur de l’autre, d’infériorité (là où on doit constamment se taper les cuisses en disant OH combien on est meilleur que les autres…). Je trouve personnellement très drôle que cette même ville se ramasse avec la conclusion de M. Rapaille qui, force est d’admettre, révèle quelque chose de très profond et peut-être OH combien vrai…Le plus rigolo est qu’on a payé pour se le faire dire publiquement…STOP citoyens de Québec, vous êtes biens, vous vivez bien, pas plus mal qu’à Montréal, pas mieux non plus, juste authentiquement « Québec », un point c’est tout.

  5. Ne blâmez pas les citoyens de Québec d’avoir demandé à Rapaille de nous dire qu’on avait une belle ville ou qu’on était des sado-masochisme! Je suis une citoyenne de Québec et une payeuse de taxe. Jamais je n’aurais demandé et payé un clown comme lui pour savoir quoi penser de ma ville. Pensez-vous que je suis d’accord de lancer notre argent par les fenêtres. Ma ville est belle, Montréal à ses attraits et on ne peut les comparer. On est différent, point la ligne. Ne mettez pas tous les citoyens de Québec dans le même sac! On nous a pas demandé notre avis pour faire venir un personnage aussi imbu de lui même. J’ai autre chose à faire que de nous comparer à Montréal. Je ne suis pas la seule à penser comme ça.

  6. Très bizarre le bonhomme.

    La première fois qu’il a été présenté en public à Québec, on lui a demandé pourquoi il portait des verres fumés. Il a répondu qu’il venait d’être opéré aux yeux.

    Deux mois plus tard, toujours des verres fumés.

    Faudrait lui reposer la question. J’aimerais bien entendre sa réponse. Cela nous en dirait sûrement beaucoup sur la véritable personnalité du bonhomme.

  7. Votre billet est très bien vu, plus encore à la lumière des derniers développements de l’actualité (limogeage en plein vol de C. Rapaille). Comme si Québec avait voulu apporter jusqu’au bout de l’eau au moulin de la thèse sado-maso. Interrompre la relation lorsqu’elle devient trop bonne. Ensuite, dénier, se flageller en public en disant qu’on n’aime pas ça, et faire souffrir (les journalistes). Spectacle rare et ô combien plus réjouissant et utile que les sempiternels rapports de cabinets de consultants, tables rondes et refaisages de monde saisonniers des chambres de commerces et autres « acteurs incontournables du milieu ».
    Vive la psychanalyse sociale! (ou pas).

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