Changement oui, techno-jovialisme, non

Les conséquences des bouleversements dans notre économie: la fin des agences telles que nous les connaissons...

Les conséquences des bouleversements dans notre économie: la fin des agences telles que nous les connaissons...

Ce genre de réflexions me trotte régulièrement dans la tête. Et une chronique de Margaret Wente, dans le Globe and Mail cette fin de semaine, me les a remises à l’esprit.  Margaret Wente, que j’aime surnommer « ma chipie préférée », a comme première qualité  le gros bon sens (aussi désigné, en langage plus correct, par le terme « sens  commun »:  c’est presque un oxymoron, quant à moi, tellement c’est rare…). Elle ne recule jamais devant une occasion de pourfendre joyeusement les idées reçues, en particulier quand elles sont trop teintées de rectitude politique. Je ne suis pas toujours 100% d’accord avec elle, mais, même quand je trouve qu’elle erre, j’aime bien son aplomb et de sa causticité.

... mais aussi, pour beaucoup, la disparition de tout un mode de vie.

... mais aussi, pour beaucoup, la disparition de tout un mode de vie.

Déjà, il y a quelques jours, j’avais bien aimé son coup de griffe  à l’endroit de cette mode de l’optimisme et du positivisme, qui commencent à fournir un peu trop souvent des excuses pour manquer de sens critique. Je vous laisse aller vous-mêmes vous régaler de son style, mais, en substance, elle s’en prend à l’apologie à tous crins de la « pensée positive », qui est à la mode ces temps-ci : quand on y pense, un peu plus de prudent pessimisme, ces dernières années, nous aurait peut-être sauvé pas mal de trouble du côté de l’économie,   finalement…

Puis, samedi dernier, avec comme point de départ les difficultés et les pertes d’emploi chez les fabricants de l’automobile, elle soulignait tout ce qui disparaît avec ce genre d’emplois : c’ est la fin d’une ère, la fin d’une certaine classe ouvrière, d’un mode de vie, d’une façon de voir le monde… Oui, le changement est nécessaire; et de toute façon, il est là, qu’on le veuille ou non. Aussi bien chercher la meilleure façon d’y faire face. Et, dans bien des cas, il faut être prêt à des remises en question en profondeur. Mais on ne peut pas se limiter à se dire  « bon débarras », puis « tant pis » à l’endroit de ceux pour qui c’est plus difficile. 

Tout cela m’a donc portée à aller relire ce que j’avais moi-même écrit dans mon plus récent éditorial, publié dans le Infopresse de mai. Parce que, déjà, en l’écrivant, je me posais la question :  est-ce que je tombe dans le jovialisme ?  J’y parlais des nombreux changements que nous vivons… et de leurs bons côtés. Je faisais référence entre autres (et cela me fait plaisir de la « ploguer » une fois de plus), l’ excellente intervention de Martin Ouellette, de Provokat, qui lors d’une conférence Infopresse, annonçait la venue de la « publicité sans agence ». Ce qui, on le comprend, est susceptible de créer un malaise chez ceux qui travaillent justement en agence… Mais en fait, ce dont il est plutôt question, ce n’est pas la disparition des agences, mais plutôt de changements fondamentaux dans le rôle qu’elles sont appelées à jouer. Changement qui, à bien des égards, ont déjà commencé…

Donc, oui, j’ai comme premier réflexe de faire ressortir les bons côtés des changements auxquels la plupart d’entre nous sont naturellement portés à résister. Et je vais continuer de m’interroger, de nous interroger, sur les meilleurs moyens d’y faire face. Mais, ceci dit, je ne suis pas non plus dans le camp des apôtres de la nouveauté à tout prix, et encore moins de la pensée positive. Il y a sans doute beaucoup de choses que l’on risque de perdre. Et, qu’il soit question d’agences, de médias, de communication en général, et même, quand on regarde tout cela dans un cadre plus large, d’enjeux comme l’éducation, il ne faut pas évacuer la question des impacts négatifs. Je me promets bien d’y revenir.

  1. Merci pour la plogue.

    Oui, tu as raison, il y a des impacts négatifs. Plein. Comme par exemple, une baisse des revenus des médias trad, baisse des revenus des « agences », perte du contrôle des marques qui risquent la dérive, appauvrissement de l’offre de divertissement grand public, etc, etc, etc.

    Mais l’autre côté du hoquet, je suis, je dois avouer, très excité de l’aboutissement. Et je pêche sans doute par jovialisme.

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